Salon du Made in France

La Distillerie de la Seine donne à ses spiritueux un goût de terroir

Un pastis contenant de l’Angélique cultivée localement, gin à l’estragon et aux orties… Manuel Bouvier travaille des plantes locales dans sa distillerie installée au Havre pour produire des spiritueux au goût unique. Il était au salon Made in France pour présenter son travail.

Au Havre, Manuel Bouvier distille des spiritueux fortement liés à la Seine. (© Aletheia Press / B. Delabre)
Au Havre, Manuel Bouvier distille des spiritueux fortement liés à la Seine. (© Aletheia Press / B. Delabre)

La Seine est un fil conducteur dans la vie de Manuel Bouvier. Le jeune entrepreneur havrais qui a lancé, en 2021, la Distillerie de la Seine, est originaire du plateau de Langres où prend naissance le fleuve. « J’ai grandi dans la ferme familiale qui élève trois races de bovins et possède quelques vignes et des arbres fruitiers dans les prés et les vergers », retrace Manuel Bouvier. C’est avec son grand-père et son père qu’il apprend l’art de la distillation, une tradition familiale qui remonte aux années 1900. « Nous faisons de l’eau-de-vie pour notre usage personnel avec les fruits qui ne sont pas consommés. Pour cela, nous utilisons l’alambic communal. »

Le long du fleuve

C’est alors tout naturellement que son projet de distillerie prend forme en 2019, alors que l’avenir de l’exploitation familiale commence à se poser. « La Seine est un terrain de jeu sympathique et vaste que j’ai voulu associer à la valorisation des produits de la ferme et de la Normandie où je me suis installé. C’est un trait d’union entre ces deux lieux », poursuit l’entrepreneur.

Pour produire une gamme de spiritueux composés d’ingrédients locaux, Manuel Bouvier se forme notamment au Centre International des Spiritueux (CIDS) à Cognac. Il part également à la recherche d’un local, une étape qui demandera six mois avant de trouver un bâtiment qui réponde à toutes les exigences de sécurité. C’est dans le hangar 103, rue Buffon au Havre, ville dans laquelle il habite, qu’il installe son alambic aroma Müller, fabriqué sur mesure en Allemagne. « C’est une chauffe électrique au bain-marie nous permettant de travailler tous les alcools. C’est un modèle hybride qui permet de fonctionner en mode traditionnel, avec deux distillations, ou avec une colonne débrayable », précise-t-il.

Angélique, estragon et forêt de Saint-Germain-en-Laye

C’est ainsi que démarre la production, avec un Pastis et une vodka médaillée d’argent au concours mondial de Bruxelles en 2021. La gamme s’étoffe progressivement, avec la particularité d’avoir un fort un ancrage dans le terroir. « J’utilise l’eau de source qui coule sur la ferme familiale, explique le distillateur, Pour notre gin, nous utilisons des orties et de l’estragon cultivés le long de la Seine, cela lui donne un goût très vert alors que nos confrères travaillent des agrumes et des poivres ». Dans la recette du Pastis, on retrouve de l’Angélique cultivée localement. Quant au pur malt, ce jeune whisky séjourne dans des tonneaux fabriqués à partir de bois issus de la forêt de Saint-Germain-en-Laye.

La Distillerie de la Seine se visite. Une occasion de goûter les spiritueux de la maison et découvrir leurs secrets de fabrication. (© Aletheia Press / B. Delabre)

Mais l’entrepreneur, épaulé principalement sur le volet commercial par son collaborateur Anthony Claes et deux alternants, n’entend pas en rester là. « Nous allons sortir un gin éphémère, avec les mirabelles de la ferme récoltées l’année dernière, révèle Manuel Bouvier. Nous proposons également depuis peu un Loupé amer, type picon-apérol ». Une boisson fabriquée à partir d’invendus ou loupés de brasseries.

Le MIF comme tremplin

Pour se faire connaître, Manuel Bouvier était au salon parisien Made In France en novembre, l’occasion de rencontrer les consommateurs ainsi que les professionnels pour, notamment, trouver des distributeurs. « Aujourd’hui, nous vendons en direct et via des agents commerciaux. Nos alcools se trouvent chez des cavistes, des épiceries fines, des bars et restaurants, et des discothèques. Nous commençons doucement à être exportés au Mexique et au Japon, sourit Manuel Bouvier. Notre emplacement au Havre nous permet d’être compétitifs à l’exportation ». De quoi voir l’avenir en grand !

Pour Aletheia Press, Lætitia Brémont