SysFarm lutte contre le réchauffement climatique grâce aux crédits carbone

SysFarm met en lien les exploitants agricoles et les entreprises privées qui s'engagent dans la lutte contre le réchauffement climatique, au travers la commercialisation de crédits carbone.

L’équipe de SysFarm, logée au Village by C&A de Rouen. (© SysFarm)
L’équipe de SysFarm, logée au Village by C&A de Rouen. (© SysFarm)

Fils et petit-fils d’exploitants agricoles, Etienne Duclos et Antoine Gilbert, ont toujours eu à cœur de valoriser le travail des agriculteurs. Avec la création de leur entreprise SysFarm en 2021 à Rouen, c’est chose faite. « Nous permettons aux agriculteurs de la France entière d’être rémunérés pour leurs efforts en faveur de la décarbonation de leurs exploitations », introduit Etienne Duclos, co-fondateur, à l’occasion du salon international de l’Agriculture, qui se déroulait du 24 février au 3 mars.

En effet, SysFarm commercialise, auprès d’entreprises privées, des « réductions d'émissions de dioxyde de carbone », appelées aussi crédits carbone, générées naturellement par des projets agroécologiques. « Pour une entreprise, il est difficile, voire impossible, d'éliminer toutes ses émissions. C'est là que la compensation carbone intervient pour gommer les émissions résiduelles, celles qui ne sont ni évitables, ni réductibles », poursuit Etienne Duclos. A noter que tous les projets portés par SysFarm, se trouvent sur le sol français.

En Normandie, SysFarm a déjà accompagné une quarantaine d’agriculteurs. (@SysFarm)

Vendre des réductions d’émissions de C02

L’entreprise intervient à trois niveaux. En premier lieu, elle réalise des bilans carbone chez les exploitants agricoles, facturés entre 99 € et 500 €. « Nous allons dans les fermes, nous calculons l‘empreinte carbone de l’exploitant. Nous voyons ensuite comment, en changeant certaines habitudes, l’agriculteur peut réduire son bilan » explique le co-fondateur. Il peut s’agir de remplacer des engrais minéraux par des engrais organiques, mettre en place de couverts végétaux, restituer des résidus de cultures, ou intégrer des légumineuses dans la rotation... dans un souci d’efficacité, SysFarm, qui compte 10 collaborateurs, forme les salariés de coopératives pour réaliser ces bilans chez leurs adhérents, en échange d’un pourcentage sur les ventes de crédit carbone. « C’est un tiers de confiance entre les agriculteurs et nous », affirme Etienne Duclos.

La deuxième étape, commerciale, vise à trouver des entreprises pour financer ces changements de pratiques chez les agriculteurs, via l’achat de crédits carbone. Ces acheteurs sont, le plus souvent, des entreprises privées. « Généralement, la tonne de carbone est vendue 40 euros. Nous percevons 10 % sur la vente, le reste revient à l’agriculteur pour financer sa transition écologique ». Enfin, dernière étape, SysFarm fait certifier les projets sous le « Label Bas Carbone », créé par le ministère de la Transition Écologique et contrôlé par la direction générale de l'Énergie et du Climat. Un moyen d’écarter toute possibilité de greenwashing. « C’est important pour nous que tous les projets aient le « Label Bas Carbone », cela prouve la qualité et la véracité des opérations », assure le co-fondateur de SysFarm.

30 000 tonnes de CO2 économisées en Normandie

En Normandie, SysFarm a déjà accompagné une quarantaine d’agriculteurs, pour une économie de 30 000 tonnes de dioxyde de carbone sur cinq ans. « Nous collaborons surtout avec les producteurs de grandes cultures et les éleveurs », précise Etienne Duclos. Aujourd’hui, 370 000 tonnes équivalentes CO2 sont disponibles.

Face à l’engouement, les dirigeants ont lancé un nouveau service. « Nous permettons aux entreprises de l’agroalimentaire et aux coopératives de mesurer les émissions carbone de leurs fournisseurs, afin de réduire leur émissions indirectes, regroupées sous le terme « scope 3 ». Et nous les aidons à guider leurs fournisseurs à réduire leurs impacts, en créant des cahiers des charges filières, par exemple », détaille Etienne Duclos. L’entreprise entend développer encore son action contre le réchauffement climatique au travers de projets locaux.

Pour Aletheia Press, Lolita Péron