Normandie : L'industrie tente de séduire les collégiens

À l'occasion de la Semaine de l'industrie, les collectivités et les entreprises de la région font découvrir ce secteur aux élèves des collèges du territoire à travers des visites dans les entreprises ou des rencontres au sein des établissements scolaires. Exemples au sein des agglomérations Caux Seine et Dieppe Maritime.

Les élèves du collège Sainte-Geneviève ont pu découvrir les installations de Tereos à Lillebonne. (© Aletheia Press / B.Delabre)
Les élèves du collège Sainte-Geneviève ont pu découvrir les installations de Tereos à Lillebonne. (© Aletheia Press / B.Delabre)

Les sorties scolaires, ce n'est pas toujours au musée ou dans la nature... Elles peuvent aussi se faire en entreprises. C'est ce qu'ont découverts les élèves de 3ème du collège Sainte-Geneviève de Bolbec en visite au sein du site industriel de Tereos à Lillebonne, le 23 novembre. C'était l'une des trois classes accueillie par l'entreprise dans le cadre du dispositif "L'industrie une chance pour moi". Lancé en 2019, ce programme est porté conjointement par Caux Seine Développement et par l’Association des Entreprises de Port Jérôme et de sa région (AEPJR).

Faire face aux difficultés de recrutement

Au total 30 classes et pas moins de 1 000 collégiens participent à cette seconde édition, après l'année blanche due au Covid. L'AEPJR se charge de recruter les entreprises : elles sont douze à avoir répondu à l'appel cette année, parmi lesquelles, outre Tereos, figurent quelques emblèmes de l'industrie du territoire comme Exxon ou Oril. Avec pour tous le même objectif : montrer aux jeunes la grande diversité des métiers que propose l'industrie, à deux pas de chez eux. « C'est l'occasion pour nous de faire connaître notre entreprise et aussi de recruter de futurs bons éléments », exprime Damien Verdier, coordinateur HSE chez Tereos.

Car comme beaucoup d'autres, Tereos, qui emploie 180 personnes sur son site lillebonnais, peine à recruter. « Nous avons des postes ouverts depuis plusieurs mois qui ne sont pas pourvus, notamment suite à des départs en retraite. C'est dommage, car il n'y aura pas de temps de passation de postes. Nous allons perdre du savoir. » Pourtant les formations et la main d'œuvre existent bel et bien sur le territoire Caux Seine ou à proximité immédiate. Mais l'industrie souffre encore d'une image dégradée. « Tout ceci, c’est parce que les gens ne nous connaissent pas. Ils ne connaissent pas le monde de l’industrie, martèle Jean-Philippe Petit, le président de l’AEPJR. En ouvrant nos portes, nous voulons montrer la réalité de nos métiers. »

Montrer la diversité des métiers

La classe de troisième est particulièrement appropriée pour faire passer le message. « Les élèves de 3ème sont en recherche d'orientation, explique Christophe Fondimare, professeur de technologie au collège Sainte-Geneviève. On essaie de leur faire découvrir un maximum de métiers. » Le travail débute en classe, avec des échanges et se poursuit après la visite. « Je n'ai pas connu cela. Je serais sans doute venu plus vite à ce métier, si j'avais pu bénéficier de telles visites, témoigne Damien Verdier. La HSE, je n’avais aucune idée de ce que c'était. »

Or justement comme le souligne Jean-Philippe Petit, « l'industrie propose de plus en plus de métiers liés à la transition énergétique. Tout l'axe Seine se mobilise sur ces questions ». C'est la raison pour laquelle, aussi « la Maison des Compétences va aussi très régulièrement dans les établissements scolaires pour rapprocher le monde de l'éducation de celui de l'entreprise », enchérit Marie-Françoise Loison, vice-présidente de Caux Seine Développement, en charge de l'emploi et de la formation. Pour dialoguer avec les élèves, mais aussi avec les professeurs, qui n'ont pas eux-mêmes toujours une connaissance précise des métiers de l'industrie. Un long travail de fond s'impose donc, pour assurer au tissu industriel, un vivier de compétences suffisant pour l'avenir...

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre

À Dieppe, les entreprises en opération séduction au sein des établissements scolaires

À Dieppe, ce sont les entreprises qui sont venues à la rencontre des jeunes au sein des établissements scolaires. (Photo Gazette Normandie)

L'Alpine n'est pas passée inaperçue dans la cour du collège Albert-Camus de Dieppe, ce lundi 22 novembre. À l'occasion de la Semaine de l'industrie, l'Agglomération Dieppe Maritime a organisé 21 interventions, en partenariat avec les entreprises industrielles, dans les six collèges du territoire (auprès de 4e et 3e) avec comme objectif : « présenter le territoire et ses entreprises, en faire la promotion, les rendre attractifs », indique Ludovic Lepetit, directeur du service développement économique à l'Agglomération. C'est une première pour la collectivité qui a invité 27 entreprises à présenter leur structure et leurs métiers auprès de 1 000 élèves.

« Je suis convaincu que l'industrie a une image négative auprès des jeunes, l'industrie est souvent associée à de mauvaises nouvelles », lance Pascal Mendes, responsable qualité, hygiène, sécurité, environnement chez Toshiba, une des entreprises participantes. Et pour cause, lorsqu'il pose la question aux élèves, la moitié d'entre eux ont une image positive de l'industrie et quelques uns entrevoient une carrière dans ce secteur.

Mettre fin aux idées reçues

Parmi ces industriels, Toshiba, Alpine et Technomap sont venus tordre le cou aux idées reçues, à l'aide de vidéos, de photos et de quiz. « L'industrie, c'est plus l'usine d'antan, ce sont les objets du quotidien », présente Ludovic Lepetit. « Quoi que vous fassiez comme travail plus tard, vous pourriez être amenés à travailler dans l'industrie », lance Dany De Fontaine, chargé de communication chez Alpine. « Non, l'industrie n'est pas réservé aux hommes », martèle Perrine de Saint-Germain, directrice des ressources humaines chez Technomap. « L'industrie, c'est 225 000 emplois projetés », assure le directeur du service développement économique de l'Agglomération.

Mais, alors que le thème de cette 10e édition est "inventer un avenir durable", les entreprises mettent aussi en avant leurs engagements pour l'environnement, conscientes que la nouvelle génération attend de leurs futurs employeurs des démarches à impact positif pour la société. Chez Alpine, l'électrification de la marque fait partie des engagements mis en avant par Dany De Fontaine. « Chez Toshiba, transmettre aux jeunes fait partie de nos engagements et de nos missions RSE », explique Pascal Mendes. La représentation des femmes dans l'industrie et l'amélioration des conditions de travail dans ce secteur a été davantage présentée par l'une des salariée de Technomap. Autant d'arguments pour séduire ces jeunes qui devront d'ici quelques mois choisir leur orientation.

Chloé Guérout