Brexit : la ligne Dieppe - Newhaven pourrait tirer son épingle du jeu

En 2019, DFDS transportait 40 000 pièces de fret, 375 000 voyageurs et 127 000 voitures sur la ligne Dieppe Newhaven. (© Aletheia Press / B.Delabre)
En 2019, DFDS transportait 40 000 pièces de fret, 375 000 voyageurs et 127 000 voitures sur la ligne Dieppe Newhaven. (© Aletheia Press / B.Delabre)

Le Gouvernement britannique a annoncé vouloir installer un troisième aller-retour sur la ligne en basse-saison. Une façon de montrer que la ligne Dieppe – Newhaven peut se positionner comme une alternative crédible aux lignes du détroit.

Les temps sont durs pour les compagnies de ferries. La pandémie et les confinements qui y sont associés ont lourdement plombé le trafic « passagers ». Le port de Dieppe et sa ligne Dieppe – Newhaven ne fait pas exception à la règle. Néanmoins, elle pourrait paradoxalement être l’une des gagnantes – si gagnants il y a – du Brexit. L’encombrement du détroit, entre Douvres et Calais, questionne en effet les transporteurs. La ré-instauration de contrôles douaniers pourrait en effet ralentir conséquemment le temps de transit. Et, en matière de logistique plus qu’ailleurs, on le sait, le temps c’est de l’argent.  Des reports de flux sont donc envisagés vers des zones moins saturées, comme la ligne Dieppe – Newhaven.

Un troisième aller-retour en basse-saison

C’est en tout cas l’idée des autorités britanniques qui ont annoncé apporter leur soutien à la ligne en proposant un troisième aller-retour en basse saison, pour préserver les capacités d’importation de produits de première nécessité. L’augmentation du nombre d’allers-retours devrait être mise en place début 2021. Cela résulte aussi de la demande des transporteurs d’une plus grande régularité entre la haute et la basse saison et de disposer d’horaires plus adaptés. Une vraie opportunité pour le groupe DFDS, gestionnaire de la ligne, qui, mis en difficulté par les confinements, a annoncé vouloir se séparer de plus de 140 de ses collaborateurs en France, sur les places de Dieppe et de Calais. « La ligne reste fragile, avoue Alain Bazille, vice-président du Département de Seine-Maritime et président du Syndicat mixte de promotion de l’activité transmanche. On vient d’avoir les résultats d’une étude d’impact économique qui démontre tout l’intérêt de la ligne pour le territoire dieppois et plus largement pour la Seine-Maritime. »

26 M€ d’investissement local

Cette étude, selon l’élu, justifie l’investissement que continue de porter la collectivité dans le port de Dieppe. En 2020, la contribution publique du Syndicat Mixte de Promotion de l’activité transmanche est de 26,6 millions d’euros, portés en quasi-totalité (25,9 M€) par le seul Département de la Seine-Maritime. « Ce que je souhaite, c’est que d’autres collectivités dans le pays dieppois, ou à la région, puissent venir en appui pour nous aider à porter les coûts. Tout le monde est convaincu de l’intérêt économique et en terme d’emploi. » Ainsi, fort de cette étude et des pistes qu’elle a mises en exergue, le Syndicat Mixte de Promotion de l’activité transmanche compte développer des actions concrètes de promotion de la ligne, notamment en matière touristique pour pouvoir doper la fréquentation. « Notamment du côté français, précise Alain Bazille. Car la ligne c’est 75 % de touristes britanniques, et 25 % de français. Il y a vraiment une inversion de tendance à laquelle on doit s’atteler. »

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre