Aux avant-postes pendant la crise, les experts-comptables entendent rester au premier plan

Le 76 ème congrès des experts-comptables, qui s’est tenu du 6 du 8 octobre derniers, a accueilli un peu plus de 4 000 participants à Bordeaux. Le point sur l’actualité et les grands projets de la profession.

Le congrès a eu lieu début octobre à Bordeaux.
Le congrès a eu lieu début octobre à Bordeaux.

« Ce 76e congrès est celui de la confiance, de l’engagement, et de la fierté retrouvée », a déclaré le président du Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables (CSOEC), Lionel Canesi, lors de la séance plénière d’ouverture de ce rendez-vous de la profession, placé cette année sur le thème « l’expert-comptable au cœur de la relance ». « Notre profession avait sombré depuis plusieurs années dans une discrétion – pour ne pas dire une absence – coupable, elle était la grande oubliée du débat public », et « j’avais dit qu’il fallait remettre les experts-comptables au cœur de l’économie parce que nous sommes les économistes du quotidien – pas les économistes de plateau-télé ou de salon. » Promesse tenue, selon lui : depuis la crise, « pas un seul texte, pas un seul dispositif, pas une seule loi relative à l’entreprise n’a été mis en œuvre sans qu’au préalable l’ordre ne soit dans la boucle », a-t-il rappelé. Avant de conclure : « un réflexe expert-comptable est né, et vous pouvez compter sur moi pour qu’il perdure ».

Économistes du quotidien, partenaires de l’État

Montage des dossiers PGE (prêt garanti par l’Etat), accès aux aides du Fonds de solidarité pour les entreprises, mise en œuvre de l’activité partielle, accompagnement psychologique des chefs d’entreprise, déploiement des différents volets du plan de relance, remontée d’expérience auprès des services du ministère de l’Économie et des Finances, de l’Urssaf, de Bpifrance… « Nous avons été sur tous les fronts et il fallait le faire savoir » pour « rappeler à nos interlocuteurs que nous sommes au cœur de l’économie, que personne mieux que nous n’est capable de témoigner de la pertinence d’une mesure, de la facilité de sa mise en œuvre, de son impact réel », a poursuivi Lionel Canesi.

Outre la présence du ministre délégué chargé des PME, Alain Griset, le congrès a accueilli cette année, pour la première fois, des échanges avec de hauts représentants du ministère de l’Économie et des Finances : le directeur général de la Direction générale des finances publiques, Jérôme Fournel, celui de la Direction générale des entreprises, Thomas Courbe, et le chef du service Financement de l’économie à la Direction du Trésor, Sébastien Raspiller. Tous se sont félicités de la qualité du partenariat avec la profession.

Au cœur du plan de sortie de crise

« Je pense que vous pouvez tous être fiers de ce que vous avez fait pendant la crise », a déclaré le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, en duplex depuis Bercy. Fiers « du travail exceptionnel qui a été fait par les experts-comptables pour conseiller, soutenir, encourager les entreprises pendant ces heures difficiles », et « vous avez également été au rendez-vous lors de la relance », a-t-il rappelé. « Merci à tous, merci pour votre dévouement et merci pour votre professionnalisme. La France vous doit beaucoup. »

Le ministre a ensuite appelé la profession à ne pas relâcher l’effort dans ce qu’il a appelé « le troisième temps » de la crise, « pour aider les entreprises qui ont un peu de mal à redémarrer ». Pour ces dernières, le gouvernement a mis en place un Plan d’action pour l’accompagnement à la sortie de crise dans lequel « vous allez avoir un rôle absolument décisif à jouer » en matière de détection. « Je crois que la concertation entre les experts-comptables et les conseillers départementaux des comités de sortie de crise sera un des points essentiels du succès de cet accompagnement », a-t-il souligné, avant de conclure : « je compte sur vous dans les mois qui viennent pour que nous réussissions une relance économique qui intègre tous les acteurs, sans exception. »

Paver le chemin vers l’indépendance numérique

Autre ambition portée par les représentants du CSOEC : l’autonomie numérique de la profession. Objectifs : être moins tributaires des éditeurs de logiciels et contrer l’émergence « de plateformes qui ne sont pour l’essentiel que des coquilles vides d’expérience, de clients et de savoir-faire », a pointé le président Lionel Canesi. Pour ce faire, le CSOEC a lancé l’été dernier le premier fonds d’investissement de la profession, Drakarys. 500 experts-comptables y ont d’ores et déjà souscrit, pour un montant total « proche de 2 millions d’euros ». Le fonds a pris une première participation dans MyUnisoft, un éditeur de solution comptable. Il envisage d’entrer au capital d’un éditeur de solution RH très prochainement, puis de faire de même avec une legaltech. « Et ensuite, pourquoi pas de la datavisualisation, de la GED [gestion électronique des documents], une néo-banque… ? », a lancé le président du CSOEC, en invitant ses confrères à souscrire à ce tout nouveau fonds.

Facturation électronique, attractivité de la profession : les autres chantiers en cours

« Nous avions promis la gratuité de certains services et nous avons tenu parole », a-t-il poursuivi. « Les analyses sectorielles et la base Infodoc-experts sont désormais gratuits » et « l’analyse régulière des textes et les newsletters qui vous sont régulièrement adressées en marque blanche sont pour vous un moyen d’alimenter vos clients en informations essentielles ». En parallèle, le CSOEC a conçu et s’apprête à déployer un plan de formation et d’accompagnement mis à disposition de tous les experts-comptables, pour préparer la généralisation de la facture électronique, dont l’entrée en vigueur prévue à compter de 2023 vient d’être reportée au 1er juillet 2024. Enfin, le Conseil supérieur va de nouveau s’atteler à un autre chantier essentiel : « l’attractivité de la profession, qui, comme de nombreux autres secteurs, a du mal à recruter ».

Porter la voix des TPE-PME pour la présidentielle

À l’issue du congrès, les représentants du CSOEC ont remis au ministre des PME, Alain Griset, 32 nouvelles propositions pour la relance, qui viennent s’ajouter aux 50 premières formulées au début de l’année. « Avec ce congrès, nous allons clôturer la séance relance et nous allons nous projeter sur la présidentielle », a déclaré Lionel Canesi. Objectif : écrire « un projet présidentiel économique pour les TPE-PME » et auditionner « tous les candidats à la présidence de la République » pour porter la voix des TPE-PME. « Qui mieux que nous peut porter la voix des 3 millions de TPE-PME ? », a lancé le représentant des 21 000 professionnels qui accompagnent les TPE et PME, en France.