Economie

Achats, e-commerce : Noël ne sera pas épargné par la crise

Touchés par l'inflation, les consommateurs devraient dépenser moins que l'an dernier, pour Noël, d'après un sondage Toluna Harris Interactive. Mais certaines pratiques, comme l'achat de produits de seconde main, semblent aussi relever de nouvelles tendances de long cours.

(c) Adobe stock
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Noël sera-t-il encore une fête au sens de la consommation ? Cette année, les Français abordent la période de fin d'année dans un état d’esprit moins positif qu’en 2022, dévoile un sondage Toluna Harris Interactive réalisé en partenariat avec la Fevad, Fédération du e- commerce et de la vente à distance, et publié le 16 novembre. L'enquête, qui porte sur les intentions d'achat de Noël et des vacances envisagées en fin d’année a été réalisée, ce mois d'octobre. D'après l'étude, une courte majorité (54%) des Français déclarent se trouver dans le même état d’esprit que l’an dernier. Mais plus du tiers d'entre eux (38%) s’estiment moins positifs. Ils ne sont que 8% à déclarer l’être davantage, en recul de cinq points par rapport à l'année précédente. Et chez les jeunes de 15-24 ans, traditionnellement plus enclins à se montrer positifs (19% vs 8%, en moyenne), le recul est plus net encore : 10 points de moins par rapport à 2022.

Largement en tête des facteurs susceptibles d'impacter les achats de fin d’année figure l'inflation. Elle est citée par plus de huit personnes sur dix. La situation internationale et le réchauffement climatique ne sont respectivement invoqués que par 52% et 47% des sondés. Mais quelle qu'en soit la cause, cette année, les Français prévoient de restreindre leurs dépenses et d’acheter moins de cadeaux pour Noël. Budget envisagé (cadeaux et préparatifs): 369 euros, alors que l'an dernier, il atteignait 404 euros. Dans le même sens, quatre Français sur dix déclarent que leurs dépenses seront « moins élevées » qu’en 2022, alors que 6% seulement prévoient de dépenser plus (en recul de 7 points, par rapport à 2022). Contraints de réaliser des arbitrages, ils sont 57% à vouloir se recentrer sur les cadeaux destinés aux proches, un score qui monte à 65%, chez les plus de 50 ans. Pour le reste, les stratégies divergent : 32% souhaitent acheter « un moins grand nombre de cadeaux » ; une proportion quasiment identique préfère aller chercher des petits prix ou des promotions...

Internet support de sobriété et l'ultra-consumérisme

Autre constat de l'étude, les Français devraient aussi se tourner encore davantage vers le e-commerce pour leurs achats de Noël. L'an dernier, ils étaient déjà 68% à l'avoir fait. Cette année plus des trois quarts l'envisagent (78%). Et la part de ceux qui se déclarent certains de le faire est particulièrement élevée : 35%, en hausse de sept points par rapport à 2022. En ligne aussi, les Français prévoient de dépenser moins qu'en 2022 (229 euros vs 279 euros).

En revanche, les catégories de produits qu'ils visent restent globalement inchangés : 49% prévoient d’offrir des jeux et jouets, 39% des produits de beauté et parfums, 38%, des produits culturels. D’autres produits connaissent une certaine désaffection : 16% seulement des Français pensent acheter des produits techniques et ménagers, en baisse de 5 points par rapport à l'an dernier, et 14%, des consoles de jeu ( -4 points). Inflation oblige, ils envisagent de recourir à toutes les opportunités du marché pour optimiser leurs achats.

Mais le phénomène semble relever aussi d'une évolution des pratiques de consommation de long cours : il est particulièrement marqué chez les jeunes. Ainsi, 62% des Français avaient l’intention de profiter du Black Friday, score qui atteint 74% des moins de 35 ans. 38% pensent opter pour des produits de seconde main pour les offrir à Noël et 52% parmi les moins de 35 ans (lesquels sont près de 20% à affirmer que cela concerne la totalité de leurs cadeaux). Et plus d’un quart (28%) de ceux ayant l’intention d’acheter sur Internet pour Noël, veulent recourir à un crédit ou à des paiements fractionnés. Quant à la revente de cadeaux, elle séduit le tiers des Français et 50% des moins de 35 ans.


Le e-commerce, en chiffres

Le e-commerce n’échappe pas aux arbitrages budgétaires des Français. Ce troisième trimestre, il affiche une croissance de 9,8% de son chiffre d'affaires, par rapport à la même période de l’an dernier, pour atteindre 38,3 milliards d'euros, selon la Fevad. Mais la tendance au ralentissement de la consommation, en lien avec l’inflation et la baisse de pouvoir d’achat, impacte aussi le secteur. Les ventes de produits continuent de se replier : de -1,5 %, de juillet à septembre, après une baisse de 1% le trimestre précédent. La croissance est de nouveau tirée par les services (+18%), mais certains produits s’affichent en recul, comme la mode ou les produits techniques ( -5 et- 6 %, respectivement, vs T3 2022) ou se stabilisent, comme la catégorie meuble/ décoration.