Les Français achètent toujours plus de maisons à la campagne

La forte augmentation des achats de maisons de campagne confirme l'engouement des Français pour un nouveau mode de vie. Au détriment des activités agricoles ? Les Safer présentaient les chiffres du marché au premier semestre 2021, au Salon international de l'agriculture.

Emmanuel Hyest, président de la FNSafer.
Emmanuel Hyest, président de la FNSafer.

L'engouement des Français pour la campagne ne fait que croître. Le 3 mars, dans le cadre du Salon de l'agriculture, à Paris, les Safer, Sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural, présentaient les chiffres de « l'évolution des marchés fonciers en 2020 et les premières tendances pour 2021 ». Les données portent principalement sur les marchés des terres et prés, des vignes, des forêts, des maisons de campagne, et du segment dit de « l'urbanisation », ces terres pour lesquelles a été obtenue une autorisation de changement de destination.

Au global, pour les six premiers mois de 2021, sur l'ensemble des segments, « le marché redémarre fort », constate Loïc Jégouzo, adjoint du responsable du service Études, veille et prospective. Sur cette période, le nombre de transactions a crû de 29% (en prenant pour référence 2017-2019). L'année précédente, en 2020, le marché avait connu une « contraction mesurée, mais avec des contrastes forts » selon les différents segments, rappelle Loïc Jégouzo. Le nombre de transactions avait diminué de 3% pour atteindre 325 000. Mais les évolutions étaient très diverses : -8,5 % pour les terres et prés ; + 6,6% pour les maisons à la campagne. Porté par une tendance sociétale forte, ce dernier segment avait connu une évolution spécifique et particulièrement remarquable, avec 111 930 transactions enregistrées. Et ses autres indicateurs étaient aussi à la hausse, dont sa valeur globale, 23,5 milliards d’euros (+ 12,1 %) et le prix (+ 6,4 %). Prolongeant cette tendance, au premier semestre 2021, « c'est le marché des maisons à la campagne qui soutient la tendance », analyse Loïc Jégouzo. Durant cette période (comparé au premier semestre 2017-2019) , tous les indicateurs désignent une croissance impressionnante : le nombre d'achats de maisons de campagne a progressé de 53%, la surface concernée, de 55%, et la valeur, de 82%.

Après la maison dans la campagne, la maison dans la forêt ?

Même si elle est positive en 2021, l'évolution des autres segments de marché est loin d'atteindre les records que connaissent les maisons de campagne. Par exemple, le marché des terres et prés a crû de 16 % en nombre de transactions, au premier semestre 2021, une hausse qui compense la baisse de l’année précédente. Les transactions avaient diminué de 8,5% pour atteindre le seuil des 86 820, succédant à cinq années de hausses liées à des départs à la retraite d'agriculteurs.

Le marché des vignes, lui, a connu une hausse de 4% de ses transactions sur les six premiers mois de 2021, après une année très difficile. En 2020, celles-ci avaient diminué de 10,9%, tous les bassins de production étant concernés.

Quant au marché des forêts, il affiche, début 2021, une « reprise assez franche », commente Loïc Jégouzo. Les transactions ont augmenté de 21%, après une baisse de 9% en 2020, où elles avaient atteint 18 460. Mais au delà de l'augmentation du nombre de transactions, en 2021, la Safer constate aussi une autre évolution : l'augmentation de la valeur des forêts vendues. Ce phénomène correspond en fait à une concentration des achats sur celles qui comportent du bâti, et comme telles, peuvent servir de résidence. En nourrissant une hausse des prix, « cette tendance peut contribuer à soustraire des terres aux forestiers », pointe Emmanuel Hyest, président de la FNSafer.

Par ailleurs, « il reste une tentation forte d'urbaniser sur les terres agricoles. En dépit des lois, il faut rester vigilants, la protection des terres agricoles reste une priorité », poursuit-il. En effet, après avoir diminué de 9,5% en 2020, le marché de l'urbanisation a redémarré au premier semestre 2021, avec une croissance de 16%. Une partie de celle-ci est nourrie par des projets de particuliers et de promoteurs immobiliers.