Aménagement du territoire

Contournement Est : la Métropole Rouen Normandie dit non

A l’issue d’un débat de plus de cinq heures, les élus de la Métropole ont rejeté toute participation financière au contournement Est de Rouen (76 voix contre, 43 pour et 4 abstentions).

Le contournement de Rouen, un projet vieux de 50 ans, ne fait toujours pas l’unanimité. (© Pixabay)
Le contournement de Rouen, un projet vieux de 50 ans, ne fait toujours pas l’unanimité. (© Pixabay)

Greta Thunberg, le Covid-19, les véhicules à hydrogène, l’agriculture périurbaine, parmi d’autres sujets, auront été invoqués, par les pro et les anti-contournements, lors des échanges concernant la septième délibération du conseil de la Métropole Rouen Normandie. Celui-ci se déroulait, à distance, ce 8 février, crise sanitaire oblige. Plus de cinq heures de débat ont ainsi été consacrées à la liaison A28/A13 - contournement Est de Rouen. Une réunion attendue par le préfet qui a demandé, en décembre dernier, au conseil départemental, la Région et la Métropole de confirmer leur engagement financier déjà acté antérieurement. Soit 66 millions d’euros pour la Métropole Rouen pour un chantier d’un milliard d’euros.

« Pas de consensus »

Si la délibération 5 sur la déclaration de l'état d’urgence climatique a été adoptée à l’unanimité - tous les élus s’accordant à dire qu’il y a urgence à agir - les positions divergaient quant à savoir si la liaison A28/A13 était climat « compatible ». Marie Atinault, vice-présidente de la Métropole était le rapporteur de la délibération 7 visant à refuser le projet de contournement. Un projet présenté comme trop incertain, notamment, sur ses conséquences bénéfiques sur la circulation et l’économie, trop coûteux, trop consommateur de terres (plus de 400 hectares). Autre point négatif, la création d’un péage s’élevant à 10 centimes du kilomètre pour un véhicule léger, soit 4.76 euros pour les 41,5 km du projet. Une trentaine d’interventions passionnées ont suivi avec une bataille d'arguments et de chiffres.

Nicolas Mayer Rossignol a conclu, juste avant le vote : « Nos échanges montrent qu’il n’y a pas de consensus, que ce n’est pas si simple. » Une preuve pour le président que « ces positions divergentes nécessitent un débat. (…) Sur un projet d’un milliard, je crois que l’on a le droit d’avoir des doutes et des incertitudes ». Pour finalement s’interroger : « Est-ce que notre plus gros engagement financier doit être placé sur ce type de projet ? ». Jugeant que l’on s’appuyait depuis trop longtemps sur le transport routier en première intention, Nicolas Mayer Rossignol a estimé : « A un moment, il faut engager des changements difficiles, car ils peuvent être perçus à l’origine comme complexes et destructeurs. Je réfute le côté Amish qui refuse tout. Nous disons oui à une économie du futur ».

Et après ?

Verts, communistes et PS, menés par Nicolas Mayer Rossignol ont refusé de financer ce contournement, mais est-ce un coup d’arrêt pour celui-ci ? Si c’est le cas, quel avenir pour la ZAC de la plaine de la Ronce qui, au nord de Rouen, s’est étendue en prévision du contournement avec l’espoir d’attirer 5 000 emplois ? Les alternatives proposées seront-elles plus efficaces face à une circulation surchargée depuis des années ? De son côté, le conseil départemental de Seine Maritime a déjà réaffirmé son engagement en janvier. Son président, Bertrand Bellanger n’a pas manqué de réagir par communiqué : « Ma déception, ma colère est vive face à cette décision du Conseil métropolitain, basée sur une délibération pleine de contre-vérités et d’inexactitudes. » Ce feuilleton, vieux de cinquante ans est donc loin d’être terminé.

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