Brexit : à Dieppe DFDS Seaways mise sur la fluidité du trafic

Crédit BD Aletheia Press, « Le Côte d’Albâtre, l’un des ferries de DFDS assurant la liaison Dieppe – Newhaven. »
Crédit BD Aletheia Press, « Le Côte d’Albâtre, l’un des ferries de DFDS assurant la liaison Dieppe – Newhaven. »

Depuis le 1er février, le Brexit est effectif. Un bouleversement majeur qui n’a pour l’heure pas encore donné toute sa mesure, mais auquel le gestionnaire de ferries DFDS Seaways s’est évidemment préparé.

Quand on évoque les conséquences du Brexit, effectif depuis le 1er février, on pense immédiatement à la libre circulation des biens et des personnes. A ce titre, le groupe DFDS Seaways, leader européen sur le marché du ferry et exploitant la ligne Dieppe – Newhaven, fait figure de première ligne. En 2019, il transportait sur cette ligne 40 000 pièces de fret, 375 000 voyageurs et 127 000 voitures. Pour autant, depuis la nuit du 31 janvier au 1er février, la vie de l’entreprise, n’a pas changé. En réalité c’est dès 2016 et le fameux référendum britannique que le groupe Danois s’est penché sur cette question. Rien d’étonnant à cela, souligne Jean-Claude Charlo, directeur général des activités françaises de DFDS Seaways : « 56 % du chiffre d’affaires du groupe est directement lié aux activités avec le Royaume-Uni ». A travers la ligne Dieppe – Newhaven, mais aussi et surtout à travers les liaisons entre Douvres et Dunkerque et Calais.

Déploiement de la « frontière intelligente ».

Dès 2016 donc, DFDS Seaways, qui emploie 1 000 salariés en France, s’est préparée au pire des scenarii : le fameux no deal… L’enjeu principal pour le transporteur étant de maintenir la fluidité des embarquements et débarquements, et éviter des files d’attente interminables qui auraient rapidement fait fuir la clientèle. « On le sait ce qui coûte le plus cher dans le transport, c’est l’immobilisation des camions… » rappelle Jean-Claude Charlo.
Un travail en étroite collaboration avec les services des Douanes a donc été lancé pour préparer l’échéance incertaine du Brexit, grâce à un logiciel de Frontière intelligente. Géré en temps réel, cet outil permet de mettre à profit le temps de transport entre les deux ports, pour réaliser le gros du travail administratif. Dès la fermeture des portes du ferry, les douanes peuvent ainsi commencer à analyser les documents administratifs des camionneurs. Ceux-ci sont alors rapidement avisés, via des écrans à l’intérieur du ferry, de leur statut douanier. S’il est vert : ils pourront débarquer sans autre contrôle. Orange : ils devront faire une halte dans le port de Dieppe, le temps de tout mettre en règle. « On estime que cet outil doit nous permettre de gagner 60 à 70 % de temps de traitement des dossiers administratif », se félicite Jean-Claude Charlo.

Des parts de marché à gagner ?

Reste désormais mesurer plus concrètement les conséquences du Brexit sur les volumes et les flux… A ce titre Jean-Claude Charlo se veut plutôt optimiste, même si un rétrécissement du marché est noté depuis 2 ans. Pour lui, les lignes normandes pourraient même profiter du Brexit en absorbant une partie des flux transitant par Calais ou Dunkerque. « Certains de nos clients nous ont déjà questionné là-dessus, car ils craignent l’engorgement sur les voies du Nord » raconte-t’il. Et le marché est colossal. Les ports du nord voient transiter en 15 jours ce que le port de Dieppe absorbe en 1 an… Un report de seulement 2 ou 3 % pourrait donc engendrer un accroissement d’activité considérable… ce qui serait évidemment facilité par l’ouverture du viaduc de prolongement de la RN27 prévue fin 2020, début 2021.