Allo Industrie : un dispositif d’information à destination des riverains

Un site web et un numéro vert. Allo Industrie signale les exercices ou évènements inhabituels sur les sites industriels à Rouen et au Havre.

Les industriels souhaitent faire davantage connaître le dispositif Allo Industrie, basé sur un numéro vert et un site internet. (© Aletheia Press / B.Delabre)
Les industriels souhaitent faire davantage connaître le dispositif Allo Industrie, basé sur un numéro vert et un site internet. (© Aletheia Press / B.Delabre)

Allo, Industrie ? Voilà le réflexe que les industriels de la vallée de Seine aimeraient voir adapter par tous les riverains. Ce dispositif existe depuis 2015 dans la région du Havre, et depuis 2019 autour de Rouen où il vient d’être reconduit pour la période 2023-2025, à travers une convention signée le 18 décembre à Mont-Saint-Aignan.

Porté par France Chimie et la CCI, via notamment l’association Upside (l’Union pour la synergie industrielle et le développement économique), Allo Industrie permet aux entreprises adhérentes d’informer les riverains d’évènements particuliers, comme un exercice par exemple. Ainsi peut-on apprendre que Lubrizol réalisait ce mardi 19 décembre au matin un exercice d’évacuation, lors duquel des alarmes devaient être déclenchées…

Jouer sur l’acceptabilité des industries

« Ce n’est pas un outil d’alerte, mais bien un outil d’information du public, explique toutefois Isabelle Striga, vice-présidente d’Upside et directrice générale de Lubrizol France. Cela répond aux attentes de transparence de la part des riverains. » En revanche, il n’est pas question que l’outil se substitue à la communication des services de l’Etat en cas d’accident suffisamment grave pour que les autorités s’emparent de l’information du public.

« Notre sujet, c’est la culture industrielle, renchérit Vincent Laudat, président de la CCI Rouen Métropole. Cet outil permet de recréer un lien entre nos concitoyens, la culture du risque et la culture industrielle. » Avec en toile de fond, bien sûr, les projets de réindustrialisation de la France, qui pourraient se heurter à l’acceptation des riverains. Notamment à Rouen, où quelques accidents récents (Lubrizol, Bolloré Logistic), ont attisé les tensions. « C’est l’un des deux grands freins à la réindustrialisation, insiste Vincent Laudat. Avec la lourdeur administrative et le Zéro artificialisation nette… »

De g. à dr. : Régis Saadi (Franche Chimie Normandie), Isabelle Striga (Upside) et Vincent Laudat (CCI Rouen Métropole), lors de la signature de convention le 18 décembre à Mont-Saint-Aignan. (© Aletheia Press / B.Delabre)

Mobiliser entreprises et élus

Toutefois, ce n’est pas faire injure au dispositif que de dire qu’il ne fonctionne pas très bien, du moins dans le secteur de Rouen. Seules 21 entreprises, toutes membres d’Upside, adhèrent au dispositif. Et seulement 35 appels ont été reçus l’an dernier au numéro vert (0805 691 282). Quant au site internet, on ne sait pas combien de personnes y ont accédé. De plus, dans son état actuel, le site ne permet pas une réelle interactivité.

Pas parfait donc, mais le dispositif a le mérite d’exister, en attendant, peut-être, un nouvel outil, porté par la Métropole de Rouen, et mis à la réflexion auprès d’un collectif citoyen. « Il n’est, en tout cas, pas question qu’on abandonne cet outil tant qu’il n’a pas un remplaçant », insiste Régis Saadi, président de France Chimie Normandie, à l’origine du déploiement d’Allo Industrie à Rouen. Également président d’Upside, Régis Saadi espère surtout une plus grande mobilisation autour de ce dispositif. De la part des industriels et des entreprises d’abord : « C’est un outil qui a fait ses preuves, et qui a le mérite de fédérer les industries autour d’un outil de communication commun. »

Côté riverains, Upside a pris son bâton de pèlerin pour faire connaître le dispositif, en passant notamment via les élus locaux. Ce sont souvent eux les premiers questionnés par leurs administrés en cas d’odeurs suspectes, de torchère, de fumées ou de sirènes… « À nous de leur faire connaître cet outil » a conclu Régis Saadi.

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre