Insertion professionnelle : Quatorze sportifs passent à la banque

L’insertion professionnelle de jeunes sportifs de haut niveau est parfois compliquée. Pourtant, leurs valeurs peuvent être un atout pour l’entreprise. En Normandie, un programme existe depuis 2017, fruit du partenariat entre le secteur bancaire et l’Agence pour l’éducation par le sport.

Quatorze sportifs intégreront, en septembre, une agence bancaire normande pour un contrat de professionnalisation d’un an. (© Aletheia Press / B.Delabre)
Quatorze sportifs intégreront, en septembre, une agence bancaire normande pour un contrat de professionnalisation d’un an. (© Aletheia Press / B.Delabre)

La période olympique met régulièrement en lumière les difficultés des athlètes de haut-niveau d’assurer leur stabilité financière, notamment dans les sports les moins médiatisés. Pour les sportifs amateurs de haut-niveau, la question se pose aussi, mais différemment : comment concilier l’exigence de leur passion avec la préparation d’une carrière extra-sportive ? Une question à laquelle l’Agence pour l’éducation par le sport (APELS) a trouvé une réponse, grâce à un partenariat construit avec le secteur bancaire.

Ainsi, depuis 2017, de jeunes sportifs rencontrant des difficultés dans leur parcours professionnel ont intégré Crédit Agricole Normandie-Seine en contrat de professionnalisation. Immergés dans des agences, ces jeunes bénéficient de formations et d’un encadrement continu pendant toute la durée de leur contrat.

Une opportunité

En 2021, ils sont 14 jeunes sportifs (de 20 à 32 ans) à bénéficier de ce programme en Normandie. Parmi eux, Rouguy Dia, 23 ans et basketteuse. Titulaire d’une licence en Administration économique et sociale, elle a sauté sur l’opportunité qui s’offrait à elle. « Cela fait un moment que je m’intéresse au domaine bancaire, raconte-t-elle. Mais je manque d’expérience. Alors quand je suis tombée sur cette annonce, je me suis dit : c’est parfait pour moi ! »

Depuis le début de l’été, Rouguy suit, avec les autres lauréats, une formation de deux mois permettant d’acquérir les bases. Elle intégrera mi-septembre l’agence Crédit agricole de Sotteville-lès-Rouen. A l’issue de 12 mois de contrat de professionnalisation, elle pourrait être embauchée si ses aptitudes aux métiers de la banque et de l’assurance sont démontrées. « Désormais, le sport va plus passer au second plan pour moi », avoue-t-elle. Même si après avoir participé à la montée de son club des Hauts de Rouen en Nationale 3, elle ne compte pas déserter les parquets de sitôt.

Gagnant - gagnant

Un avenir professionnel en construction qui peut conduire loin. En témoigne le parcours de Redouane Boukhedouni, lauréat de la première promotion du programme. Embauché au service assurance du Crédit agricole à l’issue de son contrat de professionnalisation, il est désigné meilleur vendeur de la caisse régionale en 2019. Aujourd’hui en CDI, il poursuit avec enthousiasme son parcours au sein de l’entreprise. « On peut dire que le sport m’a aidé à trouver un métier dans lequel je m’épanouis, sourit-il. Beaucoup de personnes m’ont fait confiance, et aujourd’hui j’ai encore évolué comme conseiller en financement immobilier. »

Une preuve que ce dispositif relève du gagnant-gagnant. Les établissements bancaires ne s’y trompent d’ailleurs pas : le Crédit Agricole Normandie (présent sur l’ex-Basse-Normandie) et le Crédit Lyonnais (LCL) Grand Ouest, ont ainsi rejoint l’APELS cette année. Il faut dire que les établissements bancaires, outre leur souhait de participer à l’insertion des jeunes, retrouvent aussi dans ces candidats, un état d’esprit. « J’ai retrouvé au sein du Crédit agricole des valeurs que je connais dans le sport, explique Redouane Boukhedouni. Dans le travail d’équipe, ou dans la volonté de toujours progresser. » De quoi satisfaire tout le monde...

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre