L’usine Vallourec de Déville-lès-Rouen baisse le rideau

© Aletheia Press  / B. Delabre  A Déville-les-Rouen, Vallourec emploie encore près de 200 salariés, malgré la fermeture, en 2016, de ses laminoirs.
© Aletheia Press / B. Delabre A Déville-les-Rouen, Vallourec emploie encore près de 200 salariés, malgré la fermeture, en 2016, de ses laminoirs.

Vallourec, leader mondial sur le marché des tubes sans soudures annonce la fermeture de son usine seinomarine et le licenciement de 190 salariés.

190 emplois supprimés et la fermeture l’usine à Déville-lès-Rouen en juin 2021. C’est ce qu’a annoncé la direction de Vallourec, le 18 novembre dernier aux salariés du site. Une fermeture qui s’inscrit dans un plan de restructuration destiné à préserver la place de leader de Vallourec sur le marché mondial des tubes sans soudure destinés au secteur du pétrole et du gaz. Un millier de licenciements sont actés dont 350 en France (à Déville-lès-Rouen qui assure le traitement thermique des tubes, mais aussi sur les sites du Nord, département d’origine du groupe), 200 en Allemagne (avec des mesures complémentaires de chômage partiel et de réduction du temps de travail) et 500 au Brésil (sur les fonctions dites « support »).

Un endettement trop fort

Les deux plans de restauration précédents visant à diminuer l’endettement de la société n’ont pas permis de passer le cap du Covid. « L’ensemble du secteur lié au pétrole et au gaz fait face à une crise qui dure depuis 2015. Mon prédécesseur, Philippe Rouzée, avait lancé un plan de relance très ambitieux (…) qui donnait ses premiers résultats » expliquait, le 19 novembre, Édouard Guinotte, président du directoire de Vallourec, invité du grand journal de l’éco, sur BFM. Mais l’ouverture de capital a dû être repoussée en raison du Covid. « Suite à l’impact de la crise sanitaire sur l’économie mondiale et les cours du pétrole, l’activité de nos principaux clients s’est effondrée, en particulier aux Etats-Unis où le nombre de plateformes de forage en fonctionnement a chuté de plus de 70 %. » Le groupe annonce ainsi un chiffre d’affaires de 716 millions au troisième trimestre, en baisse de 32 % par rapport au troisième trimestre 2019. Une situation qui justifie, selon Vallourec, ces mesures.

« Nous ne sommes pas dupes »

Du côté des salariés, la colère est, évidemment, au rendez-vous. « Nous ne sommes pas dupes. Ce nouveau plan de restructuration, qui frappe à nouveau sévèrement la France, s’inscrit dans une logique de désengagement des actifs et emplois français, pour un recentrage des activités en Allemagne et surtout en Amérique du sud et en Asie, stratégie de délocalisation déployée depuis plusieurs années et assumée par le groupe dans ses assemblées générales. Les décisions d’aujourd’hui font suite à celles de 2016 : fermeture des laminoirs de Déville-lès-Rouen et de Saint-Saulve, après le désengagement de l’aciérie du même site, dans le Nord » soulignent, dans un communiqué commun la CFDT, CFE CGC, la CGT et FO.

Les élus locaux mobilisés

Nicolas Mayer- Rossignol, président de la Métropole Rouen Normandie et maire de Rouen, accompagné de Hervé Morin, président de la Région Normandie ont rencontré Edouard Guinotte le 24 novembre, puis Bruno Le Maire, ministre de l’Economie. Ils étaient accompagnés de Dominique Gambier, maire de Déville-lès-Rouen, et de Damien Adam, député de Seine-Maritime. L’occasion de rappeler que la BPI est actionnaire à hauteur de 15 % du Groupe et de regretter que Vallourec n’ait pas entrepris de se diversifier : « Ce manque d’ambition et anticipation est clairement de la responsabilité de l’entreprise, qui doit assumer ses choix de court terme ». Ils ont notamment demandé à Vallourec un moratoire d’un an et un engagement sur un fonds de revitalisation et d’investissement pour faciliter la reprise. Le 20 novembre, le préfet de la Seine-Maritime a annoncé la réactivation du comité territorial qui s’était constitué en 2016 dans le cadre du précédent plan de sauvegarde de l’emploi. Pas vraiment de quoi rassurer les 190 salariés de l’usine de Déville-lès-Rouen sur leur avenir…

Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont