Seine-Maritime : La CAPEB mobilisée et inquiète sur l'évolution des marchés

Forte d'effectifs en croissance, la CAPEB de Seine-Maritime a posé les jalons des combats à mener dans les mois qui viennent, lors de son assemblée générale à Rouen.

De g. à dr. : Frédéric Bérard (secrétaire général), Katia Dijon (SG adjointe), Paul-Henri Huvey et Jean-Christophe Repon. (© Aletheia Press / B.Delabre)
De g. à dr. : Frédéric Bérard (secrétaire général), Katia Dijon (SG adjointe), Paul-Henri Huvey et Jean-Christophe Repon. (© Aletheia Press / B.Delabre)

Les professionnels du bâtiment entrent dans une période de prudence... C'est ce qu'il ressort en tout cas de l'assemblée générale de la Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment de Seine-Maritime qui s'est tenue le 9 juin dernier à Rouen. « L'environnement économique pourrait bien conduire les chefs d'entreprise à la prudence en matière de recrutement notamment », a ainsi d'emblée souligné Paul-Henri Huvey, le président de la CAPEB 76 (et par ailleurs maçon à Maniquerville).

Il faut dire que le secteur a subi de plein fouet l'inflation post-Covid. « En 2022, on a enregistré 26 % de hausse, a rappelé Jean-Christophe Repon, le président de la CAPEB Nationale, invité d'honneur de cette assemblée générale. Et en 2023, cela a continué. Il semble que l'on amorce une baisse, même si on sait qu'on ne reviendra pas au niveau d'avant ».

« Être ensemble et nombreux »

La mobilisation est donc de rigueur au sein du syndicat patronal, qui porte ses revendications auprès des élus locaux (notamment les parlementaires), comme des responsables nationaux. Ils sont désormais 1 102 adhérents à la CAPEB de Seine-Maritime. Plus jeune CAPEB de France, le syndicat des artisans du bâtiment a vu son nombre d'adhérents progresser encore de 5,56 % lors du dernier exercice. Des adhérents qui reflètent bien le paysage professionnel avec 48 % d'adhérents non-employeurs et 47 % de gérants d'entreprise de moins de 10 salariés, et ce, pour l'intégralité des métiers du bâtiment.

« Il est important et essentiel d'être ensemble et nombreux pour porter nos messages, a plaidé Jean-Christophe Repon. Nous sommes acteurs de notre quotidien. Nous avons le droit d'exprimer nos mécontentements, mais à condition d'être force de proposition. » Parmi les principales revendications portées par la CAPEB et Jean-Christophe Repon : la TVA à 5,5 % pour les travaux de rénovation énergétique. « On sait que le gouvernement y est opposé. Mais nous avons le droit de continuer à penser que l'idée est bonne, et qu'elle est favorable au pouvoir d'achat des Français », a encore défendu l'ancien rugbyman international, gérant d'une entreprise d'électricité générale dans le Var. L'enjeu est d'autant plus important, que le marché du « neuf » est en berne, à l'inverse de celui de la rénovation notamment porté par les aides multiples à la rénovation énergétique.

Ne pas disqualifier les petites entreprises

La CAPEB attend aussi plus d'accompagnement dans les évolutions réglementaires. Le déploiement de l'écotaxe face au non-respect des standards de tri par exemple pose question. « En Seine-Maritime, on prévoit déjà un gros décalage entre la théorie et la réalité du terrain », s'est inquiété Paul-Henri Huvey. Car si la perception de l'écotaxe se met bien en place, les points de collecte des matériaux triés, eux, sont aux abonnés absents ou presque. « C'est le même problème pour la ZFE (zone à faible émission, ndlr) » a insisté le président de la CAPEB 76. Nous ne sommes pas contre nous équiper de véhicules moins polluants. Mais nous n'avons pas les véhicules adaptés à un prix acceptable pour répondre à cette demande. »

Un vrai problème, surtout pour les plus petites des entreprises du bâtiment, qui globalement demandent à ne pas être oubliées notamment par la prise en compte de leurs spécificités au moment de la création des réglementations et dans leurs applications. « Il faut faire très attention à ne pas disqualifier les petites et moyennes entreprises de ce marché du siècle qu'est la rénovation énergétique » a résumé Jean-Christophe Repon.

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre