Les jeunes vont bouleverser le marché immobilier

Les jeunes désirent fuir les métropoles... En matière d'immobilier, les aspirations des nouvelles générations semblent confirmer les tendances récentes observées sur ce marché, d'après une étude de la Fnaim. Laquelle met en garde contre les freins possibles à sa croissance actuelle.

Photo d'illustration Adobe Stock
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Une génération déconcertante. Le 12 janvier, lors d'une conférence de presse, la Fnaim, Fédération nationale de l'immobilier, présentait les résultats d'une enquête sur « Les jeunes d'aujourd'hui » réalisée par l'Ifop, en novembre dernier. Objectif : sonder les aspirations et les pratiques des 18 à 30 ans, en matière d'immobilier. Tout d'abord, 43% d'entre eux sont logés gratuitement (souvent chez leurs parents), 43% sont locataires, les autres, propriétaires. Dans l'ensemble, la moitié d'entre eux vivent en appartement. Quant à la colocation (4%), il s'agit d'un « épiphénomène » souvent subi, pointe Jean-Marc Torrollion, président de la Fnaim. Les critères sur la base desquels cette population a choisi son lieu de vie s'avèrent pragmatiques. En tête, figurent la proximité des études ou du travail, le rapport qualité-prix ou un loyer bon marché. En revanche, leurs désirs s'avèrent « surprenants », remarque Jean-Marc Torrollion. En tête, la sécurité représente un critère « important » pour 96% des jeunes. Viennent ensuite, la proximité avec la nature, un cadre de vie apaisant (91%), puis une proximité avec des équipements, services publics et culturels (87%).

Dans le même sens, les métropoles n'ont pas la cote. La plupart des jeunes préfèrent des lieux de vie peu denses : 44% d'entre eux souhaitent habiter dans une zone péri-urbaine, 28% dans une commune rurale, et seulement 28 %en milieu urbain. Et en matière d'habitat, « 71% d'entre eux veulent une maison individuelle », ajoute Jean-Marc Torrollion. Pour près de la moitié des jeunes, ce type d'habitat peut se révéler aussi écologique qu'un appartement. Autre constat, huit jeunes sur 10 souhaitent devenir propriétaires, et ils sont environ un sur trois à envisager un investissement locatif. Tels sont les désirs et aspirations d'une génération qui a tendance à se considérer comme une génération « sacrifiée », jugeant sa situation, notamment sur le plan immobilier, moins favorable que celle de ses aînés. Une impression aussi liée à la crise sanitaire : huit jeunes sur 10 considèrent qu'elle va les pénaliser en matière d'économie et d'emploi...

Un faisceau d'incertitudes et de préoccupations

Autre sujet évoqué par la Fnaim : la forte croissance du marché immobilier constatée en 2021, avec 1,2 million de transactions attendues, va-t-elle se poursuivre ? Jean-Marc Torrollion pointe plusieurs dynamiques susceptibles de remettre en cause la tendance actuelle. Dont l'inflation. « Notre crainte est d'avoir demain moins de vendeurs, car l'inflation peut engendrer un réflexe qui consiste à préférer conserver son bien immobilier ». Déjà, la Fnaim a constaté une baisse du nombre d'annonces de vente, y compris à Paris. Autre « sujet d'inquiétude fort », une possible évolution des taux d'intérêt, actuellement historiquement bas (1,08% fin octobre2021). Ces derniers sont « déterminants » pour le pouvoir d'achat immobilier des Français dans un contexte d'augmentation des prix, rappelle Jean-Marc Torrollion. Or, « les commentaires qui ne sont pas favorables à leur maintien se multiplient. On parle de surchauffe mondiale, de hausse des taux d'intérêts pour lutter contre l'inflation », relate-t-il. Toutefois, il reste difficile de prédire les effets d'une telle évolution. D'après la Fnaim, entre 2000 et 2007, la hausse des taux d'intérêt n'avait pas freiné l'embellie du marché. Ce dernier, il est vrai, était alors caractérisé par un fort pouvoir d'achat immobilier.

Autre sujet encore d'incertitude : 2022 est aussi marquée par la tenue de l'élection présidentielle. « Il s'agit souvent d'un moment de ralentissement pour le marché immobilier. Toutefois, cette fois-ci, il n'y a pas d'enjeu fort idéologique, comme cela avait été le cas en 1981, par exemple », analyse Jean-Marc Torrollion. Mais un autre sujet encore inquiète la Fédération de l’immobilier : l'impact de la politique publique en matière de rénovation énergétique. Pour son président, « on mesure mal son impact sur les prix et sur l'attitude des acquéreurs et des vendeurs ». Celle-ci va-t-elle se traduire par un désinvestissement ? Quelle va être la sanction économique, pour les biens classés G ?... A ces préoccupations, qui concernent directement les dynamiques propres au marché immobilier, s'en ajoute une autre, d'ordre général : l'embellie économique actuelle est-elle durable ? Et comment va-t-elle impacter le marché immobilier ? A ce sujet, « notre sentiment est que le premier trimestre 2022 est encore bien orienté », répond Jean-Marc Torrollion. En particulier, note-t-il, les Français puisent dans leur épargne pour investir dans l'immobilier, « un actif qui est valorisé comme une valeur refuge ».