Le marché du recyclage est en plein bouleversement

Credit BD Aletheia Press, « Samuel Lebain, Unifer Environnement, défend son statut de PME dans un secteur en mutation »
Credit BD Aletheia Press, « Samuel Lebain, Unifer Environnement, défend son statut de PME dans un secteur en mutation »

Au Havre, une prise de conscience environnementale

Basée au Havre, Unifer Environnement bénéficie de la prise de conscience environnementale qui joue en faveur du tri des déchets. Mais elle subit aussi la saturation du marché mondial du retraitement.

50 salariés, 1000 bennes, 3 plateformes et plus de 100 000 t de déchets traités chaque année… L’entreprise Unifer Environnement se porte plutôt bien. Cette entreprise est l’une des rares indépendantes à œuvrer encore dans le monde du déchet, face aux poids lourds du secteur : Suez et Veolia notamment. Pourtant, elle subit, comme d’autres, le bouleversement considérable que connaissent actuellement les filières du déchet.

Un marché sous tension.

Implantée au Havre depuis 50 ans, Unifer Environnement a bénéficié de la fermeture du centre d’enfouissement local Etares à l’automne 2019. Au point même d’embaucher 4 salariés supplémentaires pour réaliser le tri des déchets apportés par les nouveaux clients que cette fermeture a générés. Et les déchets ne manquent pas : cartons, bois, plastiques, papiers… Mais aussi de nombreux produits assemblés, parfois neufs, voués à être détruits pour diverses raisons. Contrefaçons, produits défectueux ou périmés, surplus de stocks…  « Je vis de ces déchets, mais j’avoue être parfois un peu dégoûté de voir ce qui est jeté », déplore Samuel Lebain, le p-dg d’Unifer Environnement.
D’autant que cet afflux de déchets commence à poser problème. La fermeture du débouché chinois, il y a deux ans, commence à sérieusement faire sentir ses effets. Les plastiques bien sûr, mais aussi les cartons et même le bois ne trouvent plus aussi facilement preneurs. L’Europe, de plus en plus mobilisée dans le tri des déchets, ne parvient à retraiter que 70 % des déchets qu’elle produit. « J’ai un stock de 400 t de carton, constate Samuel Lebain. Je n’ai jamais connu ça. L’ensemble des filières est complètement saturé. Et les acheteurs deviennent de plus en plus exigeants. Ils attendent de la qualité premium, avec un tri impeccable. »

Des prix qui grimpent.

Et cela risque de ne pas s’arranger. Car selon Samuel Lebain, les fermetures des centres d’enfouissement se multiplient sans que de réelles solutions de rechange soient proposées. Et d’autres annoncent pourraient encore empirer les choses, comme la fermeture de l’usine UPM de papier journal de la Chapelle Darblay près de Rouen. Une usine qui n’a toujours pas reçu d’offre de reprise… « La Chapelle Darblay absorbe 20 à 30 % du marché national de papier à recycler, constate Samuel Lebain. Ce sont 500 000 t de déchets qui devront trouver un autre débouché ».
Le résultat, c’est évidemment que le coût du tri des déchets augmente. Unifer Environnement vient d’ailleurs d’envoyer un long courrier explicatif à ses clients, pour justifier une hausse tarifaire.  Malgré tout, avec les taxes imposées aux entreprises qui ne s’engagent pas dans cette voie, le tri reste avantageux en France. Le prix y est encore moitié moins cher que chez nos voisins belges, allemands ou britanniques…