Antoine Declercq prend la présidence de Natup

Le changement dans la continuité. Après sept mandats à la présidence du groupe, Jean-Charles Deschamps cède les rênes de Natup à l’un de ses vice-présidents. Une transition rendue plus simple par la solide situation du groupe coopératif.

De g. à dr. : Antoine Declercq, Patrick Aps et Jean-Charles Deschamps. (© Aletheia Press / B.Delabre)
De g. à dr. : Antoine Declercq, Patrick Aps et Jean-Charles Deschamps. (© Aletheia Press / B.Delabre)

Ça n’arrive pas si souvent... Le groupe coopératif agricole Natup change de président. Vice-président depuis 2021, Antoine Declercq a ainsi été désigné le 13 décembre par le conseil d’administration, pour succéder à Jean-Charles Deschamps. Agriculteur à Heugleville-sur-Scie, Antoine Declercq, 57 ans, n’a débuté sa carrière agricole que tardivement. Après un parcours dans l’informatique et l’édition de logiciels à Lille, il reprend en 1996 l’exploitation familiale seinomarine. Il s’engage en 2010 au sein du syndicat des betteraviers, et se mobilise notamment autour du rachat, par Cristal Union, de la sucrerie de Fontaine-le-Dun. Il rejoint aussi le conseil d’administration de Natup (qui était encore Cap Seine) en 2014, intègre le bureau dès 2015, avant de devenir vice-président en 2021.

Désormais à la tête du groupe, il défend un changement dans la continuité. « Nous allons poursuivre la stratégie mise en place en 2016 », assure-t-il. D’ailleurs, à ses côtés comme vice-présidents, il retrouve des membres bien établis du bureau de Natup : Alexis Portheault, Marc Derycke et François Barret. Et il pourra se reposer aussi sur le directeur général, Patrick Aps.

Un exercice de tous les records

Surtout, il prend les rênes d’un attelage très solide, qui tout en s’appuyant sur ses activités historiques (collecte et distribution de grains), a su renforcer ses fondations par la diversification et la croissance externe. Elle en touche aujourd’hui, plus qu’hier, les fruits. « L’exercice 2021-2022 est un exercice record... sur tout ! » a simplement exprimé Patrick Aps. Le pôle céréales, notamment a tiré l’activité.

La collecte 2021 s’affiche à la hausse (1,94 contre 1,8 Mt sur l’exercice précédent) avec un fort taux de protéines, mais aussi un taux de matière sèche et un poids spécifique fébriles. Pas de quoi affecter pourtant l’accès à un marché, bouleversé depuis le 24 février par l’entrée des troupes russes en territoire ukrainien. « Nous avons eu ce jour-là une hausse des marchés que nous n’avions jamais connue, précise Patrick Aps. Et cela s’est poursuivi pendant quelques mois avec une volatilité extrême. » Huit mois plus tard, le prix du blé sur le marché international a été multiplié par trois, celui du colza par 2,5.

6,5 M€ de ristournes aux adhérents

Avec, pour finir, un impact colossal sur le chiffre d’affaires du groupe. Celui-ci s’établit à 1,465 milliard d’euros, dont 250 M€ dus au seul effet de la hausse des prix des matières premières agricoles. Ce chiffre d’affaires record, s’accompagne d’un EBE, lui aussi record, de 50,8 M€ (38,8 M€ en 2020-2021) et un résultat net de 20 M€ (15,7 M€). « Tous les pôles du groupe sont positifs, à l’exception du pôle fibres, qui est à l’équilibre, détaille le directeur général. Nous sommes tout prêts de l’équilibre que nous recherchons entre nos activités historiques (pôle agricole de collecte approvisionnements) et les activités de diversification. »

Les fonds propres et quasi-fonds propres se portent à hauteur de 244 M€ (+19 M€) et 27 M€ ont été investis au cours de l’exercice. 6,530 M€ de ristournes ont ainsi pu être redistribués aux 5 000 adhérents de Natup, dont 1 M€ sont issus des pôles de diversification. C’est la première fois, depuis 2016, que ces derniers permettent une remontée de dividendes. De quoi satisfaire un Jean-Charles Deschamps, un brin ému de son départ, mais franchement décidé. « Je pars serein avec le sentiment du devoir accompli et la certitude d’un avenir assuré, a-t-il déclaré. Nous avons longuement préparé cette transition, et je suis convaincu que le nouveau conseil d’administration saura poursuivre le travail engagé. »

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre