La Vallée de Seine au cœur du projet Hydrogène français

Le 8 mars, Bruno Le maire, ministre de l'Économie est venu à Port-Jérôme-sur-Seine pour officialiser le soutien de l'Etat au projet d'électrolyseur industriel porté par Air Liquide. Ce sera le plus gros au monde.

Bruno le Maire, ministre de l'Economie : « Si nous voulons demain être indépendant sur la production d'hydrogène, c'est maintenant qu'il faut investir ». (© Aletheia Press / B.Delabre)
Bruno le Maire, ministre de l'Economie : « Si nous voulons demain être indépendant sur la production d'hydrogène, c'est maintenant qu'il faut investir ». (© Aletheia Press / B.Delabre)

On le sait, la vallée de la Seine a toujours été pressentie comme un lieu important du développement de la production d'hydrogène en France. Bruno le Maire, ministre de l'Économie est venu en personne le confirmer, ce mardi 8 mars à Port-Jérôme-sur-Seine. « Je suis très heureux de vous annoncer que la France a déposé 15 projets de production d'hydrogène auprès de la Commission européenne dans le cadre du PIIEC hydrogène, le projet important d'intérêt européen commun », a-t-il déclaré à la presse. « 15 projets financés à hauteur de plus d'1,7 milliards dans le cadre de ce PIIEC qui vont nous permettre d'avoir partout en France des pôles de production d'hydrogène décarboné de standard mondial. »

Parmi eux, celui d'Air Liquide qui lance la réalisation de son électrolyseur de 200 MW, baptisé Air Liquide Normand'Hy. Un projet de 250 M€ qui pourrait bénéficier de 190 M€ de soutien de la part de l'Etat, si toutefois le dossier est validé par Bruxelles. « L'hydrogène n'est pas rentable tout de suite, a concédé Bruno Le Maire. Mais si nous voulons demain être indépendant sur la production d'hydrogène, c'est maintenant qu'il faut investir. »

Bruno Le Maire, aux côtés de Virginie Lutrot-Avril (Caux Seine Agglo) et de Benoît Potier (Air Liquide), lors de la visite du site de production d'hydrogène « bleu ». (© Aletheia Press / B.Delabre)

Un projet porté par un écosystème industriel

L'outil, qui sera l'un des premiers de cette taille en exploitation dans le monde, utilisera la technologie à membrane par échange de protons. Il sera construit dans le cadre d'un partenariat signé ce même 8 mars entre Siemens Energy, détenteur de cette technologie, et Air liquide. Pour fonctionner, l'électrolyseur aura bien évidemment besoin d'électricité. Elle sera au maximum d'origine renouvelable, afin de rester dans la logique de décarbonation de l'industrie. Un protocole d'accord est sur la table entre Air Liquide et Total Energies pour l'alimentation de l'outil.

L'électrolyseur viendra alimenter le réseau hydrogène, qui circule déjà sous le sol de Port-Jérôme-sur-Seine et qui permet d'alimenter notamment les raffineries (Exxon et Total), qui l'utilisent pour désulfuriser l'essence. Pour l'instant, le réseau est alimenté en hydrogène « gris » ou « bleu ». Le 1er est produit à partir de gaz naturel, le second est l'hydrogène gris décarboné grâce à la technologie Cryocap d'Air Liquide qui capture le CO2 (ensuite revendu par exemple à un célèbre fabricant de sodas pour gazéifier ses boissons). À compter de 2025, ce réseau absorbera aussi l'hydrogène « vert », produit par le nouvel électrolyseur. « Nous avons signé un protocole d'accord avec Total pour l'utilisation d'hydrogène renouvelable dans sa raffinerie de Gonfreville, qui est reliée au réseau », précise Benoît Potier, le PDG d'Air Liquide.

Le lancement symbolique du projet d'électrolyseur. (© Aletheia Press / B.Delabre)

La décarbonation en ligne de mire

Ainsi, cet électrolyseur participe au grand plan de décarbonation de l'industrie en Normandie et sur l'axe Seine. « En rendant possible l'accès à de l'hydrogène bas carbone à de grands industriels, précise Benoît Potier, mais aussi en contribuant au développement d'une mobilité lourde bas carbone. » Un projet porté lancé en juillet dernier via un protocole d'accord entre Air Liquide, Boréalis, Esso SAF, TotalEnergies et Yara International, prévoit aussi le déploiement d'un réseau de captage et de stockage du dioxyde de carbone en Normandie. Objectif : réduire jusqu'à 3 millions de tonnes les émissions annuelles de CO2 d'ici 2030.

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre

Indépendance énergétique

Avec la réouverture du conflit Russo-Ukrainien et ses conséquences sur les approvisionnements en hydrocarbures de l'Union européenne, le lancement du projet Air Liquide Normand'Hy et le programme européen autour de l'hydrogène prennent bien évidemment une résonance nouvelle. « La France a la capacité de jouer dans la cour des grands et d'occuper les premiers rôles dans cette transition énergétique », a insisté le ministre de l'Economie. Un budget de 7 milliards d'euros a été débloqué sur ce seul sujet de l’hydrogène. « Avec un objectif stratégique et un seul : l’indépendance, a martelé Bruno Le Maire.