Au Havre, la Normandie mise sur les drones

© NAE S’inspirant de l’accident de Lubrizol en 2019, une expérimentation est conduite pour mesurer, en temps réel, le risque de toxicité de l’air.
© NAE S’inspirant de l’accident de Lubrizol en 2019, une expérimentation est conduite pour mesurer, en temps réel, le risque de toxicité de l’air.

Le Centre d’innovation drones Normandie a été lancé le 16 décembre. Il regroupe tous les acteurs régionaux du secteur qui misent sur des mutualisations de moyens pour faire de la Normandie un leader en matière de solutions « drones ».

La Normandie et Le Havre seront-ils demain les territoires d’excellence pour le développement des technologies associées aux drones ? Possible. En effet, mercredi 16 décembre les acteurs du domaine ont porté sur les fonts baptismaux le CIDN : Centre d’innovation drones Normandie. Le projet est ambitieux. S’inscrivant dans le cadre du projet Le Havre Smart Port City, il associe des entreprises privées (7Cis, Abot, Roav7 et Polidrone)et le cluster NAE (Normandie AeroEspace), à des acteurs publics : l’université Le Havre Normandie et Le Havre Seine Développement. Et il vise à renforcer le développement de l’activité drones et de son écosystème en région.

Mutualiser les idées et les moyens

Avec un mot-clé : la mutualisation.« Le port et la zone industrielle du Havre sont des terrains de jeux très intéressants pour nous, souligne Paul Clais, gérant de l’entreprise Roav7. Mais nous avons besoin de mutualiser nos moyens humains, matériels, et même de services. Nous serons plus forts ensemble qu’entre ʺconfrères-concurrentsʺ. »  Ainsi, les acteurs du projet attendent avec beaucoup d’impatience la mutualisation des locaux… Le Havre Seine Développement étudie avec la communauté urbaine Le Havre Seine Métropole, propriétaire de l’aéroport Le Havre-Octeville, et Edeis, son exploitant, la possibilité d’implanter physiquement le CIDN sur l’aéroport. Cela ouvrirait, de plus, un terrain de vol sécurisé nécessaire aux vols d’essais.

Car bien sûr, la mutualisation des axes d’expérimentations doit aussi permettre d’avancer plus vite que la concurrence sur certains sujets. En particulier, le CIDN se penche avec beaucoup d’intérêt sur le pilotage d’essaim de drones, l’intégration et l’évaluation de nouveaux capteurs, et l’intelligence artificielle embarquée.Des outils qui doivent permettre d’évaluer en temps réel une « menace » type incident industriel avec risque de toxicité de l’air, de réaliser des inventaires à l’échelle portuaire ou d’optimiser le transport médical d’urgence de prélèvements pour analyses ou de médicaments.

S’appuyer sur la formation et la recherche

« Le CIDN nous permettra d’être à la pointe de l’innovation pour répondre aux besoins industriels, mais aussi aux enjeux sociétaux », se félicite Céline Picard, vice-présidente de l’université Le Havre Normandie, qui voit là une opportunité d’accélérer la recherche sur ces thématiques au sein de l’université. Pour conforter ce développement, le CIDN déploiera également un parcours de formations pour apporter de nouvelles compétences sur le territoire. « Nous voulons développer un parcours cohérent qui associera des formations ouvertes (y compris pour le loisir) à des formations spécifiques susceptibles de répondre aux attentes des professionnels », résume Olivier Piedfort, dirigeant de 7Cis.

Formation, recherche, développement, synergie… C’est bien tout une filière qui pourra se reposer sur la fondation que représente le CIDN. La Région l’a d’ailleurs bien compris, en apportant, avec le Feder et la Banque des territoires, son soutien financier à la création du CIDN. « Nous bénéficions d’un soutien très fort de la Région qui nous permet d’identifier les acteurs du territoire, de les fédérer, et de générer une montée en puissance, qui pourra, à terme, créer de la richesse et donc de l’emploi », se félicite Philippe Eudeline, le président de NAE. De quoi aligner correctement les planètes et accélérer le décollage de l’écosystème « drone » régional.

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre