CES 2022 : retour au pragmatisme

Après une année en format digital, le CES, Consumer Electronics Show, salon phare de l'innovation technologique, de Las Vegas, rouvrait ses portes début janvier, avec moins de visiteurs et des projets plus proches du marché que de l'expérimentation. Témoignages.

Photo d'illustration
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Une année très particulière. Le 20 janvier, au cours d'une web conférence, les responsables du Village by CA Paris, accélérateur de start-up du Crédit Agricole, partageaient leur « retour d’expérience du CES 2022 », avec le témoignage de plusieurs participants. Après une année en format digital, en effet, le célèbre CES, Consumer Electronics Show, le plus important salon consacré à l'innovation technologique en électronique grand public, a rouvert ses portes à Los Angeles, ce mois de janvier. Mais les allées sont restées clairsemées. D'après les chiffres du Village by CA Paris, le nombre de visiteurs a été divisé par quatre : ils étaient 40 000, contre 170 000, il y a deux ans. Le nombre d'entreprises, lui, a été divisé par deux : 2 300 contre 4 000 en 2020. « Les géants du web n'étaient pas là, mais les start-up ont fait l'effort de venir », analyse Fabrice Marsella, directeur général du Village by CA Paris. En effet, elles étaient 800, contre 900 il y a deux ans. Et 130 d'entre elles venaient de France, ce qui en fait la deuxième délégation la plus importante du salon, derrière celle des États-Unis.

Le CES constitue un « moment phare pour la visibilité des start-up. C'est également un moment d'échanges, qui peut changer leur trajectoire, à l'occasion d'une rencontre avec des clients ou des investisseurs. Et c'est aussi le lieu de l'émulation collective, où l'on regarde les autres innovations », témoigne Clara Chappaz, directrice de la mission French tech dans une vidéo enregistrée à Los Angeles.

Romuald Boulanger, co-fondateur de la start-up La Vitre, apportait son témoignage, lors du « retour d'expérience » du Village by CA Paris. Présent pour la première fois cette année au CES, il ne regrette pas le voyage... « Il est un peu tôt pour dire si l'opération est rentable, mais tous les indicateurs sont au vert. Suite à l’événement, des discussions sont en cours, des projets se dessinent », explique-t-il. De fait, participer au CES s'avère stratégiquement important : « nous sommes pour l'instant présents sur le marché français, et un peu européen. Être présent au CES nous crédibilise. Cela permet de faire connaître notre produit et d'aller à la rencontre de futurs clients internationaux », complète Romuald Boulanger.

Des solutions pour le travail d'aujourd'hui

Il est vrai que l'offre de sa start-up se révèle particulièrement en phase avec les tendances sociétales actuelles : La Vitre consiste en un dispositif de visioconférence grandeur nature, assuré par des écrans tactiles à taille humaine, équipés d'outils intégrés dont un traducteur automatique (60 langues). Déjà 120 exemplaires du produit ont déjà été vendus à des clients comme Natixis, Engie ou Bouygues.

Plus largement, au CES, le thème « Futur of work » était particulièrement bien représenté. Parmi les pépites décelées par le Village by CA Paris figurent, par exemple, deux start-up françaises. La première, Auum propose une alternative aux gobelets jetables, à la fois hygiénique et respectueuse de l'environnement. La machine lave, désinfecte et sèche un verre sans gaspiller d'eau, le tout, en quelques secondes... Les investisseurs y croient : la start-up a déjà levé 1,3 million d'euros de fonds. Autre exemple, Spoke qui propose une solution utile, à l'heure où les réunions en visioconférence sont devenues le quotidien de nombreux salariés. Cette application, actuellement en bêta test, enregistre, résume et retranscrit (sous format texte) toute conférence vidéo. Le dispositif, disponible sur Zoom, se base sur l'intelligence artificielle.

Mais l'ensemble des autres thèmes habituellement présents au CES étaient également là. Comme la Health tech, déjà très bien représentée, encore boostée par la pandémie. Mais aussi, l'agritech, ou encore, les smartcity et l'automobile... Dans ce domaine, Eric Feunteun, responsable chez Renault de Software République, incubateur qui regroupe six grandes entreprises, voit se dessiner plusieurs évolutions. Pour la suite, « je vois des connexions possibles entre la e-santé et l'automobile, par exemple, avec des systèmes qui permettent d'empêcher l'endormissement dans le véhicule... Des connexions avec d'autres domaines peuvent se révéler fructueuses ». Mais aussi, sur le salon, relate-t-il, « en creux, ce qui est frappant, ce sont deux tendances qui n'étaient pas là cette année : j'ai vu peu de choses concernant les véhicules autonomes ou les services de mobilité. Or, il s'agissait de deux tendances très représentées les années précédentes ». Quant à Fabrice Marsella, au delà des thèmes abordés, il constate une forte tendance au CES, cette année : une approche « plus pragmatique », avec moins de projets expérimentaux, très éloignés du marché.