Hydrogène : la vallée de la Seine toujours aussi enthousiaste

L’accueil à Rouen des journée Hydrogène dans les Territoires, du 5 au 7 juillet a été l’occasion pour les élus locaux de rappeler l’intérêt du territoire pour cette filière, qui dit encore « passer à l'échelle ».

De g. à dr. : Hubert Dejean de la Batie, Nicolas Mayer-Rossignol et Philippe Bouchy, lors de l’ouverture des journées de l’hydrogène au parc des expositions de Rouen. (© Aletheia Press / B.Delabre)
De g. à dr. : Hubert Dejean de la Batie, Nicolas Mayer-Rossignol et Philippe Bouchy, lors de l’ouverture des journées de l’hydrogène au parc des expositions de Rouen. (© Aletheia Press / B.Delabre)

« Il ne faut pas que l’on ait peur d’être en avance sur le marché, car on ne peut pas se permettre d’être en retard. » Hubert Dejean de la Batie, vice-président de la région Normandie a rapidement donné le ton, en ouverture des journées Hydrogène dans les Territoires, qui se tenaient du 5 au 7 juillet à Rouen. Un événement que la métropole normande, et tout l’axe seine normand, souhaitait organiser depuis plusieurs années...

L’hydrogène apparaît, en effet, à tous comme une opportunité industrielle colossale. Nicolas Mayer-Rossignol, président de la Métropole Rouen Normandie : « Nous avons voulu faire d’une contrainte une opportunité en devenant les champions de la décarbonation. C’est un outil stratégique de création de valeur. Voilà pourquoi on met le paquet politiquement et financièrement. »

Ainsi, la région s’est positionnée dès 2016 sur cette filière, à travers le projet EAS-HyMob, avant d’adopter en 2018 son plan Normandie Hydrogène comme vecteur de croissance et de réindustrialisation. « Dans la vallée de la Seine on a tout ce qu’il faut : les infrastructures, les compétences, les accès logistiques, et le marché de consommation », plaide le vice-président de la Région. « Et nous constatons des développements en matière d’enseignement supérieur et de recherche qui s’intéresse de plus en plus à ces sujets », ajoute Nicolas Mayer-Rossignol.

Assurer l’approvisionnement en électricité

Reste désormais à dépasser l’expérimentation et les bonnes intentions et à passer à l’échelle. A l’étranger la mécanique est enclenchée. « Le passage à l’échelle est en route à l'international. On parle de projets de plusieurs Gigawatts ! » insiste le président de France Hydrogène. La France n’est pas en retard. Sa stratégie « solide » n’est pas passée inaperçue, et France Hydrogène a même développé une « Task Force » pour pousser les entreprises tricolores sur la scène internationale.

Echanges et rencontres entre les acteurs de la filière Hydrogène, au parc des expositions de Rouen. (© Aletheia Press / B.Delabre)

En ordre de marche, la filière Hydrogène attend donc des signaux forts. Autour de la ressource électrique notamment. Garantir l’approvisionnement à un coût, si ce n’est minime, du moins maîtrisé et régulier, est indispensable pour sécuriser la production d’hydrogène par électrolyse. D’ailleurs, le projet de renationalisation d’EDF pourrait aller dans ce sens... « Assurer la ressource en énergie primaire, cela suppose de disposer dans les meilleurs délais de l’énergie renouvelable nécessaire, et de donner ses chances au nucléaire », défend Philippe Bouchy, le président de France Hydrogène. Celui-ci précise aussi que si l’électrolyse est la technologie la plus en vue et aboutie, d’autres comme la thermolyse ou la plasmolyse sont à l’étude et doivent aussi être soutenues.

Développer les usages

Enfin, et cela relève de la Lapalissade : « il n’y aura pas de débouché s’il n’y a pas d’usage », insiste Philippe Bouchy. Favoriser le déploiement des réseaux, des infrastructures et de la flotte de véhicules est donc désormais indispensable. Les collectivités, on leur rôle à jouer là-dedans. Voilà en tout cas pourquoi la Métropole de Rouen accueillera prochainement 14 bus à hydrogènes, tandis que la Région elle, soutient le déploiement d’un car rétrofité par Transdev Normandie et Nomad Car hydrogène.

Reste désormais à franchir le dernier pas... L’autorisation par Bruxelles des gigafactories de composants et de production, en attente depuis plusieurs mois, pourrait être la fumée blanche attendue.

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre