Les Régions et l'Etat en coordination pour la relance économique ?

Chef de file économique, les Régions ont mobilisé d'importants moyens depuis le début de la pandémie, en particulier en direction des PME. Mais si, au début de la crise, la coordination avec l’État a été efficace, pour la relance, c'est beaucoup moins le cas... Trois questions à Mickaël Vaillant, conseiller Économie, Enseignement supérieur, recherche et Numérique chez Régions de France.

Mickaël Vaillant, conseiller Économie, Enseignement supérieur, recherche et Numérique chez Régions de France.
Mickaël Vaillant, conseiller Économie, Enseignement supérieur, recherche et Numérique chez Régions de France.

De quelle manière se sont mobilisées les Régions, pour faire face aux effets de la pandémie sur les PME et les TPE ?

Quand la crise est survenue, les Régions sont intervenues immédiatement. Cela rentre dans leur rôle de chef de file en matière de développement économique qui a leur a été attribué par la loi territoriale NOTRe de 2015. Par ailleurs, fin 2019, Bruno Le Maire a installé un Conseil Économique État-Régions afin de renforcer la coordination entre les deux. Dans ce cadre, dès le début de la pandémie, les Régions se sont investies dans le fonds de solidarité : elles l'ont cofinancé à hauteur de 500 millions d'euros. Elles ont aussi déployé et géré son volet II, une aide complémentaire à celle automatique. Financièrement, les Régions ont apporté 1,7 milliard d'euros de soutien exceptionnel à l'économie, et mobilisé toutes leurs compétences. Par exemple, elles ont suspendu les échéances de remboursement quand elles étaient prêteur et apporté des aides directes à des secteurs comme la culture... Elles ont aussi financé des « prêts rebonds », destinés aux PME et mis en place avec Bpifrance. Les équipes des Régions ont travaillé avec un très vaste réseau de partenaires : la Banque des Territoires, les réseaux consulaires, les pôles de compétitivité, les tribunaux de commerce...

Quel bilan provisoire tirez-vous de l'action menée par les Régions et comment s'est déroulée la coordination avec l’État ?

Clairement, les Régions ont été au rendez-vous. En fait, la crise a fait office de test : c'était la première fois qu'elles éprouvaient pleinement leur rôle de chef de file économique, sur fond de désengagement de l’État qui réduit fortement la voilure de ses services déconcentrés dans les territoires. Face à l'urgence, Régions et État ont noué une véritable « union sacrée ». Et celle-ci a permis la mise en place d'un dispositif massif en un temps record. Dans le cadre de la relance, État et collectivités devraient continuer à travailler ensemble, en clarifiant mieux la répartition des compétences . Mais aujourd'hui, la volonté de l’État à coopérer apparaît moins évidente. Le plan de relance n'est pas assez territorialisé : 15% seulement des 100 milliards d'euros sont gérés en concertation. De plus, le plan fonctionne avec des appels à projet, alors que les Régions disposent aussi des leurs. En effet, elles viennent de signer les accords de relance État-Région, lesquels engagent près de 15 milliards d'euros chacun, sur 2021 et 2022. La situation risque d'être illisible pour les entreprises ! Il serait plus efficace que l’État s'appuie sur les dispositifs régionaux, dans le cadre d'une plus grande coordination.

Au bout d'un an de crise, quels sont les défis majeurs à affronter pour accompagner les PME et des TPE ?

Il existe trois enjeux centraux sur lesquels les Régions entendent se mobiliser aux côtés de l’État. Tout d'abord, elles doivent aider les entreprises à surmonter l'endettement Covid, insoutenable. Pour ce, elles vont déployer des outils de fonds propres et quasi-fonds propres : des Fonds d'investissement régionaux sont en train de se mettre en place. Deuxième enjeu, la détection et l'accompagnement des entreprises en difficulté. Aujourd'hui, les économistes comme Patrick Artus redoutent un « bain de sang » lorsque les dispositifs d'aide vont s'arrêter... Cette démarche vis-à-vis des entreprises implique une forte coordination État-Régions. Troisième enjeu, enfin, la formation et la reconversion professionnelle. Le seul secteur automobile, par exemple, pourrait perdre la moitié de ses 200 000 emplois, d'ici 2035 ! Les Régions vont mobiliser les PRIC, Pactes d'investissement dans les compétences, déclinaison territoriale du dispositif initié par Élisabeth Borne. Par ailleurs, au-delà de ces enjeux cruciaux, les Régions vont aussi s'impliquer fortement dans d'autres sujets également très importants, comme la transformation des filières économiques et la cybersécurité.