Conjoncture

Délais de paiement : une situation tendue en perspective

L’amélioration des délais de paiement des entreprises semble freinée par la hausse des taux d’intérêt, l’inflation et le ralentissement de l’activité. Les trésoreries se retrouvent sous tension, plus particulièrement celles des petites structures. La proportion de bons payeurs atteint un niveau record, mais les gros retards augmentent en parallèle.

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Globalement, les retards de paiement reculent depuis l’automne 2020 : de 14,4 jours ils passent à 12 jours à la fin de ce premier semestre 2023. C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par le cabinet Altares, parue le 26 septembre. À 49,3%, le taux global de «bons» payeurs atteint son plus haut historique en France. Ceci veut également dire qu’une entreprise française sur deux règle ses factures en retard. Ce constat concerne la France mais également l’ensemble de l’Union européenne (49,9%).

Une situation préoccupante pour les petites TPE et PME

Pour les entreprises françaises de 10 à 49 salariés, les retards de paiement demeurent sous les 11,5 jours de délai ce premier semestre. Pour les PME comptant entre de 50 et 200 collaborateurs, ils s’allongent de plus d’une journée (12,4 jours au second trimestre 2023 contre 11,2 un an auparavant). Par contre, chez les TPE, « les entreprises de plus de 3 salariés restent aux environ de 11,5 jours, tandis que les plus petites repassent à 12,2 jours au deuxième trimestre 2023 », et «pourraient approcher 13 jours de retard ce trimestre», indique le baromètre.

L’étude fait aussi ressortir une « recrudescence » des «grands» retards de paiement des factures, supérieurs à 30 jours : leur proportion passe de 5,7% à 7,6%, en un an. Le contexte économique incertain actuel pourrait contribuer à l’augmentation des délais dans les mois à venir.

Au niveau géographique, certaines régions maintiennent des retards plus faibles, inférieurs à 10 jours, à l’instar de la Bretagne, des Pays de la Loire et de la Nouvelle-Aquitaine. Ils sont plus importants en Ile-de-France où ils dépassent les 17 jours, à un niveau nettement supérieur à la moyenne nationale.

La lutte se poursuit dans le B2C

Dans le détail, les activités B2C continuent de lutter pour se rétablir des effets de la pandémie de Covid-19. Les retards de paiement qui avaient atteint un pic de 24 jours pendant la crise sanitaire dans le secteur de la restauration se sont sensiblement améliorés en 2022, avant de se détériorer à nouveau cette année, dépassant les 19 jours. Le situation se dégrade aussi pour les débits de boisson ( + 4 jours à 18,2 jours au premier semestre) et les coiffeurs (22 jours). Une plus grande résistance a été constatée dans le secteur du commerce de détail, cependant les tensions persistent dans l’alimentation et l’habillement.

Côté B2B, l’immobilier, en crise de l’offre et de la demande, enregistre des retards croissants, avec plus de 26 jours, en moyenne, pour la promotion immobilière et 17,3 jours pour les agences immobilières. Dans le commerce de gros d’habillement-textile, les retards stagnent autour de 19 jours depuis un an ; ils augmentent rapidement dans l’information-communication. Dans les services aux entreprises, les problèmes s’aggravent et les retards passent de moins de 14 jours, en moyenne, en 2022 à plus de 16 jours ce second trimestre. Le secteur de la sécurité n’échappe pas à cette tendance (+4 jours sur un an).

AÏcha BAGHDAD et B.L

Facturation électronique : un pilotage en trois temps... pour 2026

C’est un outil sur lequel mise le gouvernement pour, entre autres enjeux, réduire les délais de paiement inter-entreprises : la facturation électronique. Après l’annonce du report de son entrée en vigueur, initialement prévue au 1er juillet 2024, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a assumé le retard et dévoilé, fin septembre, le nouveau calendrier de sa mise en place. C’était devant quelque 7 000 experts-comptables, professionnels en première ligne sur ce dossier, réunis à l’occasion de leur 78 ème congrès, à Montpellier. La réforme devrait se faire en trois temps, après validation du nouvel échéancier dans le cadre de la loi de Finances pour 2024 : en phase de test l’an prochain, la plateforme sera mise à l’essai sur une base volontaire en 2025, pour une dématérialisation généralisée et «définitive» en 2026. Quatre millions d’entreprises sont concernées par cette réforme , selon la Direction générale des finances publiques.