« Si on se limite au Made in France, on risque d'avoir des produits hors de prix »

« Si on se limite au Made in France, on risque d'avoir des produits hors de prix »

Un sapin de Noël Made in France, design, et… un peu coûteux à l’achat  : la dernière offre de la boutique en ligne Simon-Simone.fr, créée en plein confinement, illustre pleinement le dynamisme et les difficultés des entrepreneurs qui misent sur les marques françaises.Témoignage. 

Vous proposez un sapin de Noël très design et original, mais aussi plutôt coûteux. Est-ce acceptable pour les consommateurs ? 

A Noël, chaque année, cinq millions de sapins sont jetés. Et l’alternative, c’est le plastique… J’ai donc décidé d’en réaliser un, avec un partenaire basé dans le Cher, car je voulais qu’il soit Made In France (MIF). J’ai aussi tenu à soigner le côté décoration : le sapin est doté de petites étagères. Certains me disent qu’il est cher. Mais c’est un peu comme si on achetait un meuble, on peut le conserver longtemps. Et si le prix à l’achat peut sembler élevé, lorsqu’on le divise par 5, pour cinq années, cela fait 16 euros pour le petit modèle, et 44 pour le moyen. C’est une démarche différente : il s’agit de se dire que si l’on achète des produits de qualité, à terme, ce sont des économies. L’idée est née en septembre dernier, lorsque j’ai voulu présenter les produits commercialisés dans mon  concept store, au pied d’un sapin, pour une rencontre avec la presse. Nous en avons cherché un qui soit écologique, durable et design. En vain. 

Comment s’est déroulée l’ouverture de Simon-Simone.fr,  en plein confinement ? Quel était le pari de départ ? 

Cet été, j’étais en train de monter un projet de marketplace écoresponsable pour le groupe Prisma Media, quand tout s’est arrêté. Je me suis retrouvée à me demander ce que j’allais faire. J’ai décidé de monter un site marchand en proposant une sélection de marques, en associant le digital et la démarche écoresponsable. Même si j’avais déjà travaillé dans l’univers de la mode, j’ai choisi celui la maison, car l’offre en ligne y est moins riche. Entre Ikea et les designers, il n’y a pas grand chose…La promesse du site, ce sont des produits de qualité, design, et des marques françaises. Pour la plupart, il s’agit de marques de niche, comme Harmony, pour le textile de maison ou Moustache pour le design. Le critère de sélection est qu’elles produisent en France ou en Europe. C’est aussi une question de prix. Je voulais des produits design, mais qui restent abordables. Parfois, il revient beaucoup moins cher de réaliser une étape de production au Portugal. Si on se limite au MIF, on risque d’avoir des produits hors de prix. 

Avez-vous trouvé un accueil favorable, chez les marques que vous avez sollicitées, et chez les clients potentiels ? 

J’ai commencé ma démarche en m’adressant aux marques : elles se sont montrées enthousiastes, car elles ont trouvé un univers de design qui leur correspond, contrairement à certains sites qui proposent du MIF ou des produits écoresponsables, mais sans nécessairement le filtre du design.  Aujourd’hui, il y a  60 marques sur le site, et 600 produits. D’autres me sollicitent pour me proposer leurs produits. Je vais ajouter de la maroquinerie, des parapluies… J’ai du mal à tenir la cadence ! De l’autre coté, je suis étonnée par le  succès du site. En trois mois, j’ai eu 20 000 visiteurs uniques. Cela démarre très bien, y compris pour les ventes.  Il est vrai que ces produits ne sont pas accessibles à tous, plutôt à des CSP +. Mais aujourd’hui, dans le contexte actuel, chacun pourrait contribuer à sa mesure, et faire un petit effort pour se montrer solidaire vis à vis des entreprises françaises, tout en se faisant plaisir…. 

Anne DAUBREE