L’industrie pharmaceutique s’épanouit toujours en Normandie

Fin novembre, Polepharma a organisé les quatrièmes journées de microbiomique à Rouen. L’occasion d’un état des lieux d’une filière très présente en Normandie.

Fabien Riolet, directeur général de Polepharma. (© Aletheia Press / B.Delabre)
Fabien Riolet, directeur général de Polepharma. (© Aletheia Press / B.Delabre)

Attention, invasion de chimistes et scientifiques. Le Kindarena de Rouen a accueilli les 22 et 23 novembre les quatrièmes journées de Microbiomique organisées par Polepharma, le cluster interprofessionnel de la pharmacie en France. L’occasion pour la profession de faire le point sur « l’actualité de la recherche translationnelle et des applications de la science des microbiotes »… Mais aussi pour nous, de dresser un état des lieux d’une filière très présente en Normandie.

En effet, la crise du Covid, notamment, a mis en évidence la fragilité du pays face à ses approvisionnements en médicaments. « En 2002, lorsque Polepharma a été créée, la France était le premier producteur industriel d’Europe, rappelle Fabien Riolet directeur général de l’association, née en Normandie. Aujourd’hui, elle est au cinquième rang. » La faute, selon lui, à une forme de désintérêt pour la question industrielle de la part de l’Etat et aussi à la politique de prix encadrés visant à protéger le budget de la sécurité sociale…

Un nouvel élan

Désormais, un nouvel élan semble naître. « Les discours changent. Réindustrialisation n’est plus un gros mot, et il y a des aides à l’investissement, souligne le directeur de Polepharma. On en voit déjà les effets chez nos adhérents, avec principalement des augmentations de capacités de production. » Et il y a une meilleure prise en compte du Made in France dans la fixation des prix des médicaments. « Cela fait bouger les lignes, des laboratoires étrangers sont revenus vers les façonniers français » précise encore Fabien Riolet.

Reste à faire un meilleur lien, aussi, avec la recherche. Pour Fabien Riolet, la recherche reste très performante en France. Mais la connexion avec l’industrialisation est difficile. « Il est difficile de lever des fonds en France, pour les start-ups de la biotech, explique-t-il. Elles sont souvent rachetées par des fonds américains. »

Discussions autour des perspectives ouvertes par le microbiome en matière de médicaments. (© Aletheia Press / B.Delabre)


Investissements et emplois

« Les compétences sont toujours là, insiste le cadre. Et les outils industriels aussi. Nous n’avons pas connu la déprise industrielle que d’autres secteurs ont vécue. C’est une industrie qui investit en permanence ». En témoigne l’investissement de 2,1 milliards d’euros annoncé ce 23 novembre par le danois Novo Nordisk pour son usine de Chartres (production d’insuline).

Ainsi, la descente de « ranking » de la France en termes de production n’a pas affecté structurellement la filière, qui génère encore 26 milliards d’euros de chiffre d’affaires. L’industrie pharmaceutique génère à elle seule 42 000 emplois directs (et 80 000 emplois filière), dont 10 000 en Normandie, second bassin de production français, derrière Rhône-Alpes (12 000 emplois directs). Mais comme d’autres industries elle peine aussi à recruter. Et comme d’autres, elle se mobilise pour se présenter aux jeunes comme une filière attractive.

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre