Le CHU de Rouen s'équipe pour sécuriser ses préparations en pharmacie

L'hôpital Charles Nicole a installé, début mars, cinq assistances intelligentes pour ses préparateurs en pharmacie. Un produit développé par la start-up Eurekam, fondée par deux Normands.

La caméra vérifie et valide (ou non) auprès de l'opérateur le produit utilisé, son dosage et sa destination. (© Eurekam)
La caméra vérifie et valide (ou non) auprès de l'opérateur le produit utilisé, son dosage et sa destination. (© Eurekam)

Eviter les erreurs de préparation dans les poches de chimiothérapie. Voilà la mission que s'est lancé la start-up de la med-tech EureKam. Fondée près de La Rochelle par deux Normands, l'entreprise vient tout juste de livrer cinq de ses solutions DrugCam au CHU de Rouen. Ce sont ainsi 25 000 préparations de chimiothérapie dont le contrôle va être renforcé chaque année, soit la quasi-totalité de la production du CHU.

« On estime à 9 % le taux d'erreur dans ce type de préparations », constate Loïc Tamarelle, co-fondateur de l'entreprise avec Benoît Le Franc. Cela s'explique par l'approche très « artisanale » que nécessitent ces préparations uniques, adaptées à chaque patient. En général, un double contrôle visuel est pratiqué. Une solution efficace mais qui mobilise deux personnes et laisse encore trop de place au facteur humain. Fatigue et répétition des gestes sont source, potentiellement, d’erreurs aux terribles conséquences. De quoi aussi générer du stress au travail pour les préparateurs en pharmacie et les pharmaciens des établissements de santé.

Une assistance dynamique

Eurekam propose donc une solution tech, DrugCam, qui sécurise encore cette étape. « On ne peut pas l'automatiser totalement, explique Loïc Tamarelle. Certaines tâches sont complexes et ne peuvent être réalisées que par un humain. » C'est donc à une caméra, associée à une intelligence artificielle, que se fie Eurekam. Un module d'assistance filme le plan de travail et donne des directives dynamiques au préparateur, afin de vérifier qu'il donne le bon produit, à la bonne dose et pour le bon patient. Un second module, permet, quant à lui, d'apporter une assistance à la libération du traitement, c'est-à-dire qu'il aide le pharmacien à vérifier que le traitement est bien celui correspondant à la prescription de l'oncologue.

De quoi réduire le risque d'erreur. « On estime qu'en moyenne, notre solution arrête deux erreurs graves par semaine chez chacun de nos clients », assure encore Loïc Tamarelle. Mais c'est aussi une solution pour limiter aussi les coûts et le gaspillage liés à la destruction de poches douteuses.

Loïc Tamarelle lors d'une conférence de presse donnée à Rouen le 30 mars. (© Aletheia Press / B.Delabre)

Douze systèmes installés en Seine-Maritime

La solution en tout cas séduit. Une centaine d'établissements s'en sont déjà équipé, dont le CHU de Rouen, donc, mais aussi le centre Henri Becquerel de Rouen, et le groupe hospitalier Jacques Monod au Havre, qui figurait déjà parmi les établissements béta-testeurs. L'installation de ses solutions (ainsi que leur maintenance et l'assistance à ses utilisateurs) coûte environ 40 000 € HT. Le CHU de Rouen a investi dans cinq de ces dispositifs, le Centre Becquerel dans quatre, et le groupe Jacques Monod dans trois...

Fondée en 2015, Eurekam compte aujourd'hui 20 salariés, spécialistes de la santé ou de l'intelligence artificielle et de l'analyse d'image. Depuis 2013, elle a réalisé des levées de fonds à hauteur de 9,4 M€. En 2021, elle a dégagé plus de 2 M€ de chiffre d'affaires, et pourrait atteindre 2,4 M€ en 2022 (bilan non arrêté).

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre