Crise : l’artisanat fait preuve de résilience

Dans quasiment toutes les régions, le secteur de l’artisanat s’est montré assez résistant sur le front de l’emploi, en évitant les lourdes répercussions causées par les périodes de confinement.

Photo d'illustration
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Sur ses effectifs, le secteur de l’artisanat a réussi à «limiter la casse» face à la pandémie de la Covid-19 , en dépit de toutes les incertitudes liées au contexte sanitaire, selon l’édition 2021 du Baromètre de l’artisanat de l’Institut supérieur des métiers (ISM) et la MAAF (Mutuelle d’assurance des artisans de France). Publiée à l’occasion de la semaine nationale de l’artisanat, du 4 au 11 juin, l’étude, basée principalement sur les données de l’Urssaf, évalue l’impact de la crise sanitaire sur les emplois salariés et indépendants.

En 2020, les emplois salariés ont ainsi progressé de 1,7% par rapport à 2019, ce qui correspond à 28 000 emplois créés, alors que, l’ensemble du secteur privé a enregistré une diminution des effectifs de 2%, soit environ 311 000 emplois supprimés. Globalement, le maintien des emplois salariés a été constaté sur l’ensemble du territoire. Toutefois, les dynamiques les plus nettes ont été enregistrées dans les régions de Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse (+3%), tandis que les moins fortes ont été observées dans les régions du Centre et de l’Est. Les Pays de la Loire, la Normandie et l’Ile-de-France affichent également des chiffres positifs.

Le BTP et l’alimentation tirent l’emploi vers le haut

La tendance positive sur le front de l’emploi est principalement portée par le BTP et l’alimentation. La création d’emplois salariés dans chacun de ces deux secteurs a progressé de 3%, soit, respectivement, 24 100 et 5 100 emplois. Ce rebond s’explique notamment par l’explosion de la demande en travaux de rénovation des logements et de la consommation à domicile, suscitée par les confinements. À l’inverse, les plus grandes pertes d’emplois ont été enregistrées – sans surprise - dans les secteurs les plus impactés par les contraintes sanitaires, notamment les transports ( taxis/ VTC, déménagements - 4%), ainsi que la coiffure et soins esthétiques (- 2%), avec, respectivement, 2 280 et 2020 emplois perdus.

Si l’emploi salarié s’est maintenu, en 2020, les entreprises artisanales ont globalement diminué leurs embauches de 8%. Mais, la tendance de recrutement est restée relativement stable au cours de l’année, sauf pour le second trimestre où la diminution des embauches s’est établie à 32% par rapport à 2019, en lien avec le confinement (-44 % pour l’alimentation, -35 % pour les services). Sur les six mois suivants, la reprise des recrutements a été tirée par l’artisanat du BTP, avec une hausse de 9% pour chaque trimestre, en comparaison avec la même période de l’année précédente. Dans les autres secteurs, une légère régression a été constatée en raison de la chute d’activité, de la grande prudence des entreprises et la baisse de mobilité des salariés, analyse l’étude.

La dynamique entrepreneuriale maintenue

Autre constat, malgré les doutes économiques liés à la crise sanitaire, les immatriculations d’entreprises ont légèrement progressé sur l’ensemble de l’année 2020 (+1%), à l’exception du second trimestre, marqué par un recul de 25%. La «dynamique» a été plus prononcée dans l’artisanat de fabrication (+4%), suivi par le BTP (+2%). Une chute de 2% a par contre été observée dans le secteur de l’alimentation, qui se justifie par la baisse des opérations de transmission-reprise, précise l’étude.

Concernant les indépendants, les résultats révèlent une légère hausse des immatriculations (+1%), malgré la baisse d’activité des micro-entrepreneurs. Sévèrement affectés et non couverts par les dispositifs d’aide gouvernementale, les micro-entrepreneurs de l’artisanat déclarent une baisse moyenne de 12% de leur chiffre d’affaires, mais plus nette pour les activités de taxis-VTC (-57%) et de coiffure/esthétique (-32%). Ce déclin devrait impacter les bénéfices de cette catégorie d’entrepreneurs qui se caractérise déjà par un revenu beaucoup plus faible comparativement aux travailleurs indépendants du régime classique.

De manière globale, les artisans ont su adapter leur activité au contexte particulier lié à la pandémie. Toutefois, l’équilibre financier de leurs structures a été fragilisé et peut menacer à moyen terme leur pérennité.

Aicha BAGHDAD et B.L