Le whisky cauchois Auguste Ricouard bientôt commercialisé

À Fontenay, près de Montivilliers, Paul Ricouard prépare depuis trois ans sa première cuvée de whisky. Elle sortira bientôt des fûts et l’aventure de cet agriculteur pourra vraiment débuter.

Paul Ricouard a, non sans un pincement au coeur, revendu une partie de son exploitation agricole pour se consacrer à la production et à la commercialisation de son whisky. (© Aletheia Press / B.Delabre)
Paul Ricouard a, non sans un pincement au coeur, revendu une partie de son exploitation agricole pour se consacrer à la production et à la commercialisation de son whisky. (© Aletheia Press / B.Delabre)

Il était agriculteur… le voilà artisan. Paul Ricouard s’est lancé en 2019 dans la production de whisky. Devenu agriculteur en 2013, suite au départ à la retraite de son père, Paul Ricouard a rapidement souhaité faire évoluer son métier. Par ses pratiques d’abord, en convertissant, peu à peu son exploitation de polyculture à l’agriculture biologique. Une évolution qui l’a amené à allonger et à diversifier ses rotations, mais aussi à chercher à compenser ses pertes de rendement, par l’augmentation de la valeur ajoutée. « C’est là que j’ai envisagé de transformer l’orge que je produisais en whisky » raconte l’entrepreneur. Rien d’une mince affaire.

120 000 euros d’investissements

Plus que de l’orge, il faut surtout du temps pour produire du whisky. Et de l’argent. Paul Ricouard prend alors des décisions radicales : « j’ai revendu une grosse partie de l’exploitation agricole à mon frère, pour me consacrer au whisky et garder aussi du temps pour ma famille. » L’investissement est conséquent. 120 000 € déjà, principalement engagés dans deux petits alambics achetés d’occasion au Portugal pour un total de 45 000 €.

Des fûts de chêne sont aussi achetés. « Je les prends dans une très bonne tonnellerie normande à St Désir dans le Calvados », explique Paul Ricouard, qui cherche aussi différentes origines de tonneaux pour tester les parfums qu’ils confèrent à son whisky. Pour l’orge, pour le moment, le brasseur préfère se fournir directement en malt chez le géant Soufflet. Un moyen de sécuriser ses approvisionnements, et d’assurer une qualité constante de la matière première.

La précieuse eau de vie à la sortie de l’alambic… Elle devra passer 3 ans en fût de chêne avant de devenir whisky. (© Aletheia Press / B.Delabre)

Une commercialisation pour 2023

Les premières gouttes d’alcool sortent de l’alambic dès 2019. « J’ai sorti 3 petits fûts d’essais, que je ne mettrai pas en vente, compte Paul Ricouard. Puis 21 fûts qui pourront être commercialisés en 2023. Cela représente environ 400 bouteilles, qui sont pour ainsi dire déjà vendues… » Ensuite, le jeune entrepreneur compte bien se développer. Il aménage actuellement un nouveau bâtiment de production qui jouxte l’ancienne étable qu’il occupait jusqu’ici. Il l’espère opérationnel d’ici le printemps.

À partir de là il se consacrera de plus en plus à la commercialisation de ses produits, qui vont, peu à peu pouvoir être mis en bouteille. Une embauche, est espérée pour le printemps 2024, afin de concilier pleinement les impératifs de temps à consacrer à la commercialisation et à la production.

Sa cible : le B to B

Alors que son arrière-grand-père vendait son lait frais, plutôt aux particuliers, Paul, lui, cible prioritairement le marché B to B, à travers les caves, les magasins de producteurs et les épiceries fines. « Il y a une vraie demande. Je suis d’ailleurs déjà sollicité par des clubs de dégustation, des cavistes, qui cherchent des produits nouveaux. Nous ne sommes que 5 ou 6 producteurs de whisky en Normandie » souligne-t-il. Une vraie différence par exemple, avec le marché de la bière artisanale qui a vu le nombre de brasseries exploser ces 10 dernières années. Un marché, sur lequel compte bien se calquer celui du whisky artisanal.

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre