Challenge Innovatech : l’ingénierie est aussi affaire de femmes

Le 26 avril, l'association Elles bougent organisait un hackathon à Saint-Etienne-du-Rouvray. Un concours 100 % féminin destiné à promouvoir les métiers des secteurs industriels, technologiques et scientifiques auprès des jeunes filles.

Coup de cœur du jury : l'équipe MJRZE, composée de Jessika Tekem, étudiante Esigelec, Erine Vincent et Zoé David-Massieu du lycée de la Côte d'Albâtre à St-Valery-en-Caux, sous le marrainage de Roxane Leforestier-Macquet (Technip FMC) et Myriam Gaili (EDF). (© Aletheia Press / B.Delabre)
Coup de cœur du jury : l'équipe MJRZE, composée de Jessika Tekem, étudiante Esigelec, Erine Vincent et Zoé David-Massieu du lycée de la Côte d'Albâtre à St-Valery-en-Caux, sous le marrainage de Roxane Leforestier-Macquet (Technip FMC) et Myriam Gaili (EDF). (© Aletheia Press / B.Delabre)

L’ingénierie n'est pas réservée aux hommes ! C'est ce que souhaite montrer l'association Elles bougent, qui vise à susciter des vocations auprès des jeunes filles dans les métiers des secteurs industriels, technologiques et scientifiques. Parrainée par pas moins de 6 ministères, la section normande de l'association organisait la 7ème édition du Challenge Innovatech le 26 avril à l'Esigelec de Rouen à Saint-Etienne-du-Rouvray. 

Chaque année, ce concours 100 % féminin rassemble des lycéennes, étudiantes et les marraines de l’association dans 13 régions de France, pour un grand hackathon national. Ville durable, transports de demain, médecine du futur, cybersécurité, école de demain… autant de thématiques explorées par équipes dans un challenge intergénérationnel.

De vraies idées innovantes

Cinq équipes ont ainsi planché durant une matinée avant de pitcher leur projet innovant devant un jury. Les idées n'ont pas manqué, pointant les préoccupations des prochaines générations. C'est l'équipe "Eco 2 friends" qui a obtenu le premier prix du jury, avec son idée d'application de mesure et de gestion de l'empreinte carbone de l'utilisateur. L'équipe, conduite par les marraines ingénieures, Fatima-Zohra Benabdesselam et Ophélie Schmitter de chez Safran Nacelles, est composée de Simone Onguéné, étudiante en 4e année à l'Esigelec et de Lena-Mary Lecoq, Satine Lucas et Enora Vigier, lycéenne à Louis Modeste Leroy à Evreux.

En matière de santé, ont été évoquées une ceinture de récupération de la chaleur corporelle pour répartition dans des zones douloureuse ou un carnet de santé virtuel... Et côté éducation, une équipe a imaginé une application de deep learning, permettant d'adapter les supports au mode de mémorisation privilégié des élèves... Et le jury a eu un « coup de cœur » pour le projet e-novativefuture, une application pour faire découvrir les métiers, dédiée aux élèves de la maternelle jusqu'au lycée. « Aujourd'hui un élève sortant du lycée connaît tout au plus 20 métiers... Notre idée doit lui permettre d'en connaître 10 fois plus », a défendu l'équipe lors de son pitch.

« Les métiers genrés le restent souvent »

Or justement, au-delà des idées innovantes susceptibles d'émerger d'un hackathon, ce sont bien les métiers et vocations qui sont mises en avant lors de cette démarche. « La féminisation des métiers, c'est encore aujourd'hui un vrai sujet, témoigne Myriam Gaili, chargée de mission chez EDF et marraine Elles bougent. Et ça n'évolue pas vraiment. Les métiers genrés le restent bien souvent... » Dans ces conditions montrer aux jeunes filles, que toutes les portes leur sont ouvertes est essentiel. Associer des lycéennes à des étudiantes et à des ingénieures lors d'une journée aussi ludique que formatrice vise à atteindre cet objectif.

Malheureusement la mobilisation des lycées n'est pas toujours chose aisée. Cette année, ils ne sont que deux à avoir répondu à l’appel. Rentrée de vacances, approche du bac... « Il faut reconnaître que c'est un vrai investissement pour un lycée, avoue Myriam Gaili. Il faut affréter un bus, mobiliser des enseignants... » Pourtant le Challenge Innovatech présente aussi de vraies vertus pédagogiques. « Pour certaines c'était la première fois qu'elles s'exprimaient en public, alors que dans quelques mois elles doivent passer le grand oral du Bac ! », témoigne Myriam Gaili. Expression orale donc, mais aussi construction de projets, travail d'équipe… autant d'expériences qui seront utiles aux jeunes lycéennes dans leur futur parcours et qu’elles pourront valoriser sur leur premier CV.

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre