Artisanat d'art « Aujourd'hui, neuf entreprises sur dix sont convaincues de l'intérêt du numérique »

Entretien croisé avec Xavier Long, directeur délégué de l’Institut national des métiers d’art et Thomas Vassel, directeur du marché des professionnels Banque Populaire

(c) Adobe Stock
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Les artisans d'art et du patrimoine détiennent un savoir-faire dont la valeur dépasse la seule dimension économique. Mais ils sont aussi des entrepreneurs à part entière dont la physionomie est en train de changer avec l'arrivée de nouveaux profils.

Que représente le secteur des entreprises des métiers d'art et du patrimoine ?

Xavier Long : Les métiers d'art constituent un ensemble très vaste. On manque de chiffres précis, mais on estime qu'ils représentent environ 60 000 entreprises dont les deux tiers sont des TPE. Il s'agit aussi d'un secteur extrêmement hétérogène : 281 métiers d'art sont reconnus comme tels, de la restauration du patrimoine aux métiers du cuir ou de la décoration...

Thomas Vassel : Aujourd'hui, au sein de nos un million de clients entrepreneurs, près d’un artisan métiers d’art sur trois est client Banque Populaire. Il s'agit d'une clientèle historique que nous soutenons et valorisons chaque année, notamment lors de nos grands prix de l’Artisanat « Stars & Métiers » en régions ou en étant mécène du Prix Avenir Métiers d'art de l'Institut national des métiers d'art. Nous nous employons à les accompagner dans leurs investissements, à chaque étape de leur développement, et ce dès la création.

Ces métiers sont-ils compatibles avec la modernité et, en particulier, les artisans ont-ils franchi le cap du numérique ?

Xavier Long : Depuis que j'ai commencé à travailler dans les métiers d'art, il y a sept ans, j'ai constaté une évolution phénoménale. Aujourd'hui, neuf entreprises sur dix sont convaincues de l'intérêt du numérique pour gagner du temps, monter en précision sur les tâches les moins créatives. Cela leur permet de se concentrer sur les étapes de production qui nécessitent une intervention de la main, le geste de l'artisan.

Thomas Vassel : Nos clients artisans ont pris le virage du numérique. Désormais, les artisans d'art ne le perçoivent plus comme une contrainte, mais un levier de croissance. Les artisans représentent environ 30% des 1,5 milliard d'euros de financement en innovation que nous distribuons chaque année. Une étape a clairement été franchie. Bien sûr, se pose la question de la capacité d’investissement et du retour sur investissement : la mutualisation des équipements peut parfois être la solution, c’est, une tendance qui se développe. De même, les plus jeunes n’hésitent pas à orienter rapidement leur activité vers l’international.

Qui sont les artisans d'art qui préparent l'avenir ?

Xavier Long : Depuis plusieurs années, nous observons un regain d'intérêt pour ces métiers, porteurs de sens. Les jeunes sont concernés, mais aussi des quadra en reconversion ou en réorientation, autant de profils aux parcours plus diversifiés que ceux des artisans actuels. Par exemple, les personnes en reconversion apportent des compétences en marketing ou en gestion, très utiles.

Thomas Vassel : Les artisans d’art jouent un rôle essentiel dans le maintien du savoir-faire français. Il est impératif pour Banque Populaire d’accompagner la nouvelle génération. C’est pourquoi nos experts interviennent dans de nombreux CFA [centre de formation d’apprentis], en appui avec des professionnels des secteurs, afin de participer à la promotion de ces métiers pas toujours bien connus, d’évoquer les opportunités d’emploi qu’ils représentent et de les sensibiliser à la création ou la reprise d’entreprise.