Harfleur : l’impression 3D expérimentée dans la construction

Une imprimante 3D pour construire un bâtiment. Cela semble incroyable. C’est pourtant cette technique expérimentale qu’a utilisée Bouygues Construction à Harfleur pour édifier une loge de gardien.

L’impression 3D est plus rapide quand il s‘agit de formes complexes et moins gourmande en béton. (© Devisubox)
L’impression 3D est plus rapide quand il s‘agit de formes complexes et moins gourmande en béton. (© Devisubox)

« Pendant longtemps, le secteur du bâtiment a connu des évolutions mais pas de véritable révolution, avec deux techniques : les parpaings ou les banches et la préfabrication utilisée après la Seconde Guerre mondiale. La 3D est apparue très récemment », résume Bruno Linéatte, directeur R&D modes constructifs bâtiment chez Bouygues Construction.

Trois bâtiments en France

Aujourd’hui en France, trois bâtiments seulement ont été construits avec cette technique qui est en phase d’expérimentation. Pour autant, les avantages se dessinent déjà. Dernier exemple en date, la construction d’une loge de gardien de 29 mètres carrés, baptisée la sphère, dans la résidence Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny à Harfleur, fin 2020. En une semaine, le bâtiment a été édifié grâce à un robot, commandé par un ordinateur appartenant à CB construction, une start-up partenaire de Bouygues Construction. Recourir à un coffrage traditionnel, ici sur mesure, aurait nécessité des semaines de travail. « Une telle technologie n’est avantageuse que pour concevoir des formes complexes et uniques comme ici avec un bâtiment circulaire » souligne Bruno Linéatte. Autre bénéfice de taille : « On utilise 10 à 30 % de béton en moins ».

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La sphère, la loge de gardien de la résidence Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny à Harfleur. (© Archetude)

De la même façon que pour la fabrication additive plastique, le robot superpose des couches successives d’un béton spécifique. Les caractéristiques du béton permettent de sécher assez rapidement pour supporter une nouvelle couche sans se déformer. Mais la prise ne doit pas être trop rapide pour assurer la solidarité sur l’ensemble de la construction. « Cet aspect chimique est particulièrement complexe » complète Bruno Linéatte. Par ailleurs, la machine doit être alimentée sans discontinuité durant l’édification de chaque pièce qui constitue le mur. Pour autant, l’impression 3D attise les curiosités et un nouveau projet pourrait voir le jour prochainement, toujours en Normandie.

Plus attractif pour les jeunes

Cependant, une construction aux formes complexes, même en faisant appel à la 3D, restera plus chère qu’un bâtiment classique. « On peut encore probablement diminuer les coûts en pré-fabriquant en usine. Si nous avons construit la loge sur place, avec les contraintes que cela implique, c’était aussi dans un but pédagogique, note le responsable. Sur le plan de la main d’œuvre, le robot assure les tâches répétitives, pénibles et dangereuses, mais il ne fonctionne pas seul. Il faut plusieurs personnes qualifiées pour le faire fonctionner. » Plus de sécurité et plus de qualifications, « cela pourrait représenter un nouvel attrait pour les jeunes » conclut, avec espoir, le directeur R&D modes constructifs.

Pour Aletheia Press, Lætitia Brémont