Emploi 2020 : un bilan à nuancer

Le recul de l’emploi est resté contenu en 2020 avec la prise en charge par l’Etat de l’activité partielle, mais la part des personnes sans emploi qui souhaitent travailler a nettement progressé, souligne l’Insee dans sa "photographie du marché du travail en 2020" publiée en mars.

Photo d'illustration Adobe Stock
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Malgré le contexte de crise, le taux de chômage a reculé sur l’année 2020. En moyenne de 0,4 point par rapport à 2019, selon l’Insee. Il a atteint 8% et reste ainsi quasi stable, si on exclut les deux périodes de confinements. Durant le premier, le chômage a certes reculé, mais « en trompe-l’œil », décrit l’Institut. En cause, l’arrêt de l’activité durant cette période qui a rendu difficile la recherche d’emploi et contraint de nombreuses personnes à y renoncer. Dès la reprise, le taux de chômage a alors rebondi, avant de baisser de nouveau suite au second confinement.

Le taux d’emploi, des personnes de 15 à 65 ans, au sens du BIT (Bureau international du Travail), est de 65,3%, en 2020. Effet de la crise, en progression depuis 2013, il recule pour la première fois (de 0,3 point, par rapport à 2019).

Le halo autour du chômage s’étend

Fait marquant de cette année particulière, le halo autour du chômage* enregistre une hausse de 0,8 point. Il concerne, en moyenne, 4,6% des personnes de 15 à 64 ans, soit la proportion la plus élevée depuis 2003.

Au total, en moyenne, en cumulant chômage et halo autour du chômage, 4,2 millions de personnes sont sans emploi et souhaitent travailler, soit 10,3 % des 15-64 ans.

Un recours inédit au chômage partiel

Le renforcement du dispositif d’activité partielle a effectivement contribué à atténuer l’impact négatif de la pandémie sur l’emploi. Parmi les personnes en emploi, 6,2% étaient, en 2020, en chômage partiel ou technique. Au cours du premier confinement, un quart d’entre elles ont été concernées.

Ce recours « inédit » au chômage partiel a été plus fréquent pour les employés et les ouvriers, également pour les salariés des secteurs soumis à des restrictions d’activité prolongées, notamment l’hôtellerie-restauration, l’art, les spectacles et activités récréatives. En revanche, il a était moins répandu chez les cadres qui ont pu maintenir leur activité grâce au télétravail.

L’année 2020 a aussi connu une nette diminution de la durée moyenne du travail effectif, de 7,4% par rapport à 2019.

CDD et intérim en retrait

Le repli de l’emploi a été plus important pour les jeunes, les salariés les moins qualifiés et ceux en emploi à durée limitée (CDD ou intérim), note l’Insee.

La part des salariés en CDD dans l’emploi total, soit 8,5%, s’inscrit en recul de 0,6 point sur un an. Les restrictions d’activité ont notamment pénalisé des secteurs recourant davantage à ce type de contrats, comme l’hôtellerie et la restauration. La même orientation s’observe pour les personnes en intérim (2,1%), en recul de 0,3 point. Globalement, la part cumulée de ces emplois à durée limitée dans l’emploi total atteint « son niveau le plus bas depuis 2013 », note l’Institut. Davantage concernés par ce type d’emplois, la part dans l’emploi total des employés et des ouvriers a baissé (- 1,3 point), et de façon plus marquée pour les moins qualifiés.

Baisse du taux d’emploi chez les jeunes

Pour les jeunes, la situation reste dégradée. En 2020, le taux d’emploi des 15-24 ans diminue encore, de 1,2 point (contre - 0,4 point pour les personnes âgées de 25 à 49 ans). Cette tendance a touché davantage les jeunes qui ne poursuivent pas leurs études (-1,4 point). Souvent en CDD, la baisse de ces contrats (ou leur non renouvellement) pénalise leur intégration sur le marché du travail.

De manière globale, si l’emploi en France semble résister en 2020, les personnes en situation de précarité d’emploi sont celles qui subissent le plus les conséquences de la crise sanitaire et économique. 

Jihane MANDLI et B.L

*Les personnes qui se trouvent dans le halo du chômage sont celles qui veulent travailler mais qui ne sont pas considérées comme chômeurs, puisqu’elles ne correspondent pas aux critères du BIT (Bureau International du Travail), en matière de recherche d’emploi ou de disponibilité.

Plus de cadres que d’ouvriers

Pour la première fois, en 2020, la part des cadres dans l’emploi total dépasse celle des ouvriers (20,4 % contre 19,2%), qui, il y a 40 ans, étaient près de quatre fois plus nombreux.