Pour Christophe Doré, président de la CMA Normandie, « il faut faire toujours plus avec moins »

En cette rentrée, la Chambre de métiers et de l’artisanat Normandie a fait le point sur l’actualité. Malgré un contexte économique tendu, la chambre consulaire entend poursuivre son travail.

Christophe Doré devant le campus havrais Raphaël-Mallard qui accueillera, dans un premier temps, 400 apprentis autour de la gastronomie. (© Aletheia Press/L.Brémont)
Christophe Doré devant le campus havrais Raphaël-Mallard qui accueillera, dans un premier temps, 400 apprentis autour de la gastronomie. (© Aletheia Press/L.Brémont)

Ce 7 septembre au Havre, c'était aussi la rentrée pour la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) Normandie qui a fait le point sur les dossiers du moment, entre sujet de satisfaction et d'inquiétude. « Le gouvernement actuel est le premier à avoir mis l'apprentissage en lumière. Il a fait énormément sur le sujet. C'est pourquoi nous ne comprenons pas ses dernières décisions », résume Christophe Doré, président de la CMA Normandie. Alors que l'Etat appelle à franchir la barre du million d'apprentis, il entend en même temps économiser 540 millions d'euros dans le domaine. Face à une augmentation de 11 % du nombre d'apprentis en 2002 en Normandie, pour atteindre près de 6 570 dans ses CFA, l'équation semble difficile à résoudre pour la chambre consulaire régionale.

L’apprentissage, ADN de l’artisanat

Les raisons de s'inquiéter sont réelles : la diminution de la taxe pour frais de chambres des métiers et de l'artisanat, la loi Pénicaud ... « Avec cette loi, là où la Région pouvait cofinancer jusqu'à 80 % les locaux d'un centre de formation, comme pour notre campus havrais Raphaël-Mallard. Elle ne le fera plus qu'à hauteur de 10 ou 15 % », constate Christophe Doré. Le président estime un impact négatif global de 3 millions d'euros annuels sur le budget de la CMA Normandie (dont au moins 800 000 euros liés à la taxe pour frais de chambre). « Il faut faire toujours plus avec moins » résume le président.

Des baisses qui pourraient avoir raison de certaines formations à long terme. « Il y a des métiers qui n'arrivent plus à recruter comme les bouchers ou les couvreurs. Nous avons à cœur de maintenir des formations dans ces domaines même pour 2 ou 3 élèves. Mais cela serait-il toujours possible ? » s'interroge l'élu. Des contraintes budgétaires qui pourraient aussi impacter la formation continue qui représente 1,8 million d’heures chaque année en Normandie. De quoi ébranler les chambres consulaires. « La formation est historiquement dans notre ADN » souligne Christophe Doré qui rappelle qu’un quart des apprentis sont dans le secteur de l’artisanat.

Moral en berne

Pour autant, Christophe Doré entend rester positif pour aborder cette période chahutée et accompagner les mutations de l'artisanat normand qui compte 74 550 entreprises et 79 000 chefs d’entreprise. « Avec l’auto-entrepreneuriat, nous observons une évolution, et nous devons en tenir compte », souligne le président. Souvent en multi-activités, les auto-entrepreneurs ont des besoins et une évolution professionnelle spécifique. « Ces changements ne sont pas mauvais en soi, mais nous voulons rester attentifs à la protection sociale de nos artisans et à leur formation, quelle que soit leur situation », précise Christophe Doré.

Autre point de vigilance, le moral des chefs d’entreprise qui glisse vers l’inquiétude (63 % serait concernés, selon une étude nationale). « De plus en plus d’artisans se disent même résignés face à l’inflation, c’est nouveau », note le président. Face à un avenir mouvant, la CMA Normandie garde le cap. Et la prochaine ouverture de son campus havrais Raphaël-Mallard, début novembre, au cœur de l’université Lebon, est un signe positif pour construire l’avenir.

Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont