Association des maires de Seine-Maritime

Denis Merville : « La lourdeur administrative pourrait gêner la relance économique »

Denis Merville est le président de l'Association des maires de Seine-Maritime (ADM76). Après une année électorale perturbée, il explique le rôle des maires dans l'aide aux entreprises mais aussi l'impact de la crise sur les finances des collectivités locales.

Denis Merville est le président de l'Association des maires de Seine-Maritime. (©Gazette Normandie/Chl.G.)
Denis Merville est le président de l'Association des maires de Seine-Maritime. (©Gazette Normandie/Chl.G.)

2020 a été une année électorale perturbée. L'entrée en fonction des nouveaux maires a été difficile ?

« Ça a été une année compliquée pour tous. Effectivement, les élections ont eu lieu à la date prévue dans un contexte différent avec une baisse de la participation notamment en milieu rural ou dans les communes où il n'y avait pas de panachage. Ceux qui ne se sont pas représentés ont accepté d’œuvrer pendant le confinement ; pour les nouveaux élus, ils comprenaient bien la situation mais cela a sûrement été plus facile pour ceux qui ont été réélus. Globalement, cela s'est bien passé. Parmi les problèmes que nous avons eu, il y a eu les dates de vote du budget qui doit être voté au 31 mars ou au 15 avril. Mais sans conseil municipal, ce n'était pas possible. Nous avons eu des réunions avec l'Association des maires de France (AMF) pendant lesquelles nous avons fait remonter tous les problèmes. Finalement, nous avons eu jusqu'au 31 juillet pour voter le budget. »


Les maires ne peuvent pas directement aider financièrement les entreprises alors comment font-ils pour les soutenir ?

« Au début de la crise, il y a eu la question des masques qui s'est posée. L'AMF a fait le choix de commander des masques pour le personnel des collectivités dans un premier temps, mais les masques de l'ADM76 (Association des maires de Seine-Maritime) ont aussi pu aider nos petits commerçants, des infirmiers libéraux et des aides à domicile. L’État et la Région ont aidé nos commerçants. Ces aides leur ont permis de s'équiper pour s'adapter au protocole sanitaire ou de mettre des salariés au chômage partiel. L'Association des maires de Seine-Maritime a été beaucoup interrogée par les maires pour savoir ce qu'ils pouvaient faire. En tant que maires, nous avons pu appliquer des exonérations de charges que j'ai moi-même utilisées au cas par cas. Il y a aussi les reports de charges et de loyers. Certains maires ont rendu les stationnements gratuits ou ont revu les droits de voirie pour les débits de boisson. »

« Il y a des pertes de recettes tarifaires pour les collectivités locales qui ne sont pas compensées »


On parle de la situation économique des entreprises mais la crise a-t-elle aussi impacté les finances des collectivités locales ?

« Oui, cette crise a eu et va avoir des conséquences sur les collectivités, plus ou moins importantes. Il est encore trop tôt pour chiffrer, car ce sont des estimations. Il y a des recettes tarifaires qui, aujourd'hui, ne sont pas compensées, comme la location de salles des fêtes. Il s'agit d'une perte sèche. Certains maires n'en font pas du commerce, j'en fais partie, mais il n'empêche que ma collectivité perd, uniquement pour la location de la salle des fêtes, entre 4 000 et 4 500 euros pour un budget de 480 000 euros. Il y a également des dépenses supplémentaires pour aider des personnes en difficulté, ainsi que des dépenses que nous n'avons pas faites comme les repas des aînés par exemple. Cela dépend aussi du budget de chaque collectivité, certains maires ont été plus généreux que d'autres. Mais, on ne peut pas demander à l’État de payer derrière car s'ils l'ont fait, c'est parce qu'ils avaient les moyens. »

Est-ce une menace pour la relance économique ?

« Avec la crise sanitaire, quasiment tous nos dossiers liés à l'économie ont pris du retard. Il est difficile de mener à bien des projets quand il est compliqué de se réunir avec tous les acteurs de ces projets. Concernant la relance économique, il y a des dispositions qui sont prises, mais il y a une certaine lourdeur administrative qui risque d'être gênante dans un certain nombre de dossiers. Actuellement, un projet de lotissement sur ma commune de Sainneville est suspendu car on m'empêche de signer un permis de construire, à la suite du retard du PLU (Plan local d'urbanisme) à cause des confinements. On me dit qu'il faut attendre de terminer le PLU pour signer le permis de construire alors que tout le monde est prêt. Ça, c'est de la lourdeur administrative. Ici, cela concerne l'urbanisme mais je crains que ça touche tous les domaines. »

Propos recueillis par Chloé Guérout