À Cany-Barville, Polytechs mise sur les polymères biosourcés

Retenue dans le cadre du programme ETIncelles, Polytechs mise sur la diversification dans le polymère biosourcé pour conquérir des marchés.

Polytechs dispose de deux sites dans la zone industrielle de la gare à Cany-Barville. (© Aletheia Press / B.Delabre)
Polytechs dispose de deux sites dans la zone industrielle de la gare à Cany-Barville. (© Aletheia Press / B.Delabre)

Faciliter ou accélérer les choses… Voilà ce que Patrick Coquelet, PDG de Polytechs, attend du nouveau programme national ETIncelles. Créée en 1980, l’entreprise de Cany-Barville figure en effet parmi celles repérées par le gouvernement pour participer à ce programme. Avec, à la clé, une invitation à l’Elysée mi-novembre. « Nous avons été très bien reçus », sourit Patrick Coquelet, qui se félicite surtout de la prise de conscience que représente ce programme ETIncelles. « En France, nous n’avons que 5 500 ETI (entreprises de taille intermédiaire). En Allemagne, il y en a 10 000. Au Royaume-Uni, 8 000… Le président de la République souhaite compter 1 000 ETI de plus en France d’ici la fin de son mandat. C’est un vrai challenge. »

Alors, l’Etat a ciblé des entreprises proches de mériter cette appellation d’ETI. Communément, on considère comme telle, une entreprise dont le chiffre d’affaires atteint 50 M€ par an et qui compte 250 salariés. Polytechs n’en est pas si loin. Compounder de produits plastiques, dont elle produit 25 000 t par an, elle affiche un chiffre d’affaires annuel de 38 M€ (2022) et dispose de 160 salariés…

Diversification et biosourcing

D’ores et déjà, Patrick Coquelet a son plan pour franchir le cap. Il repose sur un maintien de l’effort à l’export (60 % de la production actuellement) et sur une plus forte différenciation. Jusqu’ici à 100 % pétrosourcée, l’entreprise seinomarine a ainsi lancé un programme de biosourcing. « C’est un projet qui s’étale sur trois ans et pour lequel nous sommes accompagnés par l’Etat, via la BPI », explique le dirigeant. Toujours en phase de test, ce programme de 3 M€ permettra de produire des polymères entièrement compostables qui pourraient séduire, notamment, sur le marché du film plastique. « Si tout est validé, nous espérons entrer en phase de commercialisation au plus tard au 1er trimestre 2026 », poursuit Patrick Coquelet.

Reste ensuite à identifier les marchés et à les conquérir. Sur ce point, le dirigeant d’entreprise compte sur le programme ETIncelles. « A priori, nous aurons un point d’entrée privilégiée auprès des services de l’Etat. Ils vont nous accompagner sur les volets administratifs et réglementaires, pour aller plus vite. » Polytechs table sur une production de l’ordre de 1 500 t de ce produit biosourcé, qui devrait lui apporter entre 10 et 12 M€ de chiffre d’affaires supplémentaires.

Travail à façon ou produits propres

Patrick Coquelet et le « diplôme » qui lui a été remis le 21 novembre à l’Elysée dans le cadre du programme ETIncelles. (© Aletheia Press / B.Delabre)

Ce nouveau produit devrait aussi renforcer la part de produits propres de l’entreprise (20 % de la production actuelle, contre 80 % de produits en travail à façon), pour lesquels elle dégage une meilleure valeur ajoutée, et qui sont exportés dans le monde entier. « Nous travaillons avec un important réseau de distribution au Canada et aux Etats-Unis, notamment. Nous espérons nous appuyer dessus pour distribuer cette gamme biosourcée. »

Néanmoins, Polytechs ne mise pas uniquement sur ce nouveau produit. Multisectorielle, elle réinvestit 8 à 10 % de son chiffre d’affaires en R&D et elle a aussi modernisé son outil de production. « Nous sommes capables de produire entre 30 et 35 000 tonnes par an. Les investissements sont faits. Portons la production à ce niveau, et nous serons une ETI », conclut Patrick Coquelet.

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre