Materrio Normandie : le bon matériau au bon endroit pour le bon usage…

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Benoit Delabre pour Aletheia Press.
De g. à dr. : Etienne Fromentin (Unicem Normandie), Cécilia Godin (FRTP Normandie) et Emma Bidaux (Materrio Normandie).
Crédit photo : Benoit Delabre pour Aletheia Press. De g. à dr. : Etienne Fromentin (Unicem Normandie), Cécilia Godin (FRTP Normandie) et Emma Bidaux (Materrio Normandie).

Lauréat de l’Economie Circulaire en 2018, ce projet a pour objectif d’optimiser le recyclage et le réemploi des matériaux de construction dans les Travaux publics.

Créé par la Fédération régionale des Travaux publics (FRTP) et l’Union des industries de carrières et des matériaux de construction (Unicem Normandie), Materrio Normandie est désormais en ordre de bataille. Lauréat en 2018 de l’appel à manifestation d’intérêt autour de l’Economie Circulaire, il vise à optimiser la ressource en matériaux dans les travaux publics ; et à ce titre il s’inscrit pleinement dans le Plan Régional de Prévention de Gestion des Déchets de la Normandie (PRPGD). Plus concrètement, cela signifie de favoriser le réemploi ou le recyclage des déchets inertes produits lors des chantiers. Le tout en limitant la logistique en simple flux pour favoriser celle à double flux, et donc éviter de faire rouler des camions à vide. « L’objectif n’est pas de faire du recyclage à tout prix, précise Cécilia Godin, secrétaire générale adjointe de la FRTP. Aller chercher des matériaux recyclés à l’autre bout de la France n’aurait pas forcément du sens. Il nous faut répondre à une équation à la fois écologique et économique. »

6 millions de tonnes de déchets inertes

L’enjeu est de taille. Le BTP utilise en Normandie près de 20 millions de tonnes de matériaux chaque année. Et les travaux publics produisent à eux seuls pas moins de 6 millions de tonnes de déchets inertes (terre, gravats, matériaux issus de déconstruction). Déjà, une grande partie de ces déchets se voit offrir une seconde vie. 2 millions de tonnes sont réemployées sur les chantiers (sur place ou sur un autre chantier) et 1 million de tonnes sont recyclées en granulats. Enfin, 1,75 millions de tonnes sont valorisées dans le comblement des carrières. Reste 1 million de tonnes qui sont enfouies, ou dont la destination n’est pas déterminée… Et c’est là que Materrio entre prioritairement en action. Le projet s’appuie sur plusieurs axes de travail. Le premier réside dans la sensibilisation des maîtres et maîtres d’ouvrage à l’utilisation de matériaux recyclés, des matériaux alternatifs, des co-produits et excédents de carrières. « Ce n’est pas encore rentré dans les habitudes de tout le monde », constate Etienne Fromentin, secrétaire général de l’Unicem Normandie.

Certifier la qualité des produits recyclés

Ce travail passe évidemment par de la vulgarisation et de la pédagogie, ne serait-ce que pour s’entendre sur les termes employés, mais aussi pour mieux connaître le fonctionnement actuel de la filière, et l’évolution du contexte réglementaire. Autre axe de travail prioritaire : la structuration de la filière. Cela passe par une amélioration de la traçabilité des matériaux, afin notamment d’affiner la connaissance des flux. En parallèle, il est prévu une labellisation des plateformes de recyclage. En plus de garantir le respect de la réglementation, ceci permettra de rassurer les utilisateurs sur la qualité des matériaux recyclés. Lancé officiellement début 2019 et doté d’un budget de 300 000 euros, Materrio Normandie dispose de 3 années pour faire ses preuves et ainsi assoir sa pérennité. Il peut compter pour y parvenir sur ses partenaires financiers (Région, Ademe et quelques collectivités), et opérationnels (CEREMA et la future Agence normande du développement durable et de la biodiversité).

Benoit Delabre