Au Havre, TIL MSC annonce l'arrivée de 9 mégaportiques

TIL, la filiale de MSC, a annoncé le 22 mai porter à 900 M€ (au lieu de 700 M€ initialement prévus) ses investissements sur le terminal maritime. Des portiques géants, encore jamais construits, arriveront en 2024.

De g. à dr. : David El-Bez, directeur Terminal Investments chez TIL, et Ammar Kanaan, directeur général, échangent avec Edouard Philippe, maire du Havre. (© Aletheia Press / B.Delabre)
De g. à dr. : David El-Bez, directeur Terminal Investments chez TIL, et Ammar Kanaan, directeur général, échangent avec Edouard Philippe, maire du Havre. (© Aletheia Press / B.Delabre)

Et 200 M€ de plus. L'été dernier, le géant de la logistique MSC annonçait investir 700 M€ sur le terminal portuaire du Havre, via sa filiale TIL (Terminal Investment Limited). Ce sera finalement 900 M€. « L'investissement est plus important que prévu initialement, avec la hausse du coût du chantier et l'arrivée des portiques. Mais cela prouve notre confiance dans le port du Havre », commente David El-Bez, directeur Terminal Investments chez TIL. Cet investissement supplémentaire résulte principalement du choix de l'opérateur d'installer 9 mégaportiques de 59 m de hauteur sous speader. « C'est une première mondiale », se réjouit le cadre de l'entreprise. D'une valeur unitaire de 13 M€, ces nouveaux portiques présentent une hauteur suffisante pour charger (ou décharger) des bateaux de 24 000 EVP (équivalent vingt pieds) quelle que soit la marée. Un point crucial pour Le Havre, qui affiche un marnage de 8 mètres, souvent problématique.

De quoi améliorer la compétitivité de la place havraise sur le range Nord. Car l'enjeu est là. « Notre souhait est de faire du Havre le port d'entrée et de sortie de la Mer du Nord, assure David El-Bez. Le challenge, c'est de faire arrêter les plus gros porte-conteneurs ici. Et que les industriels du Nord de la France pensent d'abord au Havre plutôt qu'à Anvers. » Cette amélioration de la compétitivité du port du Havre passe par un triptyque : le développement de la capacité, la hausse de la productivité, le tout renforcé par un alignement tarifaire. Et MSC compte atteindre cet objectif d'ici six à sept ans. « Nous avons déjà réalisé un effort très important sur nos tarifs, en nous alignant sur le benchmark d'Anvers, insiste encore le directeur Terminal Investments chez TIL. On parle de dizaines de pourcents de baisse ! »

Tripler la capacité du terminal

Cet effort tarifaire anticipe la montée en puissance du terminal. De 11 portiques actuellement, TIL en exploitera bientôt 15 puis 24... Dont les fameux 9 mégaportiques électriques, qui seront construits par le chinois ZPNC, et qui devraient arriver au Havre fin 2024. Sur la même longueur de quai, plus de conteneurs pourront donc être traités. Les dockers, qui ont validé le projet de MSC auquel ils ont été associés, travaillent activement à améliorer leur productivité. « Nous sommes déjà passés de 20 à 24 mouvements par heure par portique » se félicite-t-on chez TIL MSC. Avec l'objectif de monter à 30... « Sans les dockers, ce projet n'aurait jamais pu naître, insiste encore David El-Bez. C'est aussi leur projet. »

D'ailleurs, des investissements se poursuivent aussi sur le renouvellement du parc de cavaliers, pourtant amené à disparaître. Une réorganisation de l'aire de stockage est en effet prévue, qui permettra de tripler la capacité du terminal, par la réalisation de blocs de conteneur sur 7 étages. De quoi aussi décarboner la place avec le remplacement des cavaliers actuels à moteurs thermiques, par des portiques de parc électriques RMG (Rail Mounted Gantry). Ces derniers seront doublés de petits cavaliers sprinters à motorisation hybride.

Objectif compétitivité : le terminal va tripler sa capacité et booster sa productivité... Et l'alignement tarifaire avec Anvers est réalisé. (© Aletheia Press / B.Delabre)

Interconnexions avec l'hinterland

Tout semble donc avancer à bon train... Reste que TIL attend aujourd'hui que le reste du pays suive la dynamique engagée au Havre. L'entreprise multiplie les appels en direction de l'Etat, mais aussi de la SNCF, pour que des interconnexions se créent ou se renforcent entre Le Havre et son grand hinterland. « Nous avons identifiés ces points de connectivité. Pour le train, nous visons Orléans, Niort, Bordeaux, ou même Lyon et Strasbourg » liste le directeur des investissements de TIL. 

Le fluvial, et l'arrivée de la très attendue chatière au Havre aura aussi son rôle. « On oublie aussi souvent la façade maritime, poursuit David El-Bez. La redynamisation de nos ports pourrait passer par exemple par un cabotage mutualisé de conteneurs, le long de la façade atlantique. » Avec l'objectif de drainer du trafic de marchandises vers et depuis Le Havre, pour assumer une rotation de bateaux suffisante... « C'est à ce prix que l'on arrivera à attirer de l'import – export » conclut David El-Bez.

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre