Normandie : À quoi pourrait ressembler le bureau de demain ?

La CCI Rouen Métropole, la CCI Caen Normandie et l'Observatoire du bureau et de l'activité en Normandie (Oban) ont réalisé une étude* sur le bureau de demain. Si le Covid a amené une réflexion sur le télétravail, il ne devrait pas être à l'origine d'un profond changement dans l'immobilier d'entreprise. 

Photo d'illustration Adobe Stock
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Ils étaient 19% de salariés en télétravail avant le premier confinement et 41% en mars 2020. Ce nouveau mode de travail a révolutionné les pratiques en entreprises. À l'image de la Défense, à Paris, qui s'est vidée de ses bureaux pendant la pandémie, ce qui n'est pas le cas à Rouen et Caen, le télétravail amène une réflexion autour du rôle du lieu de travail. 

À l'heure actuelle, les entreprises rouennaises et caennaises* disposent principalement de bureaux fermés (78% dans les deux communautés d'agglomération contre 66% en moyenne en France). Les open-space, avec des bureaux attitrés, sont présents dans 30% des entreprises interrogées (34% en moyenne en France). En revanche, le flex-office est très peu développé dans les entreprises rouennaises et caennaises (4%). Par ailleurs, avec une surface moyenne de 156 m2, 46% des entreprises utilisent différents types de bureaux, souvent bureaux individuels et open-space (19%). « Plus l'entreprise est petite, plus elle utilise de bureaux individuels et plus l'entreprise est grande, plus elle utilise l'open-space », précise Chloé Le Guillou, chargée d'études à la CCI Rouen Métropole.

La pandémie a changé l'état d'esprit des chefs d'entreprises sur le télétravail. Ainsi, 52% d'entre eux sont prêts à accepter un à deux jours de télétravail par semaine. « Ce nouveau mode de travail a été amplifié avec la crise, mais reste à mettre en place sur le long terme », indique la chargée d'études. En revanche, la pandémie et le télétravail n'ont pas amené les dirigeants à revoir leurs manières de travailler : "80% des entreprises interrogées n'envisagent pas de muter" selon l'étude des chambres consulaires.

Vers le flex-office à horizon 2030 ?

Les entreprises semblent se satisfaire de leur environnement de travail, avec un regain d'intérêt pour l'open-space de la part des dirigeants. « Cela peut s'expliquer par le fait que les open-space ont été plus ou moins occupés pendant la pandémie, donc que le bruit a été amoindri, mais aussi parce qu'il n'y a pas de perte d'espace », précise Chloé Le Guillou. Contrairement aux bureaux individuels qui se sont retrouvés vides pendant les confinements successifs.

Mais à horizon 2030, l'open-space et les bureaux individuels pourraient laisser plus de place au flex-office, selon l'étude présentée par les CCI. Alors qu'ils sont 76% à souhaiter l'utiliser, 54% des entreprises estiment que les bureaux individuels seront encore présents dans 10 ans (-16%). L'open-space pourrait être davantage utilisé que maintenant (30%), 37% des entreprises l'imaginent comme l'immobilier de demain. Cette étude montre une hausse de l'intérêt pour le flex-office à horizon 2030. Alors que seules 3% des entreprises l'utilisent aujourd'hui, 24% l'imaginent comme l'immobilier de demain (+21%). 

Un lieu de vie

D'ici 10-15 ans, les aménagements classiques (bureaux individuels et open-space) pourraient ainsi muter pour devenir des environnements de travail plus flexibles et "eco-friendly". « C'est la machine à café qui donne envie aux salariés de venir au bureau », s'exclame Camille Deschères de l'Oban. Et il semble que ceux-ci veulent voir en leur lieu de travail un véritable lieu de vie : 39% des entreprises interrogées imaginent un home-work, soit un même immeuble qui regroupe le lieu de travail et le lieu d'habitation.

Sur les services de demain, 68% des dirigeants imagines des transports partagés comme le covoiturage, 46% d'entre eux aspirent à davantage de transports en commun et 19% envisagent davantage de services de loisirs partagés. Les services idéaux seraient pour 43% des espaces bien-être pour les salariés, 33% un service de crèche et 8% de conciergerie. « On revient à ce système, non pas sous forme de conciergerie mais de gardien », déclare Christophe Demouilliez, président de la Fédération des promoteurs immobiliers de Normandie. Et d'ajouter : « Ce n'est plus le gardien comme on l'a connu mais plutôt un vecteur de lien social avec un rôle d'animation. » Cela rejoint les 27% des entreprises qui souhaitent des synergies inter-entreprises.

Le bien-être des salariés
et les préoccupations environnementales

En plus du bien-être des salariés, les préoccupations environnementales seront au cœur des changements à long terme. "35% des entreprises interrogées estiment que l'immobilier de bureau de demain sera composé d'espaces naturels à l'intérieur et autour des entreprises", selon l'étude des chambres consulaires.

Ainsi, le bureau de demain ressemblerait à une structure, économe en énergie, où se mêle lieux de travail et lieux de vie, avec des services mutualisés et dans un environnement naturel et ouvert. « Les espaces de travail pourraient être amovibles permettant de passer d'une salle de réunion à un open-space, et les salariés pourraient bénéficier d'une certaine flexibilité, alliant présence sur site et télétravail en fonction de la tâche à accomplir », présente Chloé Le Guillou. « Le bureau n'est pas mort », s'exclame Christophe Demouilliez, qui voit en ces nouveaux aménagements une « vraie opportunité ».

*Les CCI Rouen Métropole et Caen Normandie, avec l'Observatoire du bureau et de l'activité en Normandie (Oban), ont interrogé, en mai 2021, près de 480 entreprises tertiaires, présentes aussi bien dans les centres-villes (53%) qu'en périphérie (23%) ou dans les zones d'activités (24%), sur le territoire des deux communautés d'agglomération de Caen et de Rouen.