Devoir de vacances : récolter le plastique sur la plage ?

Des associations proposent aux estivants d'aller récolter le plastique sur les plages, pour les nettoyer. Ces initiatives, souvent soutenues par des entreprises mécènes, ont aussi le mérite d'attirer l'attention du public sur la fragilité des écosystèmes marins.

Photo d'illustration Adobe Stock
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Ramasser de jolis galets en se promenant sur la plage ? Non, cette année, ce sera plutôt bouteilles en plastique vides et emballages de chips déchiquetés... Un peu partout, le long du littoral français, sur la côte bretonne, dans les calanques marseillaises ou sur la côte d'Opale, c'est la nouvelle tendance. Par exemple, en Gironde, des volontaires arpentent les plages et le bord de l'estuaire pour récolter ces déchets, à l'initiative de l'association Plastic Fighter. En six ramassages, ils en ont collecté plus d’une tonne relate le site Internet de France Bleu, ce mois de juin.

Depuis plusieurs années, des initiatives similaires se multiplient, portées par des associations locales, ou alors, spécifiquement mobilisées sur la cause de la pollution liée au plastique sur les plages ou en mer. Au Sud, la campagne des Pirates du plastique, vise les plages de Marseille. Elle est organisée par le Parc national des Calanques et un réseau associatif, dont font partie Recyclop, « 1 déchet par jour » ou MerVeille, association qui réalise des plongées pour récolter des déchets dans la mer. Autre exemple, encore, l'association Rescue Ocean organise des opérations de « dépollution » sur les plages (et dans les terres). Pour 2020, elle a à son actif 46 sessions et un total de 61 tonnes de déchets recueillis. Par exemple, en janvier dernier, elle a mis sur pied une une grande collecte « plasticocitoyenne » en Martinique, avec 80 participants. Mais dans ce domaine, la structure la plus connue demeure sans doute la Fondation Surfrider. Créée en 1990 par un groupe de surfeurs désireux de « défendre leur terrain de jeu », elle regroupe à ce jour plus de 13 000 adhérents et intervient dans 11 pays. Depuis 1996, ses « initiatives océanes » ont réuni plus de 400 000 participants dans 40 pays, qui ont contribué à 16 359 nettoyages de plage.

Le ramassage, école de l'écologie, soutenu par des mécènes

Sans nul doute, les déchets plastiques sur les plages constituent un véritable problème, écologique, -et également pour l'économie du tourisme-. Mais au delà des tonnes de plastique collectées par les volontaires, ces initiatives visent surtout à sensibiliser le public au sujet de la pollution des mers, et à le mobiliser. Dans ce combat, les associations organisatrices sont souvent soutenues par des entreprises qui souhaitent s'engager pour une cause écologique, notamment via le mécénat. Par exemple, début juin, Surfrider a organisé une collecte sur les plages de Marseille qui a fait l'objet d'un reportage du magazine Elle : y participaient des influenceuses, comme Anaïs Da Silva, spécialisée dans la nourriture végan, Élodie Varlet, actrice de la série télé « Plus belle la vie », et aussi, des salariés de Balzac Paris, une marque de vêtements composés de matières écoresponsables et fabriqués en Europe. Comme elle, nombre d'entreprises s'associent à ce type d'opérations, qui leur permettent d'impliquer leurs collaborateurs et leurs clients au profit d'une cause très consensuelle. Par exemple, Oceanoplastic est soutenu par 900.care et Nuxe Paris, deux marques de cosmétique, ainsi que par le Crédit agricole de Normandie. La Fondation Bouygues Telecom finance et participe aux collectes de déchets sur les plages organisées par Surfrider depuis 2007. La liste des mécènes de cette association est longue : Acorelle, la Fondation Macif, la boulangère bio, Naturalia... Et aussi, Maillot Français, spécialiste des vêtements de sport basé à Perpignan. Il a créé une ligne de vêtements 100% Made in France et recyclés, « Les Gardiens de l’Océan » disponible sur sa boutique en ligne. A chaque vente, 5 euros sont reversés à Surfrider.

Le plastique : un problème redoutablement complexe

Les associations et les entreprises qui se mobilisent contre la pollution plastique dans les mers et dans l'environnement s'investissent aussi dans d'autres types d'actions que les collectes citoyennes. Nombre d'entre elles développent une démarche qui associe dimension pédagogique et recherche scientifique. C'est notamment le cas de Expedition Med, le 7e continent, fondée par le navigateur Patrick Deixonne ou Tara Expéditions, financée par le fonds de dotation Agnès B : leurs bateaux embarquent des scientifiques pour prélever des échantillons de plastique en mer, afin de faire avancer la recherche, et accueillent à bord grand public et écoliers, lors des escales. Autre type d'initiative, celle de Plastic Odyssey, une association qui a mis sur pied un dispositif technique léger de recyclage du plastique. Elle parcourt le monde pour favoriser l'émergence de micro-entreprises de recyclage, à proximité des lieux où ce matériau est déversé dans la mer. D'autres encore ont conçu des sortes de bateaux destinés à nettoyer les océans...

Le problème est en effet dramatique : en 2050, les océans pourraient contenir plus de plastique que de poissons, alerte la Fondation Ellen MacArthur, qui promeut la transition vers l'économie circulaire. Mais il est également très complexe, et parfois mal compris, pointe l'association Plastic Odyssey : par exemple, en 2017, une étude scientifique, mal interprétée, a conduit des médias à titrer sur le fait que 10 cours d'eau dans le monde étaient responsables de 90% de la pollution plastique en mer. Ils seraient en fait 1 000, ce qui change considérablement la donne, et donc, les solutions à apporter... Par ailleurs, les plastiques ne constituent que l'un des problèmes que connaissent les océans. Le GIEC, Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, alerte aussi sur la montée du niveau des eaux liée aux changements climatiques : le phénomène a déjà fait disparaître des îles dans le Pacifique et menace des terres agricoles de salinisation, comme en Égypte. L'avantage de la mobilisation sur le plastique sur les plages est peut-être, avant tout, d'attirer l'attention de l'opinion publique sur la fragilité de ces écosystèmes...

Des communes s'engagent pour «Une plage sans déchet plastique »

Une vingtaine de communes ont déjà adhéré à la charte « Une plage sans déchet plastique, pour des communes littorales éco-exemplaires ». Elles s'engagent à sensibiliser, prévenir et mettre en place des dispositifs liés au nettoyage, ramassage ou tri des déchets. Le dispositif a été déployé en 2020 par le ministère de la Transition écologique, l’Association nationale des élus du littoral (ANEL), l’Ademe (Agence de la transition écologique), le Conservatoire du littoral et l’association Surfrider.