Assises des Commissaires aux comptes : « Nous sommes des bâtisseurs d’une société de confiance »

Les Assises des Commissaires aux comptes étaient placées, cette année, sur le thème de "la confiance". Un socle sur lequel la profession entend asseoir ses acquis et développer de nouvelles missions.

Photo d'illustration Adobe Stock
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« Forts de notre historique, forts de nos savoir-faire, forts de nos compétences, nous avons des raisons objectives d’être ambitieux et optimistes », a déclaré le président de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes (CNCC), Yannick Ollivier, lors de la conférence plénière des 32e Assises des Commissaires aux comptes, le 9 décembre dernier à Paris. Pour renouer avec la confiance, « il faut revenir à nos fondamentaux ». Après la loi Pacte et le relèvement des seuils d'audit légal, « certains ont pu penser que l’on allait se fourvoyer, sortir de ce qui était peut-être le socle de ce qui constitue notre rôle. Non. Aujourd’hui, notre politique, notre stratégie et notre vision reposent d’abord sur ce socle. Parce que nous sommes des bâtisseurs d’une société de confiance, nous portons depuis toujours cet ADN qui assurera notre capacité à apporter une réponse aux attentes du marché et à son évolution. »

Accompagner la sortie de crise et rester présents auprès des petites entreprises

Après cette réforme qui a entraîné une forte baisse du chiffre d’affaires de la profession en raison du non renouvellement des mandats de petites entreprises, « il était important de se mettre dans une posture de propositions », a poursuivi Yannick Ollivier. « Nous avons proposé une nouvelle mission ‘prévention et relation de confiance’, qui a été reprise par le gouvernement dans le plan de sortie de crise ». Dans le cadre de cette nouvelle mission, les commissaires aux comptes sont chargés de sensibiliser les dirigeants sur l’opportunité de se tourner vers le tribunal de commerce ou le tribunal judiciaire, lorsque la situation de l’entreprise le justifie. En parallèle, la profession doit se mobiliser « pour rester sur le marché des petites entreprises, où nous avons réussi à maintenir 50% de nos mandats ». Pour se maintenir et se développer sur ces missions, les commissaires aux comptes doivent aussi intégrer « l’approche de marché » : « la profession n’y a pas été confrontée avant, et nous avons dû faire évoluer notre offre et notre posture à l’égard du marché, parfois nous avons du mal à nous mettre en avant », mais « il faut impérativement nous faire connaître, encore et encore ».

RSE, secteur public : de nouvelles missions de certification

Le président de la CNCC a également encouragé la profession à investir les nouvelles futures missions de certification. À commencer par la certification des comptes des collectivités territoriales, qui devrait être généralisée à l’issue de l’expérimentation prévue par la loi NOTRe, et la certification des comptes des sociétés d’économie mixte. Mais aussi l’audit obligatoire des données non financières, tel que prévu par le projet de directive européenne sur le reporting extra-financier. « Nous sommes des acteurs légitimes sur le marché de la RSE » et « la profession sera prête quand les nouvelles obligations de certification des données extra-financières arriveront ». Il faut pour cela être agréé en tant qu’organisme tiers indépendant (OTI) par le Comité français d’accréditation, le COFRAC. « Le commissaire aux comptes n’est pas un OTI comme les autres », a relevé Yannick Ollivier après avoir critiqué la lourdeur et la lenteur des procédures d’instruction du COFRAC. C’est pourquoi il a demandé à la Chancellerie, leur autorité de tutelle, « de le prendre en compte et de nous aider à promouvoir ce statut particulier qui est le nôtre », afin « de donner à la profession la possibilité d’accéder massivement à la certification des données extra-financières ».

Jouer la complémentarité plutôt que la concurrence entre les deux métiers

Enfin, il est un autre terrain sur lequel la profession entend investir pour pouvoir se développer sereinement : clarifier le périmètre d’intervention de l’expertise-comptable et du commissariat aux comptes, afin d’éviter les frictions d’une part, et d’entretenir le « flou » pour les clients, d’autre part. « Nous ne sommes pas toujours d’accord sur tout, mais nous partageons la même volonté de faire rayonner nos professions », a reconnu le président du Conseil supérieur de l’ordre des experts-comptables, Lionel Canesi, interrogé sur la qualité de ses relations avec le président de la CNCC. Surtout, « je le rejoins quand il dit que les missions de conseil relèvent de l’expert-comptable et les missions d’audit légal du commissaire aux comptes, avec quelques missions de certification à côté, mais qui n’entrent pas dans le périmètre des experts-comptables ». Car « ce qui est important pour nous, professionnels qui avons la double casquette, c’est le chiffre d’affaires d’expertise et de commissariat de la profession et de ses deux métiers », a-t-il ajouté. « J’ai clarifié cette question du périmètre », a expliqué le président de la CNCC, Yannick Ollivier, car « notre projet, ce n’est pas d’aller manger dans la gamelle des experts-comptables et de se mettre en concurrence ». Autrefois, « la frontière était suffisamment claire et on se prescrivait, on s’envoyait du business, et je crois qu’il faut revenir à ces fondamentaux ». Et c’est pourquoi « nous allons continuer à préciser le périmètre, parce que c’est une vraie attente de nos professionnels ».