Série été

Duclair : Au Château du Taillis, la sauvegarde du patrimoine comme mission

Nicolas Navarro est le propriétaire du château du Taillis depuis une vingtaine d'années. 

Nicolas Navarro (à gauche) vit au rythme du château depuis ses 16 ans. (Photo Gazette Normandie)
Nicolas Navarro (à gauche) vit au rythme du château depuis ses 16 ans. (Photo Gazette Normandie)

Depuis plus de vingt ans, Nicolas Navarro vit au rythme des rénovations de son château, le château du Taillis à Duclair. Une bâtisse que ses parents, qui vivaient dans la banlieue de Paris, achètent en 1998. « Ne me demandez pas pourquoi, avant d'acheter ils n'y connaissaient pas grand chose », se remémore le jeune châtelain, qui avait 16 ans à l'époque. Et pourtant, ils tombent amoureux de cette propriété, agrandie, rénovée et abandonnée plusieurs fois entre sa construction au XVIe siècle et la Seconde Guerre mondiale. Et pour cause, le château du Taillis reste l'unique monument du style Seconde Renaissance italienne en Seine-Maritime, avec comme principale originalité de présenter, sur une même façade, 400 ans d'architecture.

En 1998, cette ancienne maison forte, classée Monument historique, est dans un mauvais état. La famille Navarro se donne pour mission de restaurer ce patrimoine. Mais, la tâche est grande. « Pendant 20 ans, on fait des travaux urgents pour sauver ce qui allait disparaître », relate-t-il. Plusieurs années après la création de son musée autour de la Seconde Guerre mondiale, ce passionné d'histoire sauve la serre, pièce maîtresse du château en très mauvais état, grâce à la Fondation Bern et le désormais célèbre Loto du patrimoine, en 2018. 

Petit à petit, les pièces du château reprennent vie. La maison du chapelain devient un gîte. Prochainement, l'orangerie devrait être restaurée en chambres d'hôtes. Pour l'heure, c'est une partie de la toiture, qui a subi les aléas climatiques de 2020, qui vient d'être rénovée. Et, cela représente un investissement de 80 000 €. « Pour 5% de la toiture », précise le propriétaire des lieux. Des travaux longs et coûteux qui s'ajoutent aux charges mensuelles pour faire vivre le château. « Je compte 5 000 euros de charges par mois entre les salaires, l'assurance, l'électricité, l'eau... », indique-t-il.

Des événements toute l'année

Pour financer ces rénovations, le propriétaire ne manque pas d'idées. Il a mis en place des événements tout au long de l'année pour s'assurer une rentrée d'argent indispensable pour continuer l'entretien du château. En plus des réceptions et du gîte, il a développé l'événementiel avec, par exemple, les commémorations du 8-Mai, événement incontournable, mais aussi les Rendez-vous au jardin, le marché de Noël ou encore les concerts du vendredi durant la période estivale. 

Plus récemment, Nicolas Navarro s'est emparé de la tendance "murder party" pour en proposer plusieurs fois par an aux particuliers et aux professionnels. « On essaie de développer des activités qui sortent du lot », note-t-il. Car, difficile pour lui de rivaliser avec les monuments publics qui proposent des animations gratuites aux visiteurs. « La plupart des visiteurs comprennent », relate Nicolas Navarro, qui met en avant sa proximité avec ceux-ci. 

Un modèle économique qui tient et qui permet à la famille de continuer sa mission. Une mission difficile. « C'est un choix de vie, une vie de sacrifices. Parfois, on se demande "à quoi bon" et finalement, il y a la satisfaction de contribuer à quelque chose », songe-t-il. Contribuer à la sauvegarde de ce patrimoine, si précieux, que Nicolas Navarro espère transmettre à ses enfants.