Contournement Est : les acteurs économiques mettent la pression

De g. à dr. : Christian Boulocher (UPR), Daniel Cornet (Club Elan), Gilles Treuil (CCI Normandie) et Vincent Laudat (CCI Rouen Métropole).
De g. à dr. : Christian Boulocher (UPR), Daniel Cornet (Club Elan), Gilles Treuil (CCI Normandie) et Vincent Laudat (CCI Rouen Métropole).

Désormais purgée de tout recours, rien ne semble s’opposer à la réalisation du projet autoroutier de contournement de Rouen. Les acteurs économiques en appellent à la responsabilité des élus.

« Plus rien ne doit s’opposer désormais à la réalisation du Contournement Est de Rouen ». Vincent Laudat, le président de la CCI Rouen Métropole, avait convié le 2 décembre, l’ensemble des représentants des acteurs économiques du territoire à montrer leur unité pour défendre le projet autoroutier qui défraie l’actualité rouennaise depuis plus de cinquante ans… En effet, si le conseil d’Etat vient de débouter l’ensemble des recours déposés contre le projet, celui-ci n’est pas encore définitivement acté. Reste en effet à en sécuriser le financement, qui dépend grandement des collectivités territoriales. Celles-ci devront débourser 245 millions d’euros pour boucler un budget total de 890 millions d’euros. Or, les dernières élections municipales ont changé la donne au sein de la Métropole Rouen Normandie, avec un renforcement de la tendance écologiste, globalement opposée au projet.

Décongestionner Rouen

Mais, pour les acteurs économiques, ce contournement autoroutier est in-dis-pen-sable. Au point que la CCI annonce, d’ores et déjà, qu’elle sera candidate pour devenir concessionnaire du tronçon (soit 400 millions d’euros d’investissement). L’enjeu premier est évidemment le désengorgement de la métropole. « Dans l’enquête ambition 2030 que nous avons conduite en janvier dernier, 80 % des chefs d’entreprise se plaignent des conditions de circulation à Rouen », insiste Vincent Laudat. « Au moindre incident, toute la ville est bloquée », s’emporte Patrick Coquelet, délégué du Medef. Une perte de temps et d’argent pour les transporteurs, les salariés, les chefs d’entreprise, et leurs clients… « Nous avons déjà des retours d’entrepreneurs, notamment immobiliers, qui vont remettre en cause leurs investissements si le projet n’aboutit pas », poursuit Patrick Coquelet. Pour tous, trop de véhicules traversent Rouen sans raison. Selon Daniel Cornet, président du club Elan, l’aménagement permettrait de réduire de 60 à 80 % le nombre de poids lourds pénétrant dans la Métropole depuis l’Est ; et de 10 à 20 % le nombre de véhicules légers. Un allégement de trafic, qui plus est, viendrait appuyer le projet de zone à faible émission de carbone porté par les élus de la Métropole.

Des retombées régionales

Mais surtout, ce projet dépasse largement la seule place rouennaise. « Il doit permettre d’assurer la continuité autoroutière nationale Nord-Sud, et la continuité du contournement du bassin parisien » rappelle Gilles Treuil, le président des CCI de Normandie. De quoi booster l’activité de toute la Normandie et au-delà. De quoi aussi donner le souffle nécessaire au port de Rouen pour assurer son rôle de barycentre de la nouvelle place portuaire de l’axe Seine en cours de création. « La desserte terrestre est un enjeu essentiel pour notre port, défend Christian Boulocher, le président de l’Union portuaire rouennaise. Il ne faut pas opposer les différents modes de transport. Ils se complètent, et nous avons besoin transport routier fluide. »

Certes. Mais l’amélioration de la qualité de vie des Rouennais doit-elle se faire au détriment des territoires ruraux ? Pour Guillaume Lentier, président du Groupement des Industriels de la Vallée de l’Andelle et des Plateaux Est de Rouen, ce serait tout l’inverse : « Nous sommes aujourd’hui un peu frustrés d’être si isolés. Les neuf échangeurs prévus sur le nouveau tronçon devraient permettre de dynamiser nos territoires. »

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre