Economie circulaire

Les collectivités en appellent à Emmanuel Macron pour sauver Chapelle Darblay

C'est une course contre la montre qui est engagée pour sauver la papeterie Chapelle Darblay de Grand-Couronne. Afin de préserver ce site, seul en France à produire du papier journal 100% recyclé, les collectivités territoriales et le Ceser se mobilisent. Les élus ont écrit un courrier à Emmanuel Macron.

Le site Chapelle Darblay de Grand-Couronne est en sommeil jusqu'en juin 2021. (©Photo d'illustration Adobe Stock/industrieblick)
Le site Chapelle Darblay de Grand-Couronne est en sommeil jusqu'en juin 2021. (©Photo d'illustration Adobe Stock/industrieblick)

Le temps presse pour sauver Chapelle Darblay, papeterie historique de Grand-Couronne. Cette papeterie spécialisée dans le papier recyclé est en sommeil jusqu'en juin 2021 après la décision d'UPM, son propriétaire, de la fermer en juin 2020. Plus de 220 salariés ont été licenciés. La fermeture définitive du site menace également 800 emplois indirects. Et il y a urgence : le groupe finlandais a décidé d'étudier les offres de reprise reçues avant le 31 mars.

Le Ceser (conseil économique social et environnemental régional) a donc réuni, mercredi 10 mars, élus et acteurs de la filière pour un débat sur l'avenir de la papeterie. Car, ils sont unanimes : la fermeture définitive du site serait un « drame » sur le plan économique, social et environnemental.

UPM a mis en vente la papeterie en 2019 en raison du manque de demande de papier journal. Depuis, aucun repreneur n'a été retenu par le groupe finlandais. Mais UPM veut-il vraiment vendre Chapelle Darblay ? Les élus et anciens salariés n'hésitent pas à remettre en doute la volonté du propriétaire. Car, ils l'affirment : « Des repreneurs, il y en a ! » À l'heure actuelle, le groupe finlandais est en discussion avec VPK, et d'autres offres seraient à l'étude. « UPM a indiqué qu'il y aurait, dès avril, des visites d'entreprises de démantèlement comme Valgo », s'est exclamé Cyril Briffault, de la CGT UPM, évoquant un passif compliqué concernant les fermetures d'usines UPM en France. 

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Le Ceser a réuni, mercredi 10 mars, les collectivités territoriales et acteurs de la filière papier-carton pour débattre sur l'avenir de Chapelle Darblay. (©Gazette Normandie/Chl.G.)

 

Un sujet national, voire européen

Alors, pour tenter de faire bouger les choses, les collectivités en appellent à la « puissance publique ». Près d'une centaines d'élus de collectivités, régionales et hors Normandie, ont écrit un courrier à destination du président de la République Emmanuel Macron. « Il ne s'agit pas d'un sujet local, mais d'un sujet qui concerne la France, voire l'Europe, a déclaré Nicolas Mayer-Rossignol, à l'initiative de cet appel au président de la République. C’est à ce niveau là de responsabilité que cela peut se débloquer. » Le courrier a notamment été signé par Edouard Philippe, maire du Havre ; Anne Hidalgo, maire de Paris, mais aussi les maires de Rennes, Clermont-Ferrand ou encore de Blois et Bourges... 

Des collectivités qui sont allées voir ailleurs pour permettre le recyclage du papier, notamment dans les Vosges, engendrant des coûts importants de transport. L'usine dispose d’une puissance de recyclage de 480 000 t/an, soit le résultat du tri de 24 millions d’habitants - un tiers de la France. Elle rayonne dans un périmètre de 400 km. « Les collectivités sont prêtes à prendre part, avec leurs moyens, pour faciliter une reprise, et à sécuriser une partie de l'approvisionnement », a ajouté le président de la Métropole Rouen Normandie.


Trois principales perspectives de débouchés pour les salariés

Si UPM évoque un manque de compétitivité à cause de la baisse des demandes de papier journal, les trois derniers salariés de la papeterie ont des perspectives de débouchés pour faire redémarrer leur usine, au cœur de l'économie circulaire. Trois principales perspectives ont été étudiées par les salariés, confortés par la mission d'information sur la filière du recyclage papier, menée par la députée LREM de l'Isère Camille Galliard-Minier. 

Chapelle Darblay pourrait notamment fabriquer du papier pour ondulé (PPO) pour le carton d'emballage, qui nécessiterait un investissement important pour adapter la fabrication à la machine 6 de l'usine. « C'est le secteur qui semble le plus adapté, car le PPO a le vent en poupe », a déclaré Dominique Lepicard, commissaire aux restructurations et à la prévention des difficultés des entreprises en Normandie à la Direccte.

Les salariés évoquent également la production de pâte à papier marchande recyclée ou encore de ouate de cellulose – qui peut servir à l'isolation des bâtiments. « La ouate de cellulose est un marché en devenir, si Chapelle Darblay se met sur ce marché, elle sera à la pointe sur ce nouveau produit », affirme Alain Tripier, consultant, qui a accompagné les salariés dans les études économiques. « On voit la papeterie comme une industrie du passé, or ce que j'entends concernent des innovations technologiques, alors je pense qu'il y a là une industrie du futur », résume Jean-Luc Léger, président du Ceser Normandie.