Evoluer plus rapidement pour surmonter la crise

Spécialiste du flaconnage à destination du secteur de la parfumerie de luxe, Pochet du Courval à Hodeng-au-Bosc, a lancé en octobre son nouveau four et entreprend sa mutation 4.0.

Si la production a été arrêtée durant trois semaines en mars, elle a repris dès le 6 avril, une fois les protocoles sanitaires calés. (© Pochet du Courval)
Si la production a été arrêtée durant trois semaines en mars, elle a repris dès le 6 avril, une fois les protocoles sanitaires calés. (© Pochet du Courval)

Fleuron de la vallée de la Bresle, l’industrie verrière n’a pas été épargnée par la crise sanitaire. Comme pour d’autres secteurs, elle mise sur l’investissement pour accélérer sa mutation et se projeter dans l’avenir. C’est en tout cas la stratégie déployée par Pochet du Courval à Guimerville (Hodeng-au-Bosc).Implantée depuis 400 ans au cœur de la Glass Valley etemployant près de 1 700 salariés, l’entrepriseproduit plus d’un million de flacons et pots par jour à destination du secteur du luxe, notamment de la parfumerie. Elle a investi plus de 7 millions d’euros en 2020.

Digitalisation et décarbonation

Pour ce faire, Pochet du Courval a bénéficié en septembre de 697 000 euros d’aide de la part de la Région Normandie ainsi que 800 000 euros dans le cadre du Plan France relance pour accompagner sa transformation digitale. « Ces financements sont destinés à améliorer la maîtrise de nos process et donc à améliorer notre compétitivité »,explique Xavier Gagey, directeur général du pôle Flaconnage au sein du groupe Pochet. Un passage vers l’industrie 4.0 rendu indispensable aussi par une concurrence notoire sur le marché européen. Italiens, allemands et Polonais… « Ce sont des concurrents sérieux qui ont su se renforcer et qui nous obligent à nous transformer de manière rapide », poursuit Xavier Gagey.

C’est cette nécessité d’évoluer et d’avancer qui a aussi conduit les actionnaires du groupe Pochet (une entreprise familiale) à maintenir l’investissement de 6 millions d’euros sur le nouveau four de l’usine de Hodeng-au-Bosc. Un four actif depuis octobre, qui consomme 20 % d’énergie en moins et réduit considérablement les émissions de gaz à effet de serre. Et surtout, un outil qui permet à l’entreprise d’affronter 2021, quelles que soient les circonstances de la reprise. « C’était une vraie décision d’avenir, se félicite Xavier Gagey. Une gestion à moyen-terme plutôt qu’à court-terme. »

Des efforts sur les coûts

Malgré ce positionnement proactif et le soutien de plusieurs de ses clients, Pochet du Courval ne sort pas indemne de cette année 2020. Avec au final en fin d’année une perte de 25 à 30 % du chiffre d’affaires en 2020. La consommation de parfums a chuté de près de 25 %, marquée par l’arrêt des voyages touristiques (un marché important pour la parfumerie, avec les zones de duty free notamment) et la fermeture des parfumeries. « Plusieurs de nos clients ont aussi repoussé d’un an le lancement de nombreux parfums, constate Xavier Gagey. Or, nous travaillons beaucoup à travers ces lancements. »Outre les aides de la collectivité et les investissements des actionnaires, le groupe a actionné tous les leviers possibles. L’entreprise a cherché à optimiser au maximum ses coûts de production. Les salariés ont aussi consenti des efforts particuliers avec un chômage partiel, et pour 2021 et 2022, des réductions de salaires ou des augmentations de temps de travail. « Nous avons travaillé à travers un dialogue social renforcé, pour signer un accord de performance collectif, et ce, afin d’éviter une plan social et préparer l’avenir. »

En parallèle, l’entreprise engage ausside nouvelles relations avec les clients. « Nos donneurs d’ordres, pour la plupart de grands noms du luxe, doivent comprendre que nous ne pouvons plus porter le stock seuls…, insiste Xavier Gagey. Ils doivent avoir conscience de l’importance de maintenir à long terme, les compétences sur le territoire…»