L'UIMM Rouen Dieppe et France Chimie Normandie unis sur le front de la formation

Face à l'énorme défi du recrutement, les représentants seinomarins des deux filières ont tenu assemblée commune le 29 septembre à Rouen.

De g. à dr. : Régis Saadi (France Chimie Normandie), Astrid Constantin et Alain Verna (UIMM Rouen Dieppe), ce 29 septembre à Rouen. (© Aletheia Press / B.Delabre)
De g. à dr. : Régis Saadi (France Chimie Normandie), Astrid Constantin et Alain Verna (UIMM Rouen Dieppe), ce 29 septembre à Rouen. (© Aletheia Press / B.Delabre)

Voilà plusieurs mois qu'on le répète : l'industrie peine à recruter ! Au point que le sujet est devenu trans-filières. Pour preuve, il a largement occupé les assemblées générales de l'UIMM Rouen Dieppe et de France Chimie Normandie qui se tenaient le 29 septembre au Hangar 107 à Rouen. « C'est la première fois que l'on faisait assemblées communes, se félicite Régis Saadi, président de France Chimie Normandie. C'est une très bonne idée, car nous avons des sujets communs. Et outre l'énergie, le très gros sujet, ce sont les ressources humaines... »

Car les industriels le savent : les difficultés de recrutement ne vont faire qu'empirer. Un tiers des effectifs dans l'industrie a plus de 50 ans... Et de grands chantiers arrivent, notamment autour du nucléaire. « La métallurgie ce sont 93 000 emplois en Normandie, rappelle Alain Verna, président de l'UIMM Rouen Dieppe. Les nouveaux EPR à Penly, ce sont à eux seuls 10 000 emplois pendant plusieurs années. » Ce à quoi viendront s'ajouter le grand carénage de Paluel, le développement de l'éolien offshore, les projets autour du recyclage du plastique ou du développement de l’hydrogène... Et le tissu des PME normandes redoute de se faire siphonner ses talents. « Voilà pourquoi le sujet de la formation est central », résume Régis Saadi.

Une image toujours écornée

Encore faut-il trouver des jeunes pour intégrer ces formations. « Sur notre site du Mesnil-Esnard, les niveaux BTS et Licence sont remplis, constate Astrid Constantin, présidente du pôle formation de l'UIMM Rouen Dieppe. Par contre, en Bac Pro, on a beaucoup de mal à recruter. » Et au niveau ingénieur, trop de jeunes quittent l'industrie pour répondre aux alléchantes sirènes des services et du tertiaire.

Le constat reste le même depuis des années : « nos métiers sont méconnus », « dévalorisés » et « pas très glamour » … il faut donc poursuivre le long travail de revalorisation de l'image de l'industrie. « On en a pour vingt ans, soupire Régis Saadi. Mais ça s'améliore, et la transition énergétique devrait nous aider ». L'UIMM déploie aussi ses campagnes de communication successives. Le hashtag #FiersdeFaire vient ainsi d'être lancé sur Tiktok, et une campagne télévisée va prochainement succéder à "Ensemble, on a un avenir à fabriquer".

Croiser les formations

« La nouvelle convention collective (qui regroupe les 74 conventions qui existaient jusque-là, ndlr) doit aussi contribuer à revaloriser nos métiers », assure Alain Verna. Notamment en mettant en lumière la diversité des métiers et le niveau des salaires.

En parallèle, l'offre de formation cherche à se réinventer, se développer et aller au plus proche géographiquement des besoins. « Nous allons œuvrer sur l'ensemble du pôle de formation, et aussi croiser nos formations avec d'autres filières, d'autres régions », déclare Alain Verna. Une formation d'électrotechnicien va ainsi être mise en place à Dieppe avec le CFA du BTP. Une école de production en usinage est aussi à l'étude également à Dieppe avec Dieppe Méca Energie. Mais Régis Saadi le laisse entendre : ces efforts ne suffiront probablement pas. Et il appelle les politiques (et le Medef) à ouvrir les frontières aux travailleurs étrangers.

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre