En Normandie, l’ostréiculture fait face à une baisse conséquente de main d’œuvre

Les huitres ne manqueront pas sur les tables pour les fêtes de fin d’années. Pourtant, le secteur qui réalise des bons scores de vente peine à recruter.

La filière représente plus de 10 000 emplois indirects sur l’ensemble du territoire normand. (© CRC)
La filière représente plus de 10 000 emplois indirects sur l’ensemble du territoire normand. (© CRC)

« En ce qui concerne les ventes et la production, la Normandie va bien ! » se réjouit Thierry Hélie, président du Comité régional de la conchyliculture (CRC) en Normandie Mer du Nord. En effet, avec un chiffre d’affaires de plus de 130 millions d’euros généré par ses 385 concessionnaires en 2020, la conchyliculture normande représente une part considérable de l’activité économique régionale. De plus, le secteur continue de se développer puisqu’un projet d’implantation est en étude à Quiberville en Seine-Maritime. Il viendrait compléter les cinq sites ostréicoles déjà présents sur le sol normand. Toutefois, il y a une ombre au tableau : le secteur peine à recruter.

Une main d’œuvre en chute libre

« Pour nous, c’est comme pour les entreprises des autres secteurs, le recrutement est un véritable fléau », confesse Thierry Hélie. Au total, près de 500 postes sont à pourvoir dans la région. Un chiffre qui ne cesse d’augmenter à l’approche des fêtes, puisque les ostréiculteurs ont besoin de main d’œuvre supplémentaire pour empaqueter. Certains dirigeants ouvrant jusqu’à dix postes avant Noël.

« La demande en ce mois de décembre 2021 est positive et identique aux années précédentes. » Thierry Hélie, président du Comité régional de la conchyliculture en Normandie Mer du Nord. (© CRC)

Le problème, c’est que le métier souffre d’une mauvaise image, d’un travail dans le froid et en plein vent. Pourtant, les conditions d’aujourd’hui ne sont plus les mêmes qu’il y a vingt ans. Le salaire pèserait également dans la balance puisque les contrats sont payés au SMIC dans un premier temps. Mais le président du Comité régional de la conchyliculture Normandie Mer du Nord met le doit sur un tout autre problème. « On peut dire que ce sont les salaires mais pas uniquement…détaille-t-il avant de poursuivre, par exemple dans le Cotentin, le problème c’est la mobilité. Je ne vois aucun bus ayant la capacité de ramener des travailleurs aux horaires des marées. Dans les grandes villes, les tournées des bus commencent tôt, mais les campagnes sont oubliées. »

Des tables rondes pour y remédier

Confronté au quotidien à cette problématique, le comité régional de la Conchyliculture Normandie Mer du Nord a décidé d’agir. Des tables rondes avec les pouvoirs publics et les missions locales auront lieu au premier semestre 2022, avec pour but de comprendre pourquoi l’ostréiculture n’attire plus et de trouver des solutions. « Nous allons nous poser les bonnes questions en tant qu’entrepreneurs. Le but est d’échanger et de détecter le pourquoi. Nous ferons ensuite une synthèse et nous en tirerons les bonnes conclusions », ajoute le président.

En attendant la mise en place de ce plan d’action, les producteurs qui passent la plupart du temps par des agences d’intérim trouvent des solutions à l’étranger. Ce sont des polonais qui viennent renforcer les équipes. Le groupement employeur de la côte des havres par exemple se tourne vers les travailleurs partis récemment en retraite. « Il faut élargir nos critères, se tourner vers dautres publics », s’aperçoit Richard Jaunet, directeur du groupement.

Pour Aletheia Press, Eléonore Chombart