Les TPE-PME encore éloignées de la sortie de crise

Alors que la cinquième vague de Covid-19 monte en puissance, les TPE-PME se retrouvent face à plusieurs obstacles, notamment la hausse des prix des matières premières et de l’énergie, le remboursement du PGE, ainsi que les difficultés de recrutement. Point de situation avec la dernière enquête de la CPME.

Photo d'illustration Adobe Stock
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L’activité reprend mais pour autant les TPE-PME restent fragiles financièrement et confontées à de nouvelles contraintes. Ce constat ressort de deux enquêtes réalisées par la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) auprès de plus d’un millier d’entrepreneurs, interrogés entre le 18 et le 30 novembre 2021.

Une situation financière délicate

Les données publiées dévoilent que depuis le début de la crise sanitaire et économique, 40% des dirigeants subissent toujours une dégradation de leur situation financière, dont 60% travaillant dans le secteur de l’hébergement-restauration, fortement touché par les conséquences de la pandémie. Parmi eux, 32% anticipent même une détérioration de leur situation globale au cours des prochains mois (contre 29% au troisième trimestre par rapport au précédent), tandis que 19% s’attendent à une amélioration (vs 29% au troisième trimestre).

D’après la CPME, 29% des entreprises ayant contracté un PGE (Prêt garanti par l'État) se jugent incapables de le rembourser dans les conditions actuelles (taux et durée d’emprunt). Plus encore celles ayant utilisé le PGE intégralement ou en quasi-totalité (45%) et les structures de moins de 9 salariés (33%).

Des problèmes d’approvisionnement

Parmi les difficultés qu’ils rencontrent, 8 dirigeants sur dix affirment que leurs entreprises sont négativement impactées par la hausse des prix de l’énergie et des matières premières. En détail, 82% sont pénalisés par ces augmentations et 52% éprouvent des difficultés à s’approvisionner. Seulement 10% déclarent pouvoir répercuter intégralement l’augmentation sur leurs prix de vente. Environ 63% des entreprises sondées ont pris des initiatives ou comptent en adopter prochainement pour surmonter ces tensions. Parmi ces mesures, 35% des chefs d’entreprises privilégient la baisse de leur consommation, notamment de carburant en réduisant les déplacements, 31% préfèrent augmenter les prix de vente et 22 % veulent acquérir des équipements plus économes.

Difficultés de recrutement et hausse des rémunérations

En matière d’emploi, une grande majorité des structures sollicitées confirment rencontrer des problèmes de recrutement. Près de 64% des dirigeants sont à la recherche de profils dans un métier jugé en tension. Parmi ceux-ci, 76% constatent une hausse des prétentions salariales des candidats. Pour attirer les talents, près de la moité (49%) ont déjà consenti à augmenter le salaire moyen à l’embauche. Dans cette logique, 58% des dirigeants craignent qu’une entreprise concurrente vienne débaucher certains de leurs employés. Pour préserver leurs effectifs, un peu plus de la moitié des entreprises interrogées ont amélioré leurs conditions de travail (télétravail, horaires, etc.), 31% ont augmenté les salaires des personnes susceptibles de partir et 23% instauré de nouveaux dispositifs (participation, épargne salariale, etc.).

De manière générale, 34% des dirigeants prévoient des hausses de rémunération généralisées dans l’entreprise au 1er janvier prochain, quand 31% restent encore indécis. D’autre part, 61% des entreprises prévoyant d’augmenter les salaires déclarent que la mesure se traduira par une diminution de leurs marges, 40% envisagent de répercuter ces augmentations sur leurs prix de vente et 18% comptent renégocier les prix avec leurs fournisseurs.

Malgré les disparités entre secteurs d’activité, les informations publiées par l’organisation patronale attestent que les petites organisations risquent d’être touchées par la cinquième vague de l’épidémie. « Ces différents éléments démontrent que si la reprise économique est bien là, les PME, confrontées à de nouvelles difficultés, restent encore fragiles et, coincées entre leurs clients et leurs fournisseurs, disposent de peu de marges de manœuvre », souligne l’organisme.

Aïcha BAGHDAD et B.L

L’indemnité inflation qui ne convainc pas

Proposée par le gouvernement pour compenser la hausse des prix de l’énergie, l’indemnité inflation de 100 euros, à verser aux salariés touchant moins de 2 000 euros net mensuels, est mal perçue par une large majorité des TPE-PME. En effet, 63% considèrent qu’il est anormal que les entreprises se substituent à l’Etat pour verser l’aide aux Français, 49% estiment qu’il s’agit d’une nouvelle dépense publique qu’il faudra rembourser plus tard et 41% que le montant de l’indemnité est insuffisant.

Difficultés d’approvisionnement : un nouveau plan de soutien

Le gouvernement a annoncé un nouvel arsenal de mesures visant à venir en aide aux secteurs les plus impactés par les tensions d’approvisionnement en matière premières ou composants électroniques, dont, notamment, un nouveau prêt jusqu’à dix ans, destiné aux entreprises industrielles, «afin de les accompagner dans le financement de leurs besoins en fonds de roulement et renforcer leur structure financière».