Chapeau bas à la maison Impertinence

Céline Cavé crée des couvre-chefs depuis 2003. Une passion qu’elle exerce en Normandie au sein de sa maison Impertinence.

En 2015, Céline Cavé découvre le monde de la haute couture et des concours. (© Aletheia Press / L. Brémont)
En 2015, Céline Cavé découvre le monde de la haute couture et des concours. (© Aletheia Press / L. Brémont)

« La vraie richesse de mon métier réside dans les rencontres », confie Céline Cavé, créatrice de chapeaux, tout récemment installée à Romilly-sur-Andelle. « Mes mains et ma créativité sont service de la personne », poursuit la quarantenaire qui travaillait dans les ressources humaines avant de se lancer dans l’artisanat d’art en 2003.

« Avec ma sœur, nous avons ouvert à Rouen une boutique de bijoux. Je faisais aussi des chapeaux pour mon plaisir depuis longtemps, j’ai commencé à en exposer sur les murs », se souvient l’artisane. Les accessoires pour cheveux, les bibis et autres casquettes, des modèles simples et courants, rencontrent un succès grandissant, au point de prendre le pas sur les bijoux. La maison Impertinence voit le jour, la modéliste se lance dans la création sur mesure. Par commodité, la boutique est fermée au profit d’un showroom au domicile de la créatrice, à Val-de-la-Haye.

Un corps, une personnalité, une tenue

« Je prends en compte le corps, la personnalité et la tenue pour un évènement particulier », explique la créatrice. « Parfois, une jeune femme va m’expliquer qu’elle aime moins un profil, qu’elle se trouve trop ronde, je l’écoute, j’en tiens compte. J’adore voir son regard s’illuminer quand elle revient essayer son chapeau et que le résultat lui plait ». Les liens, les souvenirs sont aussi source d’inspiration. « Des clients m’ont demandé un chapeau de pluie noir, tout simple, pour leur grand-mère de 95 ans. J’ai eu l’idée d’en confectionner un personnalisé à partir de photos et de souvenirs en noir et blanc. C’était très émouvant ».

Si la fantaisie et la modernité sont bien présents, les aspects pratiques n’en sont pas pour autant oubliés : « Une maman doit pouvoir ramasser le doudou de son enfant tombé par terre ». Les créations ont souvent un côté simple, aérien. « Les chapeaux écrasant la coiffure, ton sur ton comme en Angleterre, ce n’est pas possible » résume la créatrice qui estime que le métier de chapelier mérite d’être dépoussiéré.

La créatrice réalise les formes à chapeaux en bois. (© Aletheia Press /L. Brémont)

Haute-couture et concours

Derrière ce travail se cache également une bonne dose de savoir-faire : les techniques de couture, bien sûr, mais également la teinture et même la fabrication de forme à chapeaux en bois ! « Je n’ai fait aucune formation, j’ai tout appris par moi-même. J’ai dû faire et défaire encore et encore, créer mes propres gestes ». Réaliser des chapeaux de pluie, étanches mais laissant la transpiration s’évacuer, demandent ainsi six mois de mise au point. « Je peux utiliser tout ce qui m’entoure pour travailler, mouler la forme d’un chapeau sur une louche, un saladier. Parfois, je me relève la nuit car j’ai pensé à quelque chose. Une idée en appelle quatre autres. C’est un enfer » s’amuse la créatrice.

En 2015, une cliente demande une création pour le prix de Diane. Céline Cavé apporte le chapeau sur place, trop volumineux pour être envoyé. Elle entre alors dans l’univers des concours et des défilés de haute couture. Des chapeaux bateau (à l’occasion de l’Armada 2019) ou nuage prennent alors vie. « Je veux que ma création pose question, que l’on se demande comment cela tient, pourquoi une plume est placée là » explique-t-elle. Elle poursuit : « Il faut aussi être ouvert aux nouvelles technologies » avant de confier essayer prochainement l’impression 3D.

Depuis, les récompenses s’accumulent : Prix de Diane Longines 2016, 2017 et 2018, premier prix du chapeau féminin au château de Cheverny 2018, trophée de l’artisan d'Art 2020 décerné par le département de Seine Maritime… Ce sont également l’occasion de belles rencontres, comme avec Sophie Thalmann, Miss France 1998. « C’est un métier de rêve » conclut, avec un large sourire, Céline Cavé.

Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont