Energie

Biogaz : le projet Salamandre s’installe au Havre

La zone portuaire du Havre devrait voir se construire, dès 2023, une unité industrielle de transformation de déchets jusqu’à présent non-recyclables en biogaz. Une première mondiale.

La pyrogazéification, le chauffage des déchets à plus de 1000 degrés en présence d’une faible quantité d’oxygène, produit du méthane.(@Gaya)
La pyrogazéification, le chauffage des déchets à plus de 1000 degrés en présence d’une faible quantité d’oxygène, produit du méthane.(@Gaya)

C’est une innovation majeure dans le domaine de la production de biogaz renouvelable qui s’est récemment déroulée, fin 2020, sur la plate-forme de recherche et développement semi-industrielle Gaya, près de Lyon.Ses répercussions devraient être perceptibles, dès 2023, au Havre avec la construction d’un site industriel qui transformera des déchets, actuellement enfouis, en gaz renouvelable.

Biogaz à partir de biomasse sèche

Le projet Gaya, voit le jour en 2010, sous l’impulsion de onze partenaires issus du monde académique, industriel et institutionnel, coordonnés par Engie.« L’objectif est de produire du biogaz à partir de biomasse sèche et de démontrer la faisabilité technologique, économique et environnementale » explique Marion Maheut, responsable projet de la plateforme Gaya chez Engie.Le méthane de synthèse est obtenu par « pyrogazéification »(chauffage des déchets à plus de 1000 degrés en présence d’une faible quantité d’oxygène) et peut être utilisé comme carburant ou injecté dans un réseau. Les premiers travaux de Gaya s’intéressent à la biomasse végétale, notamment les résidus liés à l’exploitation et l’entretien des forêts. « Il n’est pas question de couper des arbres pour alimenter la production de biogaz » tient à souligner Marion Maheut. Si cette piste reste toujours d’actualité, Gaya a également exploré, avec succès, la transformation de combustibles solides de récupération (CSR), des déchets, actuellement enfouis ou exportés à l’étranger. « La loi de transition énergétique pour la croissance verte prévoit une diminution de 50 % la quantité de déchets mis en décharge à l’horizon 2025. Il y a un véritable enjeu dans ce domaine » poursuit Marion Maheut. Cette première mondiale a donné lieu à plusieurs brevets. « Grâce à plusieurs innovations, nous avons diminué les coûts de production ».

70 000 tonnes de déchets traités

Pour conserver son avance, Engie a donc annoncé la prochaine étape, nommée, Salamandre : le déploiement du processus, grandeur nature avec la construction d’une unité industrielle au Havre dès 2023 et une mise en service en 2026. Un site choisi en raison des nombreuses synergies qui existent déjà sur la zone portuaire. A cette occasion, Gaya peut compter sur le soutien financier de plusieurs partenaires dont l’Etat.« L’usine s’inscrira dans le projet Le Havre Smart Port City » complète la responsable. Résidus de bois (ameublement, palette..), papiers, cartons et plastiques non-recyclables viendront alimenter l’usine de retraitement. 70 000 tonnes de déchets devraient être traitées annuellement pour produire 150GWh de gaz, auxquels s’ajoutent 45 GWh de chaleur avec un rendement énergétique jusqu’à 80-85 %. Valorisation de déchets, économie circulaire, production conjointe d’un gaz stockable et de chaleurles atouts sont nombreux. « En France, cette filière pourrait créer jusqu’à 10 000 emplois non-délocalisables. Et cette technologie pourrait potentiellement être répliquée dans d’autres pays européens » conclut Marion Maheut.