La start-up "1km à pied" réduit les trajets quotidiens des salariés

Fondée en 2020 par Laure Wagner et Waï-Ki Wong, "1km à pied" traque les trajets domicile-travail inutilement longs. Le logiciel à destination des équipes RH identifie les employés qui pourraient faire le même travail plus près de chez eux. Objectif : permettre aux salariés de faire moins de kilomètres en voiture pour améliorer leur qualité de vie, leur pouvoir d'achat et leur bilan carbone.

La start-up "1km à pied" réduit les trajets quotidiens des salariés

« La moitié des actifs français travaillent pour des employeurs multisites. La majorité d’entre eux ne travaillent pas sur le site le plus près de chez eux », constate Laure Wagner. Depuis 2020, la start-up œuvre ainsi à réaffecter les employés de terrain près de chez eux pour décarboner les trajets domicile-travail. « Un kilomètre à pied ça use les souliers. Mais j'ajouterais que "ça n'use que les souliers" car c'est bon pour pour la santé, le climat, le portefeuille et pour la décongestion des villes ». Ce nom d’entreprise, qui comprend à la fois une distance et un mode de transport, est surtout « un futur souhaitable. C’est notre vision. Nous souhaitons montrer que l’on peut changer de paradigme et corriger la norme quotidienne qui est aujourd’hui de faire 15 km en voiture matin et soir ».

Partie de l’hypothèse que des millions de personnes pourraient faire le même travail à côté de chez eux, l’ancienne salariée de BlaBlaCar avait à cœur de continuer à réduire les trajets en voiture. D’où la mise au point, après une année de recherche et développement, d’un logiciel RH permettant de cartographier et d’analyser les trajets domicile-travail actuels des salariés et de mettre en avant les rapprochements vers d’autres sites.

Mobilités inter-sites

Sa cible ? Les employeurs publics et privés multisites qui ont des employés de terrain, de l’hôtellerie-restauration, du BTP, de la santé, les EHPAD, la sécurité, le transport, les énergies, les services aux entreprises, la petite enfance, le service public, les collectivités territoriales, liste Laure Wagner. « Soit la moitié des actifs français », clame-t-elle. A l’échelle de la France, on estime qu’il y a 7 millions d'employés de terrain qui travaillent pour 12 000 employeurs multisites. Quatre ans plus tard, 1km à Pied travaille ainsi pour Auchan, Carrefour, Point P, Lidl sur toute la France et pour l’Eurométropole de Strasbourg. Grâce à son logiciel, dont le prix de la licence annuelle dépend du nombre de salariés, elle réalise la première étape de diagnostic des trajets existants. « Nous calculons le nombre d’automobilistes qui sont en mesure, pour le même trajet, de passer à un autre moyen de locomotion, comme le vélo, le covoiturage ou les transports en commun ». Soit, dans le jargon de la mobilité, le report ou transfert modal potentiel pour chaque salarié, qui correspond au passage d’un mode de déplacement à un autre. Grâce à la data-analyse, la start-up est en mesure de qualifier les trajets des salariés et de leur proposer un plan mobilité employeur chiffré et priorisé. « Nous calculons, par exemple, le taux de pistes cyclables sur les itinéraires des salariés pour montrer à l’employeur s’il est opportun ou pas de lancer un plan vélo », explique-t-elle.

Un gain médian quotidien de 20,4 km

Les deux associés se sont lancés après avoir fait plusieurs constats : 72,5% des salariés effectuent leur trajet domicile-travail en voiture (EMP 2019 Service des données et études statistiques, SDES) et « la moyenne des trajets des Français est de 13,3 km par jour, trop distant pour passer au vélo ».

L’entrepreneure assure qu’il y a « un potentiel de réduction des distances colossal ». Ainsi, le logiciel a calculé qu’en moyenne chez ses clients, 62% des employés avaient un site plus près de chez eux. Et le gain médian constaté pour ces employés est de 10,2 km à l’aller, donc 20,4 km par jour, soit 4 500 km évitables pour chaque salarié, chaque année. « Les salariés passent ainsi de 15 à 5 km en moyenne, grâce à nous. » Un gain d’autant plus important pour tous les postes qui ne sont pas éligibles au télétravail, insiste-t-elle. Ainsi, pour les trois quarts des actifs français qui sont des travailleurs du réel –74% des actifs français ont un emploi de terrain peu ou pas éligible au télétravail, selon la Fondation Concorde, think tank–, « le seul moyen de leur faire faire des économies sur leurs trajets est d’en réduire la distance ».

Pour l’heure, n’étant pas connectée aux logiciels RH et n’ayant pas de remontées de la part des entreprises, Laure Wagner ne peut pas mesurer son impact. « Un jour nous serons connectés aux logiciels RH et pourront comptabiliser les gains liés aux mobilités inter-sites opérées ».

Avec un potentiel de 7 millions de tonnes de CO2 économisables par an, à l'échelle de la France, BPIfrance, banque publique d’investissement, a intégré la start-up dans sa communauté « Coq vert ». Une communauté qui réunit plus de 300 entreprises engagées dans la transition énergétique, des acteurs des énergies renouvelables et des greentechs. Labellisée Greentech Innovation par le ministère de l’Economie, la start-up est également lauréate du programme d’accompagnement Propulse du ministère des Transports.

Charlotte DE SAINTIGNON