Darnétal : Avec NAO, Mélissa Delecour s'engage pour la "slow flower"

Mélissa Delecour, gérante de NAO, fait partie des rares fleuristes de Seine-Maritime à être membre du collectif La Fleur française qui s'engage pour la fleur locale et de saison. 

Mélissa Delecour (à gauche) et Aurore travaillent ensemble au sein de la boutique NAO à Darnétal. (Photo Gazette Normandie)
Mélissa Delecour (à gauche) et Aurore travaillent ensemble au sein de la boutique NAO à Darnétal. (Photo Gazette Normandie)

Giroflées, tulipes, narcisses, ... Les fleurs normandes sont arrivées sur les étals de la boutique Nature Art et Objet (NAO) à Darnétal. La gérante, Mélissa Delecour, fait partie des quelques professionnels de la métropole rouennaise à avoir rejoint le collectif de La Fleur française qui s'engage pour la fleur locale et de saison. Un engagement pris dès son arrivée dans ce commerce qu'elle a repris en 2021. « J'avais envie de vivre mon métier en étant plus en phase avec mes valeurs », déclare l'artisane. Et ajoute : « J'ai donné un coup de main à la personne qui tenait la boutique avant, c'est comme ça que j'ai appris que son commerce était à vendre et tout l'historique. Je me suis dit que c'était dommage car c'était la dernière fleuriste à Darnétal ! Alors au lieu de créer mon atelier, j'ai repris la boutique et monté NAO. »

Mais, c'est un changement de stratégie qu'opère Mélissa Delecour en proposant une majorité de fleurs françaises dans sa boutique. Elle part donc à la quête de producteurs français. « J'ai démarré avec le Sud, qui me fournit toujours en hiver. À partir du mois de mars, on redémarre la fleur normande jusqu'en novembre. » Deux productrices normandes lui fournissent des fleurs coupées et un horticulteur du territoire l'approvisionne en plantes d'extérieur. « Dans le Sud, c'est un regroupement de producteurs, on a une liste de producteurs et ils nous livrent directement », précise-t-elle. 

Même si elle estime que la filière de la fleur française se restructure, la recherche de ses producteurs n'a pas été simple pour l'artisane. « Il faut les chercher ! C'est moins facile de trouver une petite productrice qui fait sa propre communication, que de trouver un énorme grossiste qui travaille depuis des années et qui est installé sur le marché », lance-t-elle. Désormais, les habitudes sont bien installées et le contact facilité par la présence de producteurs normands au marché d'intérêt national (MIN) de Rouen.

Sensibiliser les clients

Dans la boutique de Mélissa, les clients ne trouvent donc pas de bouquets de roses pour la Saint-Valentin. « Globalement, ça a été reçu de façon positive. On est passé de fleurs dont on ne sait pas comment et où elles ont été exploitées, ni transportées à des fleurs locales dont on connaît les circuits d'approvisionnement. C'est beaucoup plus rassurant pour la plupart des gens », explique-t-elle. « Cela les a amenés à se questionner et à se dire ''mes fraises je les achète pas en hiver, alors pourquoi j'achète mes roses en hiver ?'' » Et raconte : « Souvent, des clients viennent nous voir et nous demande directement ''qu'est-ce que je peux avoir comme belles fleurs françaises'', là on se dit que le travail est fait ! »

Car, une partie du travail de Mélissa et de son équipe est la sensibilisation. « Ca fait des années qu'on travaille avec des fleurs qui sont là toute l'année, les clients y sont habitués. Ce n'est pas par manque d'envie mais par manque de connaissance qu'ils achètent comme ça », estime la gérante de NAO. À travers un bouquet, un conseil, un événement, mais aussi des ateliers, la fleuriste plante des graines dans la tête de ses clients. Plus que les clients, Mélissa Delecour se dit prête à former d'autres professionnels pour étoffer le nombre de fleuristes engagés.